Israël en guerre - Jour 372

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Comment Tsahal a laissé un rabbin mystique détecter des tunnels, puis l’a rejeté

Les officiers présents affirment que le rabbin Yehuda a trouvé 6 tunnels du Liban et 31 à Gaza, - des années avant Tsahal

Photo prise à l'intérieur d'un tunnel terroriste du Hamas que l'armée israélienne a détruit lors de frappes aériennes le 29 mai 2018. L'armée a indiqué que le tunnel s'étendait de l'Égypte à Israël en passant par Gaza. (Avec l'aimable autorisation de Tsahal)
Photo prise à l'intérieur d'un tunnel terroriste du Hamas que l'armée israélienne a détruit lors de frappes aériennes le 29 mai 2018. L'armée a indiqué que le tunnel s'étendait de l'Égypte à Israël en passant par Gaza. (Avec l'aimable autorisation de Tsahal)

En 2015, un rapport inhabituel est arrivé sur le bureau d’officiers haut gradés de l’armée israélienne. Le document, « Rapport sur la coopération pour la découverte de sites souterrains », décrivait les efforts entrepris pour localiser les tunnels ennemis creusés sous la frontière nord. C’est le colonel E., un officier supérieur du Commandement de la Défense passive, posté dans le nord, qui en est l’auteur.

Les découvertes détaillées dans le rapport n’étaient pas dues à des équipements de fouilles ni à des outils d’ingénieurs, mais plutôt à la participation d’un rabbin.

Le rapport relate une patrouille menée par le colonel E. le long de la frontière nord pour localiser des tunnels en exploitant les capacités métaphysiques du rabbin Yehuda, un mystique de Galilée, accompagné par son bras droit, le rabbin Moshe.

« Nous sommes partis en patrouille dans le camp », écrit le colonel E. à son officier supérieur. « Dans la zone, se trouve un immense réservoir d’eau souterrain, que personne ne pourrait détecter si on ne le nous montrait pas directement. Sans que nous lui ayons dit un mot à ce sujet, le rabbin a localisé le complexe souterrain et l’espace qui se cachait sous la zone. Quand nous avons continué la patrouille, il a trouvé ce qu’il a dit être, à juste titre, deux espaces souterrains supplémentaires, et il a pu décrire les crimes commis par des hommes armés qui avaient effectivement eu lieu non loin, plus de trois ans auparavant ».

J’ai vu une bonne personne dotée de capacités spéciales, qui voulait aider

Le colonel E. a pris soin dès le début du rapport de préciser qu’il était sain d’esprit. « Je voudrais dire que je ne suis pas une personne religieuse. Je suis une personne rationnelle, dont la plupart des actions dans ma vie professionnelle et privée proviennent d’une pensée rationnelle et d’un examen rationaliste de chaque particule ».

Rapport du colonel E.

Il conclut le rapport sur une recommandation claire pour essayer de tirer profit des pouvoirs du rabbin Yehuda, comme il a pu en témoigner lors de la patrouille.

« J’ai vu une bonne personne dotée de capacités spéciales, qui voulait aider », écrit-il. Selon moi, nous observons cela en terme de gains possibles, il n’y a pas de raison de ne pas accepter l’aide du rabbin devant d’autres défis opérationnels dans plusieurs théâtres d’opération de l’armée ».

Le colonel E. n’a pas été le seul à avoir été impressionné. Nous avons interviewé plusieurs commandants de bataillons israéliens, des officiers de police, des officiers de la sécurité civile dans les zones du nord et du sud ayant patrouillé avec le rabbin le long des barrières de sécurité d’Israël entre 2013 et 2016. Ils ont confirmé qu’ils ont vu le rabbin Yehuda identifier et localiser ce qui s’est ensuite révélé être des structures et des tunnels. Ils ont dit être convaincus qu’il pouvait repérer des activités souterraines et assister les soldats combattants, les ingénieurs et les responsables de fouilles opérant sur le terrain.

