Bordeaux : Un imam antisémite interpellé en vue de son expulsion
Les autorités l'accusent entre autres "de publications à teneur antisémite et haineuse à l'encontre d'Israël et des Juifs"
Le président de la mosquée de Pessac (sud-est de la France), de nationalité nigérienne, a été interpellé jeudi matin dans le cadre d’une procédure d’expulsion, quelques jours après une décision de justice ouvrant pourtant la voie à sa régularisation, a-t-on appris auprès de son avocat.
Abdourahmane Ridouane, qui dirige la mosquée Al Farouk de Pessac, située en banlieue de Bordeaux et considérée comme « d »obédience salafiste » par les autorités, a été interpellé chez lui vers 06h30 jeudi, a indiqué à l’AFP son avocat Me Sefen Guez Guez.
Le passeport nigérien du quinquagénaire n’a pas été retrouvé par les policiers qui ont perquisitionné le domicile de l’imam ainsi que la mosquée, a ajouté son avocat.
L’opération a eu lieu dans le cadre d’un arrêté ministériel d’expulsion publié lundi, a confirmé une source proche du dossier.
Selon l’arrêté consulté par l’AFP, le ministère de l’Intérieur reproche à Ridouane, déjà sous le coup d’une assignation à résidence durant la période des Jeux olympiques, la diffusion sur les réseaux sociaux « d’une idéologie hostile aux valeurs et institutions de la République française ».
Les autorités l’accusent également « de publications à teneur antisémite et haineuse à l’encontre d’Israël et des Juifs », en relayant notamment, quatre jours après le pogrom perpétré par le Hamas le 7 octobre en Israël, un dessin de presse présentant le groupe terroriste palestinien comme un mouvement « d’autodéfense » et « dédouanant cette organisation de la dimension terroriste de son action ».
La semaine dernière, le tribunal administratif de Bordeaux avait ordonné aux autorités de « réexaminer » la demande de renouvellement de titre de séjour de Ridouane, restée sans réponse, et de lui délivrer un « récépissé » provisoire l’autorisant à travailler en France, selon la décision consultée par l’AFP.
En juin, une commission d’expulsion du tribunal judiciaire avait, de son côté, donné un avis consultatif défavorable concernant sa possible reconduite à la frontière.
Pour Me Guez Guez, cette « nouvelle procédure s’assoit sur l’avis du tribunal judiciaire et la décision du tribunal administratif de Bordeaux ».
« L’État s’organise pour que l’opération soit menée à un rythme tellement rapide que le tribunal ne peut pas intervenir, c’est scandaleux », a ajouté l’avocat, qui compte déposer un recours « en urgence ».
En 2022, des publications sur les réseaux sociaux avaient déjà conduit à une fermeture administrative de la mosquée de Pessac, finalement annulée par le tribunal administratif de Bordeaux puis le Conseil d’État, juge administratif suprême en France.