Ce n’est pas la première fois que Washington abandonne Israël à l’ONU
En tout, il s'agit de sept présidents américains qui ont permis à des mesures similaires à celle de vendredi soir de passer - et ce, même durant la Seconde Intifada
Eric Cortellessa couvre la politique américaine pour le Times of Israël
Jusqu’à vendredi soir, Barack Obama n’avait pas autorisé l’adoption d’une seule résolution du Conseil de sécurité critiquant Israël tout au long de ses deux mandats à la présidence des États-Unis et avait mis en place une politique délibérée de blocage de telles résolutions.
« Le Premier ministre (Benjamin) Netanyahu avait la possibilité de conduire des politiques qui auraient engendré un autre résultat », a déclaré Ben Rhodes, un proche conseiller de Barack Obama.
« Le fait que cela arrive à la fin de nos huit ans de mandat montre que ce n’était pas l’évolution que nous préférions », a-t-il poursuivi. « Si c’était ce résultat que nous cherchions, nous l’aurions obtenu depuis longtemps ».
En revanche, beaucoup de ses prédécesseurs ont permis à des mesures similaires de passer.
Les anciens présidents Lyndon Johnson, Richard Nixon et Gerald Ford ont tous permis à l’Assemblée générale des Nations unies et/ou au Conseil de sécurité d’adopter des résolutions critiquant l’État juif; Ronald Reagan aurait vu 21 mesures par le biais de l’organisme international, tandis que George H.W. Bush a autorisé neuf, Bill Clinton trois et George W. Bush, six.
En novembre 1981, par exemple, l’administration Reagan a voté en faveur d’une résolution de l’Assemblée générale condamnant les frappes aériennes d’Israël sur un réacteur nucléaire irakien, qui faisait partie d’une campagne visant à empêcher l’Irak de réaliser ses aspirations nucléaires. Cette mesure demandait également au Conseil de sécurité « d’enquêter sur les activités nucléaires d’Israël » et de soumettre les sites nucléaires de l’État juif à un contrôle international.
En mai 2004, l’administration Bush s’est abstenue de voter un projet de résolution au Conseil de sécurité condamnant Israël pour la démolition de maisons palestiniennes à Gaza en plein milieu de la Seconde Intifada.
En utilisant un langage qui a souvent été adopté dans des résolutions visant Israël au fil des ans, la mesure énonce « l’obligation d’Israël, la puissance occupante, de respecter scrupuleusement ses obligations et responsabilités légales dans le cadre de la quatrième Convention de Genève »,
Au cours des huit dernières années, Obama a cependant protégé Israël contre les résolutions « unilatérales » aux Nations unies.
Sous la présidence d’Obama, les Etats-Unis ont utilisé en 2011 leur pouvoir de veto pour bloquer une mesure similaire à celle adoptée vendredi soir.
Lors de son discours de septembre à l’Assemblée générale des Nations unies, le président avait déclaré : « La paix est un travail difficile. La paix ne viendra pas par des déclarations et des résolutions aux Nations Unies – si c’était aussi facile, elle aurait été accomplie depuis. »
Alors que le vote approchait vendredi, un certain nombre de démocrates de haut niveau ont publié des déclarations publiques exhortant Obama à apposer son veto à la résolution.

Le sénateur new-yorkais Chuck Schumer, l’un des plus éminents membres juifs du Congrès et le nouveau leader de la minorité sénatoriale, a déclaré qu’il avait « parlé directement à l’administration à plusieurs reprises » et « dans les termes les plus forts possibles ». Schumer a décrit une décision « extrêmement frustrante, décevante et déconcertante ».
Pendant ce temps, les républicains du Congrès exprimaient leur propre indignation.
Le sénateur de Caroline du Sud, Lindsey Graham, a menacé de « former une coalition bipartisane pour suspendre ou réduire considérablement l’aide des États-Unis aux Nations Unies » si l’organisme international venait à adopter la résolution.
Affaire à suivre.