Tsahal lance une opération contre des tunnels du Hezbollah vers Israël
Le Commandement du Nord est en état d'alerte alors que l'armée commence à "neutraliser" des passages souterrains non-opérationnels qui relient le Liban au nord d'Israël
Judah Ari Gross est le correspondant du Times of Israël pour les sujets religieux et les affaires de la Diaspora.
L’armée israélienne a annoncé mardi avoir détecté des tunnels souterrains du groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah en territoire israélien et avoir lancé une opération pour les détruire à la frontière nord.
Un porte-parole des forces israéliennes, le lieutenant-colonel Jonathan Conricus, a indiqué aux journalistes que ces « tunnels d’attaque », dont il n’a pas précisé le nombre, n’étaient pas encore opérationnels et que la population du nord d’Israël n’était pas menacée.
« Nous avons lancé l’opération Bouclier du nord pour mettre au jour et déjouer la menace des tunnels d’attaque de l’organisation terroriste Hezbollah conduisant sous la frontière du Liban vers Israël », a-t-il dit.
L’armée opère seulement du côté israélien, a-t-il précisé.
« Nous considérons les activités du Hezbollah comme une violation flagrante de la souveraineté israélienne, et cela prouve une nouvelle fois le mépris total du Hezbollah pour les résolutions des Nations unies », a-t-il dit.
Ces tensions surviennent quelques heures après que le Premier ministre Benjamin Netanyahu s’est envolé pour Bruxelles, où il a rencontré le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo pour discuter de la menace iranienne aux frontières d’Israël, ce qui semble faire référence au Hezbollah.
Vendredi dernier, le groupe terroriste libanais a diffusé une vidéo d’avertissement à l’intention d’Israël, montrant apparemment des images par satellite et les localisations cartographiées précises de sites stratégiques au sein de l’Etat juif avec le message : « Attaquez, vous le regretterez ».
La vidéo a été postée vingt-quatre heures après une frappe israélienne présumée contre des cibles iraniennes et du Hezbollah.
La vidéo, avec des sous-titres en hébreu, s’ouvre sur une scène de combattants du Hezbollah se préparant à lancer des roquettes et avec l’avertissement lancé par le leader du groupe, Hassan Nasrallah, qui met en garde : Le mouvement terroriste sera en mesure de répondre à toutes les attaques contre le Liban.
Les responsables de la sécurité en Israël ont mené des évaluations sécuritaires pour prédire la réaction du Hezbollah à l’opération de l’armée israélienne.
Israël a souvent averti que le Hezbollah prévoyait de mener des raids transfrontaliers en cas de conflit, dans le but précis de conquérir une ville civile près de la frontière. Les résidents du nord ont craint, ces dernières années, que des tunnels d’attaques soient creusés en dessous des frontières, ce qui a encouragé l’armée à créer un groupe de travail pour enquêter sur ces craintes en 2014.
« L’objectif principal [du Hezbollah] est de tuer un maximum de personnes dans les villages et les bases militaires [israéliennes] », a déclaré un haut-gradé de l’armée israélienne au début de l’année lors d’un point-presse à la frontière libanaise.
L’opération lancée par l’armée a débuté mardi avant l’aube. L’armée a établi une zone militaire fermée dans le secteur autour de Metula et renforcé sa présence au nord, mais n’avait pas mobilisé les soldats de réserve. Aucune consigne spécifique n’a été délivrée aux populations civiles israéliennes.
Conricus n’a pas précisé si des défenses aériennes ont été déployées dans la région. Le Hezbollah aurait un arsenal de 100 000 roquettes et missiles.
La rumeur sur la création de tunnels d’attaques creusés depuis le sud du Liban vers le territoire israélien par le groupe terroriste soutenu par l’Iran ne sont pas nouvelles, mais les responsables de la défense israélienne ont toujours démenti leur existence ou refusé d’en parler.
