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Crise en Israël : des voix juives s’élèvent en France

"L'argument 'ça ne te regarde pas, tu ne vis pas en Israël' est irrecevable", souligne Delphine Horvilleur

Des Israéliens manifestant contre le projet de réforme du système judiciaire du gouvernement, à l’extérieur de la Knesset, à Jérusalem, le 27 mars 2023. (Crédit : Erik Marmor/Flash90)
Des Israéliens manifestant contre le projet de réforme du système judiciaire du gouvernement, à l’extérieur de la Knesset, à Jérusalem, le 27 mars 2023. (Crédit : Erik Marmor/Flash90)

Certains évoquent une « brisure », d’autres une « déchirure ». Au sein de la communauté juive française, la plus importante d’Europe, les angoisses et les interrogations face à la crise en Israël s’expriment de plus en plus ouvertement – et publiquement-.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a certes annoncé lundi une « pause » dans le processus d’adoption de la réforme de la justice qui a jeté des centaines de milliers d’Israéliens dans la rue depuis trois mois. Mais la crise est loin d’être résolue.

« Où va Israël ? », « Judaïsme et démocratie », « La démocratie est en danger en Israël » : les titres des émissions, des débats, ou des tribunes qui fleurissent dans la presse française depuis quelques semaines sont révélateurs.

Au sein de la diaspora juive française, souvent classée à droite bien que très hétérogène, et traditionnellement prudente de peur d’être accusée de « double allégeance » ou de déchaîner l’antisémitisme, des voix s’élèvent pour critiquer la politique du gouvernement Netanyahu, le plus à droite de l’histoire du pays.

Yonathan Arfi, élu président du Crif le 26 juin 2022. (Crédit : Facebook/Yonathan Arfi)

Réputé pour son soutien inconditionnel à Israël, le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) avait appelé lundi à « suspendre » la réforme judiciaire et à « rétablir au plus vite le calme et le dialogue avec toute la société ».

Le communiqué, pourtant mesuré, a immédiatement entraîné un flot de réactions sur Twitter, le Crif se voyant prié de se mêler de ses affaires, ou étant au contraire salué pour sa prise de position.

« Israël a plus que jamais besoin d’entendre les voix de la diaspora juive », martèle à l’AFP la rabbin Delphine Horvilleur, pour qui ce qui se joue actuellement touche fondamentalement au caractère juif et démocratique de l’Etat hébreu.

A LIRE : Meyer Habib accusé de toutes parts de défendre Netanyahu avant la France et Israël

« L’argument ‘ça ne te regarde pas, tu ne vis pas en Israël’ est irrecevable », s’insurge cette figure de la mouvance libérale. Elle parle de « brisure » et dénonce le « kidnapping idéologique » du judaïsme par les « nationalistes messianiques » désormais en poste dans le gouvernement Netanyahu.

« La diaspora anglo-saxonne avait déjà pris les devants, mais la communauté juive française, qui s’est longtemps refusée à critiquer le gouvernement israélien, se l’autorise aujourd’hui. Quelque chose a bougé, beaucoup se sentent le devoir de parler », estime Mme Horvilleur.

Maurice Levy at the World Economic Forum in 2008 (photo credit: World Economic Forum / CC-BY-SA, via Wikimedia Commons)
Maurice Lