Découverte du dernier tunnel du Hezbollah et fin de l’opération Bouclier du nord
L'armée annonce la découverte du dernier passage souterrain creusé depuis le Liban, le plus grand découvert, et soupçonné de servir à l'envoi futur de combattants en Israël
Judah Ari Gross est le correspondant du Times of Israël pour les sujets religieux et les affaires de la Diaspora.
L’armée israélienne a déclaré dimanche que ses activités visant à localiser et détruire les tunnels d’attaque transfrontaliers du Hezbollah touchaient à leur fin, après la découverte d’un autre passage souterrain pendant le week-end.
« Avec la découverte de ce passage terroriste, nous avons achevé notre mission menée pour localiser les passages transfrontaliers creusés par le Hezbollah pour atteindre le territoire israélien. Sa neutralisation aura lieu dans les prochains jours. »
Le 4 décembre dernier, l’armée israélienne avait lancé l’opération Bouclier du nord pour trouver les tunnels que le Hezbollah, soutenu par l’Iran, aurait creusés dans le nord d’Israël depuis des villes du sud du Liban. Tsahal a confirmé la découverte d’au moins 6 tunnels au cours de l’opération qui aura duré un mois.
« L’armée israélienne surveille, par ailleurs, et se trouve en possession de plusieurs sites où le Hezbollah creuse des infrastructures souterraines n’atteignant pas encore Israël, » a ajouté l’armée.
Un représentant de l’armée a également indiqué que l’armée avait remarqué que le Hezbollah avait arrêté ses activités souterraines à la frontière nord au cours du mois, après le début de l’opération.
Pour l’armée, celle-ci a « éliminé la menace qui pesait sur les citoyens israéliens. »
Le sixième tunnel a été découvert samedi par les forces armées, qui précisent qu’il partait du village libanais de Ramyeh, où un autre tunnel avait été trouvé plus tôt.
D’après l’armée, le tunnel s’étendait sur 800 mètres, dont plusieurs dizaines sur le territoire israélien, et descendait à 55 mètres de profondeur, ce qui en fait le plus profond tunnel découvert par Tsahal et probablement le plus important pour le Hezbollah.
Le tunnel était doté de l’électricité, d’une voie ferrée pour acheminer l’équipement et transporter les déchets, d’escaliers de sortie et d’autres particularités qui en font le tunnel le plus sophistiqué parmi ceux découverts, indique l’armée.
« C’était un tunnel très développé », a déclaré à des journalistes le porte-parole de l’armée Ronen Manelis.
Israël pense que ces tunnels devaient être utilisés par le groupe terroriste chiite pour déclencher une guerre surprise et permettre à des dizaines, voire des centaines de combattants de pénétrer dans l’Etat hébreu, le tout accompagné d’une infiltration massive d’agents à la surface et de tirs de roquettes, de missiles et d’obus de mortiers sur le nord d’Israël.
L’armée indique avoir prévenu la FINUL, la force de médiation et de maintien de la paix de l’ONU, de cette dernière découverte ainsi que les dirigeants des gouvernements de la région.
Mi-décembre, la FINUL avait confirmé qu’au moins deux tunnels traversaient la frontière israélienne et étaient ainsi « en violation avec la résolution 1701 », qui avait mis un terme à la seconde guerre du Liban en 2006. Elle n’avait cependant pas confirmé que le Hezbollah en était à l’origine, contrairement aux allégations de l’armée. Les Casques bleus de la FINUL ont renforcé leurs opérations de surveillance depuis le lancement de l’opération afin de garantir le calme à la frontière.
La résolution 1701 de l’ONU, qui a permis de mettre fin à la Seconde guerre du Liban, exigeait de tous les groupes armés à l’exception des militaires libanais de rester au nord du fleuve Litani, dans le pays. Malgré les conditions imposées par la résolution, le Hezbollah déploie toujours de nombreux combattants, ainsi qu’un arsenal de roquettes et de missiles estimés au nombre de 130 000, dans le sud du Liban, pense Israël.
La FINUL et les forces armées libanaises sont chargées de faire appliquer la résolution des Nations unies.
Avec la fin de l’opération Bouclier du nord, l’armé indique passer désormais à une action défensive à la frontière pour veiller à ce que d’autres tunnels ne soient pas construits.
« Par ailleurs, des troupes de l’armée israélienne et le laboratoire d’identification de tunnels seront maintenus de façon permanente à la frontière libanaise », rapporte l’armée.
Dimanche, elle a également indiquer poursuivre la construction d’un mur, ce que rejette le Liban.
Le Liban a déclaré vendredi qu’il déposerait une plainte auprès du Conseil de sécurité de l’ONU au sujet de ce mur.
L’agence de presse publique du Liban a cité des propos du ministre libanais des Affaires étrangères, Gebran Bassil, qui considère que ce mur violait la résolution du Conseil de sécurité de l’ONU qui avait mis fin à la guerre de 2006.
D’après l’agence, la plainte porterait sur une portion bâtie en bordure du village libanais frontalier de Kfar Fila.
Les travaux de construction d’une clôture de défense ont commencé en début d’année, la direction conjointe de l’armée israélienne et de la direction des frontières et de la clôture de sécurité du ministère de la Défense ayant en effet reçu l’autorisation ainsi que des fonds pour construire 13 kilomètres de mur en béton sur la frontière de 130 kilomètres environ, afin de protéger les 22 villages israéliens limitrophes.
A terme, il est prévu de construire une barrière le long de toute la frontière – un projet qui coûterait 1,7 milliard de shekels (425 millions d’euros).
La barrière de béton est conçue pour remplir deux fonctions principales : protéger les civils et les soldats israéliens contre les attaques des tireurs d’élite, et empêcher l’infiltration des agents du Hezbollah en Israël.
Le gouvernement libanais a dénoncé dès le début la construction du nouveau mur frontalier, faisant valoir qu’il viole la souveraineté libanaise en certains endroits.
Le Liban a adressé ses protestations à la FINUL, la force de maintien de la paix des Nations Unies, qui assure la liaison entre Israël et le Liban.
Certaines zones de la frontière israélo-libanaise sont contestées, chaque pays revendiquant le territoire comme le sien – par exemple, la bande de terre appelée mont Dov par Israël et fermes de Chebaa au Liban.