Les informations récoltées par les officiers lors de leurs patrouilles avec le rabbin ont aussi été transmises à la chaîne de commandement.

Des officiers israéliens plus expérimentés n’ont pourtant pas été aussi impressionnés. Les patrouilles intermittentes avec les rabbins Yehuda et Moshe ont été interrompues fin 2016.

La plupart des gens partis patrouiller avec le rabbin pendant cette période n’ont pas souhaité être identifiés par leur nom. Les rabbins ont également refusé d’être cités nommément. Des pseudonymes ou des initiales sont donc utilisés dans cet article.

Essayer d’aider

En janvier de cette année, Tsahal a déclaré que l’Opération Bouclier du nord, qui avait commencé en décembre 2018 pour localiser et détruire des tunnels transfrontaliers d’attaque du Hezbollah, était terminée, avec la découverte d’un sixième et dernier passage souterrain.

Selon Israël, le Hezbollah avait l’intention d’utiliser le réseau de tunnels pour envoyer des hommes armés mener des attaques dévastatrices contre des soldats ou des civils dans le nord d’Israël. Cette arme n’était désormais plus à la disposition du groupe terroriste chiite pro-iranien.

Pourtant, selon des résidents, certains officiers de l’armée et les deux rabbins eux-mêmes, la menace est loin d’avoir été écartée. Au Moshav Zaarit en Haute Galilée, à proximité de la frontière libanaise, où trois tunnels ont été découverts lors de l’Opération Bordure protectrice, il était difficile de trouver un seul habitant qui croyait que tous les tunnels avaient été trouvés et détruits, malgré les déclarations sans équivoque de l’armée à ce sujet.

Des soldats réservistes patrouilles le long de la frontière libanaise à proximité du village israélien de Zarit. (Roy Sharon/Flash90)

« Si l’armée était plus ouverte d’esprit, des vies seraient sauvées », a déclaré le rabbin Moshe lors d’un récent entretien. « Nous connaissons l’existence de dizaines de tunnels supplémentaires répartis le long de la frontière, dans le nord et dans le sud. Si l’armée ne se méfiait pas de tout ce qui peut être religieux, alors les généraux avec qui nous avons parlé nous donneraient une chance d’aider. C’est une honte, puisqu’en Israël, lorsqu’on sauve une vie, c’est comme si on sauvait tout un monde et tout ce qu’il y a dedans ».

Le rabbin Yehuda, âgé de 50 ans, mène une vie recluse en Galilée et refuse de parler aux médias. Ses proches le décrivent comme étant capable de « voir les autres mondes ».

« Il peut vous regarder et dire si vous souffrez d’une détresse émotionnelle de n’importe quel type, que vous ayez un problème financier ou que vous cachiez un grand secret », assure le rabbin Moshe. « Je n’ai pas ce don, mais je lis très bien le rabbin Yehuda et je peux l’orienter, lui et ses capacités, vers des canaux pratiques.

La sortie d’un tunnel creusé depuis le Liban vers Israël, décembre 2018. (Hadas Parush / Flash90)

Avant de devenir religieux, le rabbin Moshe, âgé de 71 ans, a servi dans la Direction du renseignement militaire, et il dit avoir été en « contact direct avec des officiels de la sécurité » pendant de nombreuses années. Il a répété qu’il n’avait aucune envie de se faire de la publicité, ni pour le rabbin Yehuda.

« Au cours des dernières années, j’ai essayé d’aider le peuple juif et l’Etat d’Israël en utilisant le savoir et les capacités que le Créateur m’a donnés en bénédiction », a déclaré le rabbin Moshe. « Je le fais en tant que simple citoyen, sur la base du volontariat, pas pour l’argent. Mon seul but est d’éviter plus de fiascos, de réveiller le système et, si possible, de sauver des vies. »

N’excluez rien avant d’avoir vérifié

Le lien initial clef entre le rabbin Yehuda et Tsahal était le lieutenant-colonel Oded, un commandant de bataillon de la 91e division, posté en Galilée, qui connaissait bien le rabbin Moshe – en tant qu’arabophone, familier de la zone et bras droit d’un rabbin mystique.

« Pendant une décennie [avant l’Opération Bordure protectrice], les résidents des communautés voisines de la frontière nord ont entendu des bruits et des coups provenant de sous la terre, sous leurs maisons », s’est-il souvenu dans un entretien.

« J’ai entendu cela de la part de résidents du kibboutz Saar à proximité de Rosh Hanikra, dans le Moshav Zarit, et même dans un quartier proche de Shlomi. Nous devions y aller et calmer les résidents qui éprouvaient une terrible angoisse », relate le lieutenant-colonel.

Nous connaissions l’existence de ce que l’on appelait alors des « réserves naturelles » – un réseau de tunnels souterrains interconnectés dans le territoire libanais qui permettait aux combattants du Hezbollah de se cacher, d’attendre des soldats israéliens et de les prendre par surprise quand ils faisaient une incursion au Liban

Oded était l’un des fondateurs de l’Ecole de stratégie de guérilla de l’armée israélienne, établie en 1997 par le chef de l’armée de l’époque, Amnon Lipkin-Shahak pour mettre à jour les capacités de combat contre le Hezbollah. Aujourd’hui, Il vit dans une petite ferme dans le nord, où il élève du bétail. « L’armée est un système rigide, et j’ai toujours pensé que je devrais utiliser mes compétences pour proposer une nouvelle vision des choses, ce qui manque beaucoup dans l’armée israélienne », a-t-il dit.

L’ouverture d’esprit d’Oded l’a conduit à admettre que des tunnels étaient creusés dans le territoire israélien bien avant que l’armée ne le reconnaisse. « Nous connaissions l’existence de ce que l’on appelait alors des « réserves naturelles » – un réseau de tunnels souterrains interconnectés dans le territoire libanais qui permettait aux combattants du Hezbollah de se cacher, d’attendre des soldats israéliens et de les prendre par surprise quand ils faisaient une incursion au Liban », se souvient Oded.

« Puisque [nous savions que le Hezbollah] disposait aussi d’un système caché de roquettes souterraines, il était logique de supposer qu’ils essaieraient d’étendre ces réserves naturelles au-delà de la frontière avec Israël. Mais des officiers [plus gradés] de l’armée ont traité ces suppositions comme des fantaisies dépourvues de base logique », regrette-t-il.

Lors d’une conversation lancée par le rabbin Moshe, « il a suggéré que j’organise une patrouille [avec le rabbin Yehuda] dans le secteur nord-ouest, le long de la frontière, pour localiser les tunnels suspectés. C’était en 2013, si mes souvenirs sont bons, et il m’a contacté en tant que commandant responsable du bataillon pour le secteur nord est dans la formation de Galilée (91e division) », affirme Oded.

Que pensez-vous de cette suggestion ?

« Je ne suis pas une personne religieuse, mais on m’a appris à ne rien exclure complètement avant d’avoir vérifié. Au départ, j’étais sceptique, aussi parce que j’avais peur que la décision puisse ne pas être bien acceptée. Je lui ai dit, ‘le système ne va pas aimer cela, parce que ce n’est pas quelque chose qui est bien perçu de permettre à des civils de patrouiller le long de la barrière de sécurité’. Mais j’ai quand même décidé de donner sa chance à cette idée ».

Des discussions avec le rabbin Moshe ont continué pendant un certain temps, avant qu’une première patrouille ne soit organisée et autorisée pour les deux rabbins.

« J’ai contacté notre commandant de brigade, le colonel Zion, et demandé sa permission. Il n’était pas très enthousiaste, mais je l’ai persuadé d’autoriser le rabbin Yehuda et le rabbin Moshe de participer à une patrouille avec l’officier ingénieur du bataillon et quelques autres soldats. La raison que je lui ai donnée, c’était qu’au pire, cela calmerait les résidents ».

