Chikli et Abu Shehadeh contesteront les disqualifications électorales
Chikli, candidat potentiel du Likud, accuse la commission électoral de falsifier les résultats des élections ; le chef de Balad a affirmé que son parti se présentera coûte que coûte
Le député rebelle Amichai Chikli s’est adressé à la Haute Cour vendredi pour faire annuler la décision de la commission centrale électorale de le disqualifier de la course aux prochaines élections législatives de la Knesset.
Le parti nationaliste arabe Balad a déclaré qu’il ferait également appel de la décision de la commission centrale électorale de le disqualifier pour le vote du 1er novembre, a déclaré le chef de faction Sami Abou Shehadeh.
Ces deux décisions étaient largement attendues, même s’il semblait que Balad avait envisagé de renoncer à une requête auprès de la Haute Cour et de boycotter le scrutin.
Chikli, qui est entré à la Knesset l’année dernière avec Yamina mais qui cherche maintenant à se présenter avec le Likud, a été disqualifié mercredi après que le parti de gauche Meretz a déposé une pétition affirmant qu’il avait violé les règlements électoraux conçus pour empêcher les députés élus par un parti de passer à un autre parti à mi-mandat.
Chikli, qui avait été placé par Netanyahu en 14e position sur la liste électorale du Likud, est entré à la Knesset l’année dernière avec Yamina, mais a refusé de voter en faveur de la coalition hétéroclite qu’il avait permis de mettre en place et dirigée. En juillet, il a démissionné de son siège à la Knesset après avoir conclu un accord avec le tribunal de district de Jérusalem qui lui a permis d’éviter d’être sanctionné lors des prochaines élections.
Le Meretz a affirmé qu’il n’avait pas démissionné en temps voulu après avoir quitté Yamina et qu’il devait donc être personnellement sanctionné pour se présenter avec un parti de la Knesset en novembre.
Le Likud avait déclaré qu’il ferait appel de la décision auprès de la Haute Cour de Justice, une pratique courante dans le cycle électoral suite aux décisions de la commission centrale électorale. La Haute Cour a l’habitude d’annuler de telles décisions dans la plupart des cas.
Chikli avait décrit la décision de le disqualifier comme « une injustice sans précédent ». Vendredi, il a déclaré à la chaîne publique Kan qu’il craignait que le juge à la Cour suprême Uzi Fogelman, ne falsifie les résultats des élections s’il n’y avait pas de vainqueur clair.
« Le président de la commission centrale électorale a prouvé qu’il était politiquement partial », a-t-il déclaré.
Pendant ce temps, le chef de Balad, Abou Shehadeh, a promis que son parti se présenterait coûte que coûte et « surprendrait tout le monde », accusant le ministre de la Défense, Benny Gantz, de « tenter de créer un leadership arabe selon ses normes ».
La commission centrale électorale, qui est composé de représentants des partis actuels de la Knesset, a accepté jeudi une pétition selon laquelle le parti porte atteinte à Israël en tant qu’État juif et démocratique.
Balad et plusieurs de ses législateurs ont été disqualifiés par des commissions électorales antérieures, et ont jusqu’à présent gagné tous les appels à la Haute Cour pour être réintégrés.
La pétition avait été soutenue par le parti HaMahane HaMamlahti de Gantz, tandis que la plupart des autres partis se sont abstenus de voter sur cette question.
La procureure générale Gali Baharav-Miara avait déclaré jeudi qu’il n’y avait aucune raison de disqualifier ni Balad ni le parti islamiste Raam. La commission a finalement autorisé Raam à se présenter aux élections, en rejetant les pétitions selon lesquelles le parti soutenait des organisations terroristes.
En vertu de l’article 7A de la loi fondamentale de la Knesset, la candidature d’un membre de la Knesset doit être disqualifiée si ses actions ou ses déclarations ont pour effet de nier l’existence de l’État d’Israël en tant qu’État juif et démocratique, d’inciter au racisme ou de soutenir la lutte armée d’un État ennemi ou d’une organisation terroriste contre l’État d’Israël.
Balad ne devrait pas franchir le seuil électoral de 3,25 % nécessaire pour entrer à la prochaine Knesset. En conséquence, le parti pourrait emporter avec lui un nombre important de voix arabes, ce qui pourrait jouer un rôle clé dans l’impasse prévue entre les blocs politiques rivaux en faveur du bloc religieux de droite dirigé par le chef du Likud, Benjamin Netanyahu. Cette possibilité a poussé les acteurs politiques à reconsidérer leur approche concernant la candidature de Balad.
Alors que dans le passé, les partis de droite s’étaient opposés à la candidature de Balad, Abou Shehadeh a accusé Yair Lapid et Gantz – dont les partis centristes sont vraisemblablement prêts à profiter de l’éviction de Balad – d’être à l’origine de ce renversement.
Avant que la commission ne se réunisse, Gantz a publié une déclaration disant que les représentants de son parti au sein de la commission voteraient pour disqualifier Balad, accusant la faction d’opérer » de façon extrémiste contre l’État ».
Le Likud, quant à lui, a boycotté les audiences de la commission centrale électorale sur Raam et Balad, qualifiant l’affaire de « supercherie politique » destinée à nuire à son bloc de droite.
La députée Meretz, Gaby Lasky, a accusé le Likud, qui a par le passé demandé à la fois à la commission centrale électorale et à la Haute Cour de disqualifier Balad, de changer sa position par opportunisme politique.
Vendredi matin, le Meretz a également déposé une requête auprès de la Haute Cour concernant la décision de la commission centrale électorale de ne pas disqualifier l’ancienne cheffe de la coalition et députée Yamina Idit Silman, qui a cherché à se présenter avec le Likud en vue des prochaines élections.
Le parti de gauche avait fait valoir que Silman, tout comme Chikli, n’avait pas démissionné avant la date limite nécessaire après avoir quitté Yamina, et qu’elle était donc disqualifiée pour rejoindre le Likud, conformément à l’article 6A de la loi fondamentale de la Knesset. La commission n’était cependant pas d’accord et a rejeté la requête.
Silman a brusquement quitté l’alliance politique dirigée par le Premier ministre de l’époque, Naftali Bennett, en avril, démissionnant à la fois de son poste de chef de la coalition et privant la coalition, qu’elle s’était efforcée de soutenir jusque-là, de sa majorité à la Knesset. La démission de Silman a plongé la Knesset dans une crise de trois mois qui a abouti à la chute de la coalition et par conséquent, à la convocation d’élections anticipées.