Israël en guerre - Jour 368

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Analyse

Ciblé de toutes parts, Netanyahu lutte pour avoir l’air d’un gagnant

Quitter le podium à cause d'une attaque à la roquette n'est pas vraiment l'image que le Premier ministre veut donner ; néanmoins, il a la peau dure

David Horovitz

David est le fondateur et le rédacteur en chef du Times of Israel. Il était auparavant rédacteur en chef du Jerusalem Post et du Jerusalem Report. Il est l’auteur de « Un peu trop près de Dieu : les frissons et la panique d’une vie en Israël » (2000) et « Nature morte avec les poseurs de bombes : Israël à l’ère du terrorisme » (2004).

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu fait une déclaration à la presse concernant le programme nucléaire iranien, au ministère des Affaires étrangères à Jérusalem le 9 septembre 2019. (Yonatan Sindel/Flash90)
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu fait une déclaration à la presse concernant le programme nucléaire iranien, au ministère des Affaires étrangères à Jérusalem le 9 septembre 2019. (Yonatan Sindel/Flash90)

À quelques sièges à peine d’une éventuelle coalition majoritaire et à quelques jours des élections, le Premier ministre Benjamin Netanyahu attendait que les événements qu’il avait prévus lundi et mardi l’aident à se hisser au sommet.

Lundi soir, il a ainsi programmé sa révélation d’un site iranien de fabrication d’armes nucléaires – brandissant données et photos qui, selon lui, prouvent une fois de plus que les Iraniens sont déterminés à se doter d’un arsenal nucléaire, mentent à l’observateur de l’ONU et à la communauté internationale et couvrent frénétiquement leurs sites secrets chaque fois qu’ils savent qu’Israël est sur leur dos.

Et mardi soir, il a de nouveau réquisitionné les médias locaux pour ce qui avait été annoncé à l’avance comme une annonce « spectaculaire ». Il a ainsi déclaré que « les conditions diplomatiques ont mûri » de sorte qu’il appliquera immédiatement la souveraineté israélienne dans la vallée du Jourdain et au nord de la mer Morte – soit presque le quart de la Cisjordanie – puis la souveraineté à toutes les implantations de Cisjordanie si le peuple le récompense, mardi prochain, d’un nouveau mandat de Premier ministre.

Cependant, les choses ne se sont, pour le moins, pas exactement passées comme il l’avait prévu.

Concernant l’Iran, le secrétaire d’État américain Mike Pompeo a donné suite à ses révélations en accusant les ayatollahs « [d’]éventuelles activités nucléaires non déclarées » ; et l’Agence internationale de l’énergie atomique pose des questions de plus en plus pointues à l’Iran sur son abandon accéléré des restrictions convenues dans l’accord nucléaire de 2015.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu fait une déclaration à la presse concernant le programme nucléaire iranien, au ministère des Affaires étrangères à Jérusalem le 9 septembre 2019. (Yonatan Sindel/Flash90)

En revanche, l’allié le plus puissant du Premier ministre, le président américain Donald Trump, a fait part de sa volonté de s’asseoir avec son homologue iranien Hassan Rouhani, affirmant lundi que les Iraniens « aimeraient pouvoir résoudre leur problème… Nous pourrions le résoudre en 24 heures. » Et, venu approfondir la crainte de Netanyahu de voir la Maison Blanche adopter une position plus modérée à l’égard de l’ennemi existentiel d’Israël, le président américain a licencié/accepté la démission mardi de son conseiller en matière de sécurité nationale John Bolton, fer de lance de la politique de « pression maximale » du gouvernement contre Téhéran – la politique que Netanyahu défend si activement.

« Je n’étais pas du tout d’accord avec bon nombre de ses suggestions », a expliqué M. Trump au sujet de Bolton. Son départ, a gloussé la République islamique, constitue « un signe décisif de l’échec de la stratégie de pression maximale américaine ».

Quant à l’annonce de l’extension de la souveraineté de Netanyahu, ici aussi, le chemin a été difficile. Concluant rapidement que sa présence en direct était plus une émission politique qu’une déclaration diplomatique vitale, les principales chaînes de télévision israéliennes ont interrompu la diffusion de sa prestation mardi soir au bout de quelques minutes seulement.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu devant une carte de la vallée du Jourdain, jurant d’y étendre la souveraineté israélienne en cas de réélection, lors d’un discours à Ramat Gan, le 10 septembre 2019. (Menahem Kahana/AFP)

Ensuite, alors que la plupart des dirigeants des implantations ont rapidement salué ses promesses de souveraineté imminente, ses rivaux de gauche les ont dénoncées, car elles pourraient faire échouer toute perspective future de séparation négociée avec les Palestiniens, tandis que ses rivaux de droite ont clairement indiqué qu’ils ne le croyaient tout simplement pas. Et les deux pôles d’opposition ont fait remarquer que s’il avait voulu annexer la vallée du Jourdain, il aurait pu le faire il y a des années.

L’alliance de droite Yamina a qualifié sa promesse de « pirouette » cousue de fil blanc, conçue pour attirer les électeurs au Likud, et sa présidente Ayelet Shaked a déclaré mercredi qu’il pourrait faire de la vallée du Jourdain une partie intégrante d’Israël avec un simple vote du cabinet en un jour s’il le voulait sincèrement. Il n’est pas certain que le gouvernement de transition actuel puisse faire quoi que ce soit de la sorte ; il est clair que, peu importe la façon dont les électeurs ont accueilli sa promesse, presque tous les dirigeants politiques israéliens, hors Likud, sont hautement sceptiques.

La présidente de HaYamin HaHadash Ayelet Shaked (à gauche) et le n° 2 du parti Naftali Bennett parlent avec des journalistes dans l’implantation d’Efrat, en Cisjordanie, le 22 juillet 2019. (Gershon Ellison/Flash90)

Mais mardi soir, les choses ont empiré pour Netanyahu. Après avoir terminé son allocution sur la vallée du Jourdain, il a pris la direction du sud, pour un rassemblement électoral à Ashdod, retransmis en direct par le Likud sur les réseaux sociaux. Et les groupes terroristes de Gaza l’ont apparemment observé en chemin. Alors qu’il s’apprêtait à commencer son discours devant les centaines de personnes présentes dans la salle, et de nombreux autres spectateurs derrière leur écran, des sirènes de roquettes se sont fait entendre : deux projectiles ont été lancés depuis Gaza – à Ashdod et Ashkelon.

Netanyahu n’a pas du tout paniqué. Il a calmement ordonné à la foule de « partir tranquillement ». Mais il s’est laissé escorter hors de la scène par ses gardes du corps. Il n’avait guère le choix en la matière ; le Premier ministre ne peut ignorer son propre régime de sécurité de base, et il ne pouvait pas non plus ignorer l’impératif pour les personnes présentes dans la salle d’écouter les sirènes et de trouver un abri approprié.

Mais les images d’un Premier ministre israélien surnommé Monsieur Sécurité et dont la capacité d’assurer la sécurité d’Israël est un élément majeur de sa campagne électorale, contraint d’abandonner temporairement un rassemblement électoral en raison d’une attaque à la roquette lancée depuis le territoire voisin du Hamas, ont constitué du pain béni électoral potentiel pour ses rivaux.

À droite, Naftali Bennett de Yamina se précipita pour qualifier la scène
« [d’]humiliation nationale ». L’ennemi juré de Netanyahu, Avigdor Liberman, a déclaré que cela montrait que sa politique à Gaza était creuse. Ses principaux rivaux de Kakhol lavan se sont vantés qu’un de leurs candidats, Gabi Ashkenazi, n’avait pas quitté l’estrade sur laquelle il se trouvait à Ashkelon à peu près au même moment, car, comme Gabi Ashkenazi l’a dit à son auditoire, « Nous n’avons pas peur ». Le numéro un du parti centriste, Benny Gantz, a assuré de son côté : « Si j’avais été là, je n’aurai pas bougé ».

Mercredi, les dirigeants de Kakhol lavan se sont en effet réunis à Ashkelon pour définir comment ils allaient réagir aux attaques en cours depuis Gaza. « Nous ne tolérerons pas que le Hamas à Gaza réalise ce que nous avons vu hier et ce que nous voyons depuis un an et demi », a déclaré le chef du parti Benny Gantz. « Nous devons changer notre politique… Si nécessaire, nous intensifierons notre attaque contre Gaza, nous passerons à des attaques aériennes retentissantes et à des assassinats ciblés et à toute autre mesure appropriée… Nous changerons cette réalité ».

Les dirigeants de l’alliance Kakhol lavan, (de gauche à droite), Moshe Yaalon, Benny Gantz, Yair Lapid et Gabi Ashkenazi s’adressent à la presse lors d’une visite à la frontière entre Israël et Gaza près du kibboutz Kfar Aza, le 13 mars 2019. (Menahem Kahana/AFP)

Gantz, ainsi que Liberman et Bennett d’ailleurs, ont souvent juré par le passé de suivre des politiques similaires ; à ce jour, l’électorat israélien n’a pas été persuadé en nombre suffisant.

Bien conscient que la plupart de ses rivaux sont moins doués que lui dans l’art de la politique, Netanyahu rebondissait mercredi matin, condamnant Kakhol lavan pour s’être réjoui de son malheur et dénonçant ses rivaux politiques intérieurs et les ennemis terroristes d’Israël dans le même élan. « Je ne sais pas où ils ont fait plus la fête », a-t-il fulminé, « à Gaza ou avec Gantz et [son n°2 Yair] Lapid. »

Alors même que d’autres roquettes gazaouïes visaient le sud d’Israël mercredi après-midi, il dessinait les derniers contours de sa rencontre avec le président russe Vladimir Poutine à Sotchi jeudi, pour une autre prestation destinée à stimuler son électorat.

Bref, Netanyahu fait tout ce qu’il peut pour avoir l’air d’un vainqueur – même si une multitude de forces et de facteurs se sont combinés pour miner cette image en ces derniers jours de la campagne. Être escorté en coulisses sous la menace de roquettes n’est assurément pas l’image qu’il voulait donner de lui.

Mais, une autre chose est sûre, Netanyahu est tout sauf non résilient.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu quitte la scène lors d’une campagne à Ashdod en raison de sirènes d’alerte à la roquette, le 10 septembre 2019. (Crédit : capture d’écran Twitter)

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