Cinéma : Miri Regev félicite, sous réserve, le lauréat du Festival de Berlin
Miri Regev dit qu'elle n'a aucune idée de ce qu'il y a dans le film franco-israélien "Synonymes", et espère que le film ne la décevra pas en étant anti-Israël

La ministre israélienne de la Culture Miri Regev a adressé dimanche des félicitations conditionnelles à Nadav Lapid, le réalisateur du film franco-israélien « Synonymes », qui a remporté le premier prix au festival du film de Berlin samedi dernier.
Mme Regev a dénoncé ouvertement les artistes israéliens qui ont fait preuve de ce qu’elle considère comme une déloyauté envers l’État et a déclaré que ni elle ni personne dans son ministère n’avait vu le film, qui a remporté un tout premier Ours d’or pour Israël.
« Félicitations à Nadav Lapid pour avoir gagné le prix. C’est une preuve supplémentaire du succès du cinéma israélien. Cependant, personne dans mon ministère n’a vu le film et nous ne savons pas s’il soulève des questions qui pourraient nuire à l’État d’Israël, à ses symboles et à ses valeurs », a déclaré Mme Regev selon la Treizième chaîne d’information.
Depuis sa nomination, Regev entretient des relations très tendues avec les milieux culturels et a été accusée de tenter de mettre les artistes israéliens au diapason de son idéologie politique de droite dure.
Ce film à la fois imaginaire et largement autobiographique raconte l’histoire d’un Israélien qui s’installe à Paris pour fuir la situation politique difficile de son pays.
Lapid a dit, en acceptant le prix, que certains en Israël pourraient être « scandalisés » par le film « mais pour moi, le film est aussi une grande célébration – une célébration, je l’espère, aussi du cinéma ».

Le jury, présidé par l’actrice française Juliette Binoche, a choisi le film parmi 16 films en compétition lors du premier des grands festivals européens du film de l’année. Il se déroule à Paris et met en vedette Tom Mercier dans le rôle de Yoav, qui se refuse à parler hébreu et est accompagné d’un dictionnaire français toujours présent alors qu’il tente de s’enraciner et de se créer une nouvelle identité.
« J’espère que les gens comprendront que la fureur, la rage, l’hostilité et la haine… ne sont que les frères et sœurs jumeaux d’un attachement fort et d’émotions fortes », a-t-il expliqué. « J’espère que les gens ne considéreront pas ce film uniquement comme une déclaration politique dure ou radicale parce qu’il ne l’est pas », a-t-il déclaré aux journalistes, le décrivant comme « une déclaration humaine, existentielle et artistique », a ajouté Lapid.
De retour chez lui, M. Lapid a déclaré aux journalistes qu’il ne s’était « jamais considéré comme un ambassadeur d’Israël », bien qu’il ait été ravi par toutes les félicitations des admirateurs lors du vol de retour vers Tel Aviv.
Il a dit que bien qu’il ait beaucoup critiqué Regev, il serait « très heureux » qu’elle « regarde le film du début à la fin et exprime son opinion », parce que pour lui, il est tout aussi important de montrer ses films à ceux qui ont des opinions différentes des siennes.
Le dernier Israélien à avoir remporté un prix à ce festival est le cinéaste Joseph Cedar, qui a remporté en 2007 le prix de l’Ours d’argent du meilleur réalisateur pour « Beaufort ».