Le porte-parole a accusé l’Iran, ennemi juré d’Israël, de financer et soutenir le programme des tunnels du Hezbollah.
Selon l’armée israélienne, le groupe terroriste palestinien du Hamas à Gaza a fourni une assistance technique au Hezbollah, grâce à son expérience en matière de tunnels depuis la bande de Gaza vers le sud d’Israël.
Conricus a également accusé le gouvernement libanais de ne pas avoir empêché le Hezbollah de s’implanter militairement dans le sud du Liban. Cela constitue une violation de la résolution 1701 des Nations unies.
Le 11 août 2006, la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l’ONU mettait fin à 33 jours d’une guerre qui a fait 1 200 morts côté libanais, et 160 côté israélien, sans neutraliser le Hezbollah, alors visé par une vaste offensive après l’enlèvement de deux soldats israéliens.
Après différents conflits, Israël et le Liban demeurent techniquement en état de guerre mais la frontière est restée relativement calme ces dernières années.
Le porte-parole a déclaré qu’il ne pouvait pas donner d’estimation sur le nombre de tunnels ni sur leur taille, mais a indiqué que ces informations seront prochainement communiquées.
Conricus n’a également pas expliqué comment l’armée avait l’intention de détruire ces tunnels du Hezbollah, mais a indiqué qu’elle aurait recours à des techniques et des technologies déjà employées au sud avec les tunnels d’attaques provenant de la bande de Gaza.
« Cela prendra du temps de le neutraliser et d’exposer tous les tunnels », a déclaré le porte-parole de l’armée.
Il a ajouté que des unités du Commandement du Nord, du renseignement militaire, du Corps du Génie militaire et du ministère de la Défense mèneront conjointement l’opération Bouclier du nord.
Selon Conricus, le projet visant à mettre au jour ces tunnels du Hezbollah a commencé en 2013, quand les habitants du nord d’Israël ont signalé des constructions souterraines, mais les vérifications préliminaires n’avaient pas permis de trouver des tunnels.
En octobre 2014, après la guerre de Gaza, au cours de laquelle les tunnels d’attaque du Hamas ont joué un rôle clé, l’armée a établie une nouvelle force composée d’unités de renseignement et d’unités technologique, dans le but de « détecter et exposer le programme de tunnels d’attaque du Hezbollah », a indiqué le porte-parole.
Ces dernières années, l’armée israélienne et le ministère de la Défense ont renforcé les défenses le long de la frontière israélo-libanaise : construction de bermes, débroussaillage de toute la végétation, création de falaises artificielle et construction d’un mur de béton de neuf mètres de haut.
Ces barrières sont censées à la fois protéger les civils et les soldats israéliens des attaques de snipers et empêcher l’infiltration des agents du Hezbollah en Israël.
Selon un haut-responsable de l’armée israélienne, il y a près de 7 ans, le Hezbollah a créé un unité de forces spéciales, l’unité Radwan, chargée précisément de traverser la frontière israélienne et de faire un maximum de dégâts, à la fois dans le but de détruire et pour la « symbolique » d’une attaque de ses troupes en territoire israélien.
Israël a mené une guerre sévère contre le Hezbollah en 2006. Suite à cette guerre, la région frontalière connait un calme relatif. Cependant, les autorités israéliennes ont mis en garde contre l’approvisionnement en armes du Hezbollah par l’Iran, via la Syrie, ou directement au Liban, notamment de missiles haute-précision.*
M. Netanyahu avait indiqué se rendre à Bruxelles pour discuter « de ce que nous entreprenons ensemble pour stopper les actes d’agression de l’Iran et de ses affidés », dans une claire référence au Hezbollah.
Lundi, Netanyahu devait faire passer le message à Beyrouth, par le biais de Pompeo, qu’Israël agirait militairement si le gouvernement libanais n’agissait pas contre le Hezbollah.
L’équipe du Times of Israël et l’AFP ont contribué à cet article.