Le commandant de brigade a approuvé la patrouille.

« J’ai pris l’officier ingénieur à part et je lui ai dit, ‘Reste aussi près que possible de la barrière de sécurité’, » s’est souvenu Oded. Ils ont roulé avec un véhicule de l’armée le long du secteur ouest, de la zone de Zarit jusqu’à Rosh Hanikra, et ils sont revenus avec des découvertes incroyables. Je me souviens que l’officier ingénieur était choqué quand le rabbin a trouvé une ‘réserve naturelle’ de l’autre côté de la frontière, et il ne comprenait pas comment il savait que de telles choses existaient ».

« Le rabbin a trouvé [ce qu’il a dit être] un tunnel sous la base de Zarit sans même savoir qu’il y avait un avant-poste militaire ici – et [il s’est ensuite avéré] qu’il avait raison. Il a trouvé [ce qu’il a pensé être] un autre tunnel près de Rosh Hanikra – le tunnel qu’une unité de l’armée israélienne allait découvrir un mois plus tard », assure Oded.

Des soldats israéliens se tiennent à l’ouverture d’un trou qui conduit à un tunnel dont l’armée a déclaré qu’il était creusé par le groupe terroriste du Hezbollah à travers la frontière entre Israël et le Liban, à proximité de Metula, el 19 décembre 2018.(AP Photo/Sebastian Scheiner)

« Quand j’ai eu le rapport de l’officier et des soldats qui avaient patrouillé avec le rabbin, je dois reconnaître que j’étais encore sceptique. J’avais un dilemme pour savoir comment transmettre l’information, et à qui. Après tout, je n’y croyais pas complètement, alors comment pouvais-je partager l’information avec sincérité ».

« Quand j’ai appris au commandant de la brigade [le colonel Zion] que des tunnels avaient été localisés sur le terrain par d’autres méthodes, il a répondu avec désinvolture. J’en ai parlé à d’autres collègues du secteur, et ils ne se sont pas montrés enthousiasmes non plus. J’ai décidé de ne pas rédiger de document officiel. »

Les faits sur le terrain parlent d’eux-mêmes : J’ai vérifié les données et fait des comparaisons entre les trois tunnels trouvés près de Zarit pendant l’opération Bouclier du Nord et les zones dont le rabbin avait parlées pendant la patrouille [cinq ans auparavant], et il y avait une correspondance

L’officier du génie qui accompagnait la patrouille était le major Gilad. Bien qu’il ait confirmé qu’il se souvenait du rabbin et de la patrouille, il n’a pas voulu en parler sans l’autorisation du Bureau du porte-parole de Tsahal, qui a refusé une demande d’interview.

En 2014, le colonel Zion a été remplacé par un nouveau commandant de brigade, qui s’est opposé avec véhémence aux patrouilles des rabbins. Tous les efforts pour continuer ont été fermement rejetés, d’après Oded.

Le nouveau commandant de brigade était le colonel Alon Madanes, aujourd’hui officier des opérations du commandement central de Tsahal.

Cinq tunnels localisés autour de Zarit

Toujours en 2013, le rabbin Yehuda avait accompagné une autre patrouille frontalière près du Moshav Zarit, un lieu central des bruits souterrains que les résidents locaux rapportent depuis plusieurs années.

« Ils sont allés patrouiller la zone avec un policier et ont dit qu’ils avaient trouvé cinq tunnels autour de la localité », a déclaré Yossi Adoni, le président du comité des résidents de Zarit.

Yossi Adoni (Crédit : Daphna Talmon)

Avec le recul, Adoni confie : « Il y avait une correspondance entre ce que le rabbin a trouvé » en 2013 et ce qui a été découvert dans l’Opération Bouclier du nord.

« Les faits sur le terrain parlent d’eux-mêmes : j’ai vérifié les données et fait des comparaisons entre les trois tunnels trouvés près de Zarit pendant l’Opération Bouclier du nord et les zones dont le rabbin a parlées pendant la patrouille [cinq ans auparavant], et cela correspondait. Le policier qui était avec eux a également été très impressionné. Le rabbin était assez précis », explique Adoni.

Pendant ce temps, dans le sud

Les choses ont également commencé à se réchauffer à la frontière sud en 2013. Le rabbin Moshe contacte l’inspecteur général adjoint Levi Amiti, alors chef de la Division de la sécurité de la police israélienne, et lui propose de faire venir le rabbin Yehuda sur le terrain pour aider à trouver des galeries souterraines sur le front de Gaza.

Pendant la patrouille avec lui, nous sommes arrivés dans la zone du [kibboutz] Nahal Oz, et quand nous nous sommes tenus à un certain endroit, il m’a tiré le bras et m’a dit : ‘Il y a un tunnel ici’

Amiti vérifia les rabbins, entendit les évaluations des officiers impressionnés dans le nord et organisa une patrouille. « J’ai pensé que nous devions donner aux rabbins une chance de faire leurs preuves, et que nous ne devions pas rejeter d’emblée cette façon de penser », expliqua Amiti, un ancien orthodoxe, qui se décrit aujourd’hui comme une personne croyante. « Il n’est pas nécessaire d’être ultra-orthodoxe ou pieux pour vérifier ce genre de choses. Je voulais juste voir cela de mes propres yeux. »

Amiti met alors les rabbins en contact avec le surintendant Y., l’officier de sécurité du district, et avec Rafi Babian, l’officier de sécurité du conseil régional de Sdot Neguev. Au cours d’une patrouille le long de la frontière entre Israël et Gaza en janvier 2014, selon le surintendant Y., le rabbin Yehuda trouve ce qu’il décrit être 31 tunnels et marque les ouvertures de sortie de certains d’entre eux. Y. et Babian tentent prudemment de faire remonter les « découvertes » dans la chaîne de commandement, mais sont accueillis par des haussements de sourcils et se rendent compte qu’en insistant, ils ne feraient que se ridiculiser.

Six mois plus tard, au cours de l’Opération Bordure protectrice, l’armée fait état de la découverte et de la fermeture de 32 tunnels.

Une capture d’écran d’une vidéo montrant un homme armé du Hamas infiltrant une base de Tsahal à l’intérieur d’Israël à proximité du kibboutz Natal Oz, le 28 juillet 2014. (Capture d’écran : YouTube)

Il y a cinq ans, le surintendant Y. s’est émerveillé devant ce qu’il a dit être les découvertes du rabbin. « Écoutez, c’est incroyable. Incroyable », a-t-il dit. « Cet homme a des capacités surnaturelles, sans aucun doute. Pendant la patrouille avec lui, nous sommes arrivés dans la zone du [kibboutz] Nahal Oz, et quand nous nous sommes tenus à un certain endroit, il m’a tiré par le bras et a dit : « Il y a un tunnel ici. »

Le 14 juillet 2014, au cours de l’Opération Bordure protectrice, quatre Palestiniens armés se sont infiltrés dans Nahal Oz par un tunnel et ont tiré un obus antichar sur un poste militaire, tuant cinq soldats.

« Dieu seul sait comment il l’a su, mais c’est exactement là que des terroristes sont sortis [d’un tunnel] quelques mois plus tard, pendant la guerre, et ont tué les soldats de Givati », précise Y. « À l’endroit-même où je me trouvais avec lui. Je n’oublierai jamais ce moment. »

Y. est convaincu des capacités du rabbin Yehuda, mais sait que les hauts gradés de l’armée ne veulent pas être mêlés à cela. « Les hauts fonctionnaires de la Défense et les généraux ont du mal à accepter cette idée de ‘canalisateurs’. C’est très difficile pour eux. C’est difficile pour quelqu’un qui n’en a pas fait l’expérience sur le terrain, comme moi, d’y croire. Si je me présente publiquement [avec mon nom], ils penseront que je suis malade mentalement. »

Si j’avais présenté ces résultats au commandement supérieur, ils m’auraient traité de fou, de cinglé, d’imbécile. Le meilleur moyen est d’amener le plus grand nombre de personnes possible sur le terrain et de voir en temps réel ce qui se passe. Quiconque voyait quelque chose de tangible de ses propres yeux était convaincu

Amiti dit qu’il a également cessé d’essayer de faire examiner par l’armée les résultats de la patrouille. « Je n’ai pas insisté davantage parce qu’il est très difficile de convaincre les personnes occupant des postes clés d’y croire. Si j’avais présenté ces résultats au commandement supérieur, ils m’auraient traité de fou, de cinglé, d’imbécile. Le meilleur moyen est d’amener le plus grand nombre de personnes possible sur le terrain et de voir en temps réel ce qui se passe. Quiconque voyait quelque chose de tangible de ses propres yeux était convaincu », a dit Amiti.

Dans les années qui ont suivi l’Opération Bordure protectrice, le rabbin Moshe a plusieurs fois tenté d’entrer en contact avec l’armée et demandé au rabbin Yehuda d’aider à la localisation de tunnels. Il a enrôlé un ami, le commandant instructeur du Commandement central Roni Numa, pour organiser une patrouille le long de la frontière avec Gaza avec le rabbin Yehuda début 2016 avec l’officier du génie du Commandement sud. Mais à leur arrivée, le commandant de la division ne les a pas autorisés à poursuivre.

Le commandant de la division a d’abord souhaité la bienvenue, s’est souvenu du rabbin Moshe et a demandé : « Quel genre d’équipement apportez-vous ? J’ai souri et j’ai dit que nous n’avions pas d’équipement, mais je lui ai parlé un peu de nos constatations précédentes. A ce stade, il nous a dit sans équivoque qu’il ne nous laisserait pas entrer dans le secteur. »

L’entrée d’un tunnel du Jihad islamique palestinien détruit, conduisant de Gaza vers Israël, à proximité du Kibboutz israélien de Kissufim, vu le 18 janvier 2018. (Jack Guez/AFP/POOL)

Le rabbin Moshe a raconté que le commandant lui a dit : « Je ne sais pas comment travailler avec les rabbins. Le chef d’état-major n’aime pas les rabbins. »

Les rabbins s’aventurèrent une dernière fois vers le sud en décembre 2016, lorsqu’il y eut un nouveau commandant de division. « Nous sommes allés sur le terrain » avec deux officiers « et avons identifié plusieurs tunnels. » Les officiers « étaient très positifs », mais l’armée a ensuite rompu tout contact. « Je suppose qu’un ordre est venu d’en haut pour couper toute connexion avec nous », a dit le rabbin Moshe.

Depuis lors, les rabbins ont tenté de revenir en arrière et d’aider l’armée à localiser les tunnels qui, selon eux, ne sont toujours pas découverts à la frontière de Gaza, mais sans succès. « Les dirigeants militaires et politiques souffrent d’aveuglement et vivent dans une bulle de réalité virtuelle. En tant que système, le système est anti-religieux et le chef d’état-major ne peut se permettre d’admettre qu’il a besoin de l’aide d’autres éléments spirituels », explique le rabbin Moshe.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu parle de la menace de tunnels, en 2018. (Hadas Parush / Flash90)

« S’ils se servaient de nous, il serait possible de trouver des tunnels longtemps à l’avance et de les gérer à temps », dit-il.

Lorsqu’on lui demande si l’Opération Bordure protectrice en 2014 avait entraîné la destruction de tous les tunnels de Gaza, sa réponse est un « non » sans équivoque.

Ça ne fait pas de mal

Le commandant du bataillon, Oded, qui a patrouillé avec les rabbins le long de la frontière nord en 2013, estime que l’attitude de l’armée est mauvaise. « Je pense que l’armée aurait pu être plus ouverte au soutien de personnes spirituelles », a-t-il dit. « Nous pourrions même gagner du temps, réduire les risques et, surtout, sauver des vies. »

« Aujourd’hui, quand j’entends le rabbin dire qu’il y a encore des tunnels, au nord comme au sud, je le crois », a-t-il dit.

Yossi Adoni, président du comité des résidents de Zarit, dont les plaintes concernant le bruit que lui et d’autres résidents entendaient émaner du sous-sol ont été ignorées pendant des années, a promis de ne pas laisser tomber. « Je suis convaincu que tous les tunnels n’ont pas été trouvés », nous dit-il.

« Le but de ma lutte publique était de réveiller l’armée pour qu’elle commence à prendre le sujet des tunnels au sérieux et à s’en occuper. Aujourd’hui, je suis sûr que l’armée s’en occupe. Mais si j’ai le sentiment que l’armée se fait discrète et ne fait pas ce que j’estime nécessaire, je n’hésiterais pas à faire appel à d’autres professionnels, issus d’autres domaines », explique-t-il.

Quant au colonel E., qui a rédigé le rapport original sur les efforts du rabbin Yehuda pour identifier les tunnels, aujourd’hui, il pense que, de toute évidence, il ne suivrait pas les conseils d’un rabbin sur les mesures opérationnelles. « Mais quand il s’agit de trouver des tunnels souterrains, vous devez vous demander : où est le mal ? … J’ai tendance à penser que nous ne devrions pas hésiter simplement parce que nous craignons que d’autres qualifient cela de superstition. Il n’y a aucun risque pour les soldats, et le coût est minime, car le rabbin est bénévole ».

« Je n’exclurais donc pas d’utiliser ces capacités à l’avenir simplement parce qu’il s’agit de mysticisme. Une telle invalidation, à mon avis, est une erreur. »

La réponse de Tsahal

Le Bureau du porte-parole de l’armée israélienne a refusé de répondre aux questions concernant les patrouilles réalisées le long des frontières nord et sud avec les rabbins Yehuda et Moshe, et a refusé que les officiers en service soient interviewés.

« L’armée israélienne suit de près la menace qui pèse sur les tunnels au nord comme au sud et s’est efforcée de localiser les tunnels en utilisant uniquement des moyens technologiques, techniques et de renseignement », a déclaré le porte-parole dans un communiqué.

Des partisans du Hezbollah crient des slogans et agitent des drapeaux du Liban, du Hezbollah et de l’Iran lors d’un rassemblement pour commémorer le 40ème anniversaire de la Révolution islamique d’Iran, dans le sud de Beyrouth, au Liban, le mercredi 6 février 2019.
(AP Photo/Hussein Malla)

« Après que le Hezbollah a commencé son projet de tunnels d’attaque, Tsahal a maintenu sa surveillance, pendant plus de quatre ans, par le biais d’une équipe technique conjointe du renseignement du commandement Nord et de la direction du renseignement.

L’armée israélienne n’a jamais compté, à aucun moment, sur des citoyens dotés de quelle que capacité que ce soit pour localiser les tunnels d’attaque

« Une fois les conditions pour une opération réunies, et avant que les tunnels ne deviennent une menace pour la sécurité des habitants du nord, l’armée israélienne lance l’Opération Bouclier du nord pour découvrir, neutraliser et détruire les tunnels d’attaque transfrontaliers du Hezbollah ».

« L’armée israélienne n’a jamais compté à aucun moment sur des citoyens dotés de quelle que capacité que ce soit pour localiser les tunnels d’attaque. Au contraire, il n’a utilisé que des moyens technologiques et d’intelligence avancés », d’après le communiqué.

La police israélienne a transmis les questions sur les patrouilles organisées en coordination avec les fonctionnaires de police à l’armée.

Cet article a été publié à l’origine sur Zman Yisrael, le site en hébreu du Times of Israel.

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