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Créteil : Une femme accusant des policiers d’antisémitisme condamnée à 6 mois de prison avec sursis pour refus d’obtempérer

Une vidéo la montre allongée au sol, dans un commissariat, le ventre découvert, criant, demandant qu'on lui rende sa perruque, maintenue par des policiers qui se moquent d'elle

Des policiers français se tiennent devant le lycée Gambetta à Arras, dans le nord-est de la France, le 13 octobre 2023, après qu'un enseignant a été tué et deux autres personnes grièvement blessées lors d'une attaque au couteau. (Crédit : Denis CHARLET / AFP)
Des policiers français se tiennent devant le lycée Gambetta à Arras, dans le nord-est de la France, le 13 octobre 2023, après qu'un enseignant a été tué et deux autres personnes grièvement blessées lors d'une attaque au couteau. (Crédit : Denis CHARLET / AFP)

Sarah (prénom modifié) a été condamnée lundi par le tribunal correctionnel de Créteil à six mois de prison avec sursis pour refus d’obtempérer lors d’un contrôle routier, tandis qu’elle accuse des policiers du commissariat de cette ville de violences sexistes et antisémites. La femme de 68 ans est accusée d’avoir voulu se soustraire à un contrôle routier à Créteil le 8 juin 2023 et d’avoir endommagé la moto d’un policier.

Ce jour-là, alors qu’elle revenait des courses de Shabbat, le jour de repos hebdomadaire dans la tradition juive, trois policiers à moto l’avaient arrêtée, après qu’elle les a klaxonnés alors qu’ils lui avaient coupé la route en sortant d’une station-service, a-t-elle expliqué au tribunal en septembre.

Elle l’assure, elle n’a jamais cherché à fuir ce contrôle, ayant tous ses papiers en règle. Lors du contrôle, sa voiture a heurté la moto d’un des policiers, sans faire exprès, affirme Sarah lors de l’audience. Selon les déclarations des policiers, absents au tribunal, la moto est tombée quand Sarah est remontée dans sa voiture et a redémarré pour quitter les lieux. Les fonctionnaires de police ont alors sorti leur arme et l’ont pointé sur Sarah, disant qu’elle cherchait à fuir leur contrôle. « Je me suis vue mourir », a-t-elle raconté au tribunal, expliquant avoir du mal à se souvenir de la chronologie précise des faits à cause du « traumatisme ».

Pour le ministère public, la version des policiers est celle dont les juges doivent tenir compte, faute d’autres éléments matériels et du manque de souvenirs de la prévenue. Me Arié Alimi, qui défend Sarah, accuse lui les policiers de mentir sur ces procès-verbaux, afin de « dissimuler » des infractions au code de la route qu’ils ont commises ce jour-là selon lui.

« Comme nous l’avions indiqué à l’audience, la justice française est encore impressionnée par la parole policière exclusive », a indiqué son avocat Arié Alimi à l’AFP après la décision du tribunal.

« Le travail contre les violences policières à caractère antisémite et à caractère raciste doit se poursuivre dans un contexte d’intimidation et de pression de la justice et des services de police », a-t-il ajouté.

Sa cliente a dix jours pour faire appel.

À la suite de ce contrôle routier, Sarah avait été emmenée au commissariat de Créteil pour y être placée en garde à vue. Elle accuse les policiers de lui avoir arraché sa perruque, de s’être moquée d’elle et d’avoir nié qu’elle faisait un malaise. Après une première plainte classée sans suite, elle a déposé plainte avec constitution de partie civile fin janvier pour violences à caractère sexiste et antisémite par personne dépositaire de l’autorité publique.

Sur les images filmées par la caméra piéton d’un policier du commissariat révélées par Mediapart en février et que l’AFP a pu consulter, Sarah, allongée au sol, le ventre découvert, est maintenue par deux policiers hommes et crie, demandant qu’on lui rende sa perruque.

On entend aussi les policiers se moquer d’elle à plusieurs reprises, puis la forcer à s’asseoir pour lui rendre sa perruque qu’un fonctionnaire finit par lui glisser sous le bras.

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