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Centième jour de grève de la faim pour un prisonnier sécuritaire palestinien

Le Shin Bet avait placé en détention administrative Maher al-Akhras qui était soupçonné d'appartenir au Jihad islamique, fin juillet - le prisonnier clame son innocence

Maher al-Akhras, un prisonnier sécuritaire de 49 ans, fait une grève de la faim à l'hôpital Kaplan de Rehovot, le 8 octobre 2020. (Crédit : Aaron Boxerman/Times of Israel)
Maher al-Akhras, un prisonnier sécuritaire de 49 ans, fait une grève de la faim à l'hôpital Kaplan de Rehovot, le 8 octobre 2020. (Crédit : Aaron Boxerman/Times of Israel)

Mardi fut le centième jour consécutif de grève de la faim du prisonnier sécuritaire palestinien Maher al-Akhras, une grève entamée pour protester contre sa mise en détention administrative par les autorités israéliennes, qui l’accusent d’être impliqué dans un groupe terroriste.

Depuis plus d’un mois, son avocat et les organisations des droits de l’Homme qui s’occupent de son dossier avertissent qu’al-Akhras pourrait connaître des problèmes de santé graves si sa grève de la faim devait encore durer.

« Il court un danger de mort immédiat. Les gens qui commencent des grèves de la faim et qui ne boivent rien d’autre que de l’eau pendant des journées entières commencent à mourir aux alentours du 75e jour », a averti Anat Litvin, spécialisée dans les droits des prisonniers au sein de l’organisation israélienne Médecins pour les droits de l’Homme.

La Commission des prisonniers palestiniens a émis dimanche un communiqué disant que la santé d’al-Akhras s’était considérablement détériorée au cours des derniers jours, qu’il commençait à perdre la vue et l’ouïe suite aux dégâts infligés par son jeûne volontaire.

Al-Akhras, propriétaire d’une exploitation laitière originaire de Silat al-Daher, aux abords de Jénine, et âgé de 49 ans, avait été arrêté à plusieurs reprises pour son implication présumée au sein du Jihad islamique, selon le Shin Bet. Il avait été appréhendé pour la cinquième fois au mois de juillet.

Rapidement après son arrestation, al-Akhras avait commencé une grève de la faim pour protester contre sa mise en détention, sans autre forme de procès, par les autorités israéliennes. Après une dégradation de son état de santé, il avait été transféré de la prison d’Ofer au centre médical Kaplan de Rehovot.

Selon les services de sécurité du Shin Bet, qui sont responsables de la lutte antiterroriste en Cisjordanie, al-Akhras serait impliqué dans le Jihad islamique, groupe terroriste palestinien qui cherche ouvertement à détruire Israël. L’organisation a commis de nombreux attentats terroristes contre des Israéliens depuis sa fondation en 1981.

Al-Akhras avait reconnu à deux reprises appartenir à un groupe interdit dans le cadre d’arrangements conclus avec la justice, selon des documents émis par une cour martiale, qui avaient été obtenus par le Times of Israel. Ces documents avaient aussi établi qu’il avait pris part à des défilés du Jihad islamique, qu’il était illégalement en possession d’armes et qu’il avait publié des contenus extrémistes sur les réseaux sociaux.

Le Shin Bet maintient que l’homme est un « important activiste du Jihad islamique ». Mais al-Akhras nie appartenir à l’organisation et affirme n’être impliqué dans aucune « activité de type sécuritaire ».

Al-Akhras est emprisonné sous les dispositions d’une procédure controversée appelée détention administrative, qui permet aux personnes soupçonnées de terrorisme d’être placée en détention pour une durée indéterminée, sans procès, pour des périodes renouvelables de six mois. Si les détenus peuvent déposer un appel contre leur incarcération devant la Haute-cour de justice et devant des juridictions inférieures, les suspects ne font pas l’objet d’une inculpation officielle, ils ne sont pas traduits devant les tribunaux et ils n’ont pas accès aux preuves qui ont été retenues à leur encontre.

Des Palestiniens protestent en solidarité avec le prisonnier palestinien Maher Al-Akhras, qui fait une grève de la faim dans une prison israélienne, à Rafah dans le sud de la bande de Gaza, le 10 octobre 2020. (Abed Rahim Khatib/Flash90)

La détention administrative est illégale d’après la loi internationale mais elle est très utilisée, au sein de l’Etat juif, contre des Palestiniens et contre également certains juifs Israéliens – avec des incarcérations qui ont parfois duré des années. Les responsables israéliens de la sécurité affirment que cette mesure est un outil nécessaire pour combattre les activités terroristes.

Environ 387 Palestiniens sont actuellement placés en détention administrative, selon le groupe de défense des droits de l’Homme HaMoked.

L’envoyé spécial des Nations unies, Nickolay Mladenov, a expliqué au conseil de Sécurité de l’ONU, mardi dernier, qu’il était « profondément préoccupé » par l’état de santé d’al-Akhras. Mladenov a également répété l’opposition de longue haleine de la communauté internationale à l’usage, par Israël, de la détention administrative.

« Toutes les personnes incarcérées dans le cadre d’une détention administrative doivent être rapidement mises en examen et jugées devant un tribunal ou elles doivent être libérées sans délai », a continué Mladenov.

Les prisonniers sécuritaires palestiniens utilisent souvent la grève de la faim comme une forme de protestation, comme cela avait été le cas d’une telle grève entamée dans un établissement pénitentiaire tout entier sous l’impulsion du terroriste condamné Marwan Barghouti, en 2017. Il est toutefois inhabituel qu’elles durent aussi longtemps que celle d’al-Akhras. La dernière grève de la faim d’une telle durée remonte à 2019 quand Ahmad Ghannam, un prisonnier de Doura, avait refusé de s’alimenter pendant 102 jours, jusqu’à ce que l’Etat juif accepte de ne pas renouveler sa détention administrative.

« La grève de la faim d’Al-Akhras est différente de celles connues depuis longtemps. Il refuse les vitamines, le sel et toutes sortes de traitements médicaux. C’est la grève de la faim la plus longue en son genre dont j’ai connaissance. On a vu 80 jours, on a même parfois vu cent jours mais pas comme ça », a commenté Oussama Saadi, député de la Liste arabe unie, qui supervise le portefeuille des droits des prisonniers au sein du bloc parlementaire majoritairement arabe.

Maher al-Akhras avant son arrestation en 2020. (Capture d’écran : Roya News)

Les autorités israéliennes ont d’ores et déjà fait savoir qu’elles n’avaient pas l’intention de renouveler la détention administrative d’al-Akhras, qui s’achèvera le 27 novembre. Mais ce dernier a refusé de mettre un terme à sa grève de la faim, faute de libération immédiate.

Sa défense a fait appel à plusieurs reprises devant la Haute-cour, réclamant une intervention judiciaire. Mais la Cour suprême a refusé de se prononcer, soulignant que les preuves de l’implication d’al-Akhras au sein du Jihad islamique, révélées aux juges à huis-clos, étaient suffisamment substantielles pour justifier son placement en détention continu.

Saadi, pour sa part, a blâmé ce qu’il a qualifié « d’intransigeance sans précédent de l’Etat » dans son refus de libérer al-Akhras, disant que les autres prisonniers ayant entamé une grève de la faim avaient conclu des accords avec les autorités israéliennes pour garantir leur libération.

Les partis de la Liste arabe unie ont organisé plusieurs mouvements de protestation devant l’hôpital Kaplan, réclamant la libération du prisonnier. Le seul député juif de la faction Ofer Cassif a lui-même brièvement cessé de s’alimenter lorsque le prisonnier a été privé de ses droits de visite de la part de sa famille, il y a deux semaines.

Les brigades al-Quds du Jihad islamique ont commis de nombreux attentats terroristes contre des civils israéliens et ont menacé Israël de représailles si al-Akhras devait mourir des suites de sa grève de la faim.

Le Premier ministre de l’Autorité palestinienne (AP), Mohammad Shtayyeh, et l’ex-chef politique du groupe terroriste palestinien du Hamas, Khaled Meshaal, ont réclamé la libération immédiate du prisonnier.

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