COVID : La famille du premier mort poursuit l’État et une maison de retraite
Les enfants d'Aryeh Even estiment que leur père aurait pu éviter d'être infecté par l'assistante sociale de la maison de retraite si celle-ci avait été testée plus tôt
Les enfants de la première victime du Covid-19 en Israël s’apprêtent à poursuivre pour faits de négligence le ministère de la Santé ainsi que le centre de vie assistée où leur père était résident, ont annoncé leurs avocats ce jeudi.
Aryeh Even, survivant de la Shoah âgé de 88 ans, est décédé le 20 mars après avoir été infecté par le coronavirus par un travailleur social de la maison de retraite de la tour Nofim à Jérusalem, selon les déclarations des plaignants, qui ont été communiquées à la presse. Il avait immigré seul en Israël depuis la Hongrie en 1949 et laisse derrière lui quatre enfants, 18 petits-enfants et un arrière-petit-enfant.
La plainte de la famille, qui sera soumise au tribunal de Tel Aviv dans les prochains jours, soutient que le ministère de la Santé et la tour Nofim ont causé « de sérieux dommages à l’un des groupes les plus faibles et les plus démunis de la société – les personnes âgées, qui sont incapables de donner de la voix et d’exercer leurs droits ».
Il avait emménagé dans la tour Nofim en 2014 après la mort de sa femme, et a mené une vie indépendante jusqu’à ce qu’il soit infecté par le coronavirus, selon la plainte.

L’assistante sociale qui l’a contaminé avait assisté à un mariage avec des invités récemment arrivés de France – un foyer épidémique important durant les premiers mois de la pandémie. L’employée a ensuite été en contact avec Aryeh Even à deux reprises, une fois dans sa chambre et une autre fois lors d’une réunion dans le bureau du directeur de la tour Nofim, même après avoir commencé à ressentir des symptômes, selon la plainte.
La résidence Nofim a été placée en quarantaine lorsque l’employée a été testée positive au coronavirus plusieurs jours plus tard. Cependant, il a fallu cinq jours pour qu’Aryeh Even reçoive le test, qui a été effectué le jour où il a été transporté d’urgence aux soins intensifs du centre médical Shaare Zedek de Jérusalem dans un état grave.
Ses enfants font valoir que leur père aurait pu être sauvé s’il avait été testé plus tôt. « Le défunt a survécu à l’enfer de la Shoah, mais est mort à cause de la négligence et du traînage des pieds du ministère de la Santé et du centre de vie assistée. »
Le ministère a été chargé d’effectuer des tests dans les maisons de retraite, où plusieurs foyers ont été déclarés pendant la pandémie.
L’homme a même éprouvé « un sentiment de terreur, de solitude sévère et d’impuissance lorsque l’institution qui lui avait promis de lui fournir des soins optimaux n’a pas répondu à ses besoins », indique le procès, qui demanderait des centaines de milliers de shekels de dommages et intérêts.

Ses enfants affirment avoir contacté la direction de la tour Nofim afin de faire tester leur père, mais n’ont pas reçu de réponse.
Ce n’est qu’après le décès de plus de 100 résidents de maisons de retraite à travers le pays des suites du COVID-19 que le ministère de la Santé « a réalisé que la population âgée devrait être traitée immédiatement, intensivement et professionnellement », écrivent les avocats.
La plainte affirme également que contrairement à d’autres maisons de retraite, qui ont pris des mesures pour empêcher la propagation du virus parmi leurs résidents et employés avant même de recevoir des directives du ministère de la Santé, la tour Nofim n’a rien fait.
Ni le ministère de la Santé ni la résidence senior n’ont immédiatement répondu aux demandes de commentaires.
Au plus fort de la première vague de l’épidémie, le coronavirus s’est rapidement propagé dans les maisons de retraite du pays, dont les résidents représentaient à un moment donné environ un tiers du nombre de décès dans le pays.