Israël en guerre - Jour 340

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Comment 12 Juifs ont survécu à la Shoah, cachés par une employée dans la cave d’un SS

La production canado-polonaise "Irena's Vow" relate l'histoire vraie de la foi et de l'humanité qui ont conduit une jeune Polonaise à risquer sa vie pour en sauver d'autres

  • Dans "Irena's Vow", Irena Gut (Sophie Nélisse) assise avec deux des douze Juifs qu'elle a cachés dans le sous-sol de la maison d'un officier allemand, à Tarnopol, en Pologne. (Crédit : Quiver Distribution)
    Dans "Irena's Vow", Irena Gut (Sophie Nélisse) assise avec deux des douze Juifs qu'elle a cachés dans le sous-sol de la maison d'un officier allemand, à Tarnopol, en Pologne. (Crédit : Quiver Distribution)
  • Irena Gut (Sophie Nélisse) regardant les Polonais qui ont caché des Juifs pendant la Shoah être pendus par les Allemands, à Tarnopol dans "Irena's Vow". (Crédit : Quiver Distribution)
    Irena Gut (Sophie Nélisse) regardant les Polonais qui ont caché des Juifs pendant la Shoah être pendus par les Allemands, à Tarnopol dans "Irena's Vow". (Crédit : Quiver Distribution)
  • Dans "Irena's Vow", Irena Gut (Sophie Nélisse) travaillant comme gouvernante dans la maison d'un officier allemand où elle cache douze Juifs dans le sous-sol. (Crédit : Quiver Distribution)
    Dans "Irena's Vow", Irena Gut (Sophie Nélisse) travaillant comme gouvernante dans la maison d'un officier allemand où elle cache douze Juifs dans le sous-sol. (Crédit : Quiver Distribution)
  • Dans "Irena's Vow", Irena Gut (Sophie Nélisse) accroupie devant la grille qui couvre l'entrée du sous-sol de la maison d'un officier allemand à Tarnopol, en Pologne, où elle cache douze Juifs. (Crédit : Quiver Distribution)
    Dans "Irena's Vow", Irena Gut (Sophie Nélisse) accroupie devant la grille qui couvre l'entrée du sous-sol de la maison d'un officier allemand à Tarnopol, en Pologne, où elle cache douze Juifs. (Crédit : Quiver Distribution)

Irena Gut Opdyke a déclaré un jour à un intervieweur de la télévision américaine que « le courage est un murmure qui vient d’en haut ».

Opdyke a entendu cette voix discrète lorsqu’elle a décidé de cacher douze Juifs – dont une femme enceinte – dans le sous-sol de la maison d’un major de l’armée allemande à Tarnopol, en Pologne, pendant près de deux ans au cours de la Seconde Guerre mondiale.

« J’étais la bonne personne au bon moment pour le faire », a-t-elle déclaré à son interlocuteur.

Au début de la guerre, Opdyke était Irena Gut, 19 ans, une étudiante polonaise en soins infirmiers dont la formation s’est brusquement arrêtée lorsqu’elle a été envoyée aux travaux forcés par les Allemands.

Son histoire incroyable d’altruisme et d’ingéniosité est décrite dans le film « Irena’s Vow ».

« J’ai connu Irena les dix dernières années de sa vie, et je l’écoutais raconter son histoire à divers groupes. Elle était comme une grand-mère pour moi. J’étais déterminée à faire ce film. Cette histoire si improbable, est pourtant vraie. Elle a caché des Juifs pendant de nombreux mois sous le nez d’un officier nazi, dans sa propre maison », a déclaré le scénariste Dan Gordon, qui avait écrit Irena’s Vow pour une pièce de théâtre jouée à Broadway en 2009.

Sophie Nélisse dans le rôle d’Irena Gut dans « Irena’s Vow ». (Crédit : Quiver Distribution)

Le film commence avec Irena Gut, excellemment interprétée par l’actrice canadienne Sophie Nélisse, qui se porte volontaire comme infirmière dans l’est de la Pologne après l’invasion allemande du 1er septembre 1939. Lorsque la région est envahie par les Soviétiques quelques semaines plus tard, Gut retourne dans sa ville natale, plus à l’ouest de la Pologne, pour découvrir qu’elle a été conquise par les Allemands, et que ses parents et ses quatre jeunes sœurs ont disparu.

Un jour, alors qu’elle est à l’église, les habitants sont regroupés pour être soumis au travail forcé. Gut est affectée à une usine de munitions. Épuisée et anémiée, elle s’effondre aux pieds d’un officier nazi de haut rang. Lorsqu’elle le supplie, affirmant qu’elle est une bonne travailleuse, il la transfère dans une caserne militaire allemande à Tarnopol (aujourd’hui Ternopil en Ukraine), où elle prépare les repas dans la cuisine et les sert dans la salle à manger.

Gut est également chargée de onze Juifs travaillant dans la blanchisserie et l’atelier de couture situés au rez-de-chaussée, avec lesquels elle se lie d’amitié. Sa capacité à écouter les officiers nazis discuter des progrès de la guerre et de leurs ordres d’éradication des Juifs s’avère d’une importance cruciale pour ces Juifs au fur et à mesure que le temps passe.

Gut s’est jurée de sauver une vie si elle le pouvait après avoir vu un soldat allemand assassiner brutalement un bébé devant sa mère avant de tuer cette dernière.

Sophie Nélisse dans le rôle d’Irena Gut dans « Irena’s Vow ». (Crédit : Quiver Distribution)

En accord avec sa « foi pure », comme le décrit Gordon, Gut a prié pour une solution lorsqu’elle a appris que le ghetto local allait être liquidé de façon imminente.

« Sa foi en Dieu n’était pas dogmatique, mais elle la guidait. Elle croyait que Dieu ne nous demande pas de faire l’impossible. Dieu nous demande de faire ce qui est possible », a estimé Gordon.

La solution se présente le lendemain, lorsque le major Eduard Rügemer (incarné par l’acteur écossais Dougray Scott) lui annonce qu’il s’installe dans une villa à l’extérieur de la ville et qu’il fait d’elle sa gouvernante.

Dans les jours qui suivent, alors que Gut prépare la villa, elle réalise qu’elle pourrait cacher ses amis juifs dans la cave. Après les avoir fait entrer clandestinement, ils découvrent que la villa, construite par une famille juive, possède une cachette secrète accessible depuis le sous-sol.

« Ma mère a reconnu qu’il s’agissait d’une maison juive parce qu’elle a vu qu’il y avait une mezouza sur le montant de la porte. En grandissant, elle avait des amis juifs à l’école et dans le quartier. En outre, sa famille vivait dans la rue principale de la ville et accueillait des voyageurs, dont des Juifs », a expliqué Jeannie Opdyke Smith, la fille d’Irena Gut.

La jeune Irena Gut Opdyke. (Crédit : Jeannie Opdyke Smith)

Contre toute attente, cette jeune femme à l’esprit vif met les Juifs (dont un douzième sera recueilli plus tard) en sécurité, malgré de nombreux incidents évités de justesse. Guidée par ses valeurs catholiques et son optimisme, elle influence également la décision du couple enceinte, Ida et Lazar Haller, de ne pas avorter malgré le danger que sa naissance ferait courir à tous.

Tout ne se passe pas comme prévu et Rügemer, ayant découvert certains des Juifs cachés, extorque Gut et en fait son esclave sexuelle. Gut, qui fait preuve d’abnégation, fait le nécessaire pour préserver la vie de ses amis juifs pendant de nombreux mois, jusqu’à ce qu’ils puissent s’enfuir en toute sécurité dans la forêt et rejoindre les partisans alors que les Russes avancent sur Tarnopol. Ida Lazar accouche dans la forêt en mai 1944 d’un petit garçon qu’elle et son mari nomment Roman.

Le sacrifice de Gut est récompensé par certains de ces Juifs lorsque, à la fin du film, elle est capturée par les Soviétiques, accusée d’être une collaboratrice allemande et envoyée dans un camp de concentration. Sans l’ingéniosité de ses amis, elle aurait langui derrière le rideau de fer ou aurait été tuée.

Dan Gordon, scénariste de « Irena’s Vow ». (Crédit : Autorisation)

Smith souhaite faire de l’histoire de sa mère une série limitée diffusée en streaming, ce qui permettrait d’en faire un récit plus complet et plus détaillé. Cela inclurait probablement le fait que Gut a été brutalement battue, violée collectivement et laissée pour morte par les troupes soviétiques alors qu’elle rentrait chez elle après l’invasion soviétique au début de la guerre.

Lorsqu’on lui a demandé pourquoi cet élément n’avait pas été inclus dans le film, Gordon a répondu qu’il figurait dans le scénario mais que « la réalisatrice [Louise Archambault] a décidé de ne pas l’inclure pour des raisons qui lui incombent ».

« De plus, j’aimerais inclure beaucoup de choses qui sont arrivées plus tard dans la vie de ma mère. Beaucoup de choses, comme son mariage avec mon père et ses retrouvailles avec ses sœurs et Roman Haller, étaient ‘bashert' », a déclaré Smith, en utilisant le mot yiddish pour désigner « le destin » ou « les âmes sœurs ».

Avant que le générique de « Irena’s Vow » ne commence, quelques précisions sont apportées. Le fait que Gut Opdyke, décédée en 2003, ait été reconnue comme « Justes parmi les Nations » par Yad Vashem, entre autres distinctions, n’est pas une surprise.

Irena Gut Opdyke et Roman Haller, né grâce au fait qu’elle ait caché ses parents durant la Shoah, réunis en Israël, sur une photo non datée. (Crédit : Jeannie Opdyke Smith)

Rügemer a été recueilli par la famille Haller à Munich après la guerre et que le petit Roman l’appelait Zaïde (grand-père en yiddish). Ces révélations ont fait l’effet d’une bombe.

« Comme ma mère n’avait rien dit aux Haller et aux autres Juifs sur la raison pour laquelle Rügemer ne les a jamais dénoncés, ils n’avaient aucun moyen de le savoir. Ils auraient pensé qu’il était complice, qu’il contribuait à les maintenir en vie », a expliqué Smith.

Ce qui est encore plus choquant – du moins à première vue – c’est que Rügemer a également été reconnu comme « Justes parmi les Nations » par Yad Vashem.

« J’avais de réels problèmes avec cela, mais lorsque j’ai parlé au conservateur de Yad Vashem, il m’a dit que l’honneur n’était pas pour les Juifs dans le sous-sol », a déclaré Jeannie Opdyke Smith.

Jeannie Opdyke Smith s’efforce de perpétuer l’histoire de l’héroïsme de sa mère, Irena Gut Opdyke durant la Shoah. (Crédit : Teresa Vick)

« Vers la fin de la guerre, alors qu’Hitler faisait de son mieux pour exterminer les Juifs restants, Rügemer a fait ce qu’il fallait pour empêcher qu’un groupe de Juifs dans son usine ne soit embarqué. C’est pour cela qu’il a été honoré », a-t-elle ajouté.

Smith pense que c’est probablement son interaction avec les Juifs cachés dans sa villa qui l’a amené à voir les choses différemment.

« Lorsque Rügemer ne recevait pas, il permettait à certains d’entre eux de monter à l’étage et ils jouaient du piano, chantaient et jouaient ensemble », a expliqué Smith.

« Je pense que cela a adouci son cœur et qu’il s’est rendu compte qu’il ne s’agissait que d’êtres humains et qu’ils n’étaient pas du tout l’ennemi », a-t-elle ajouté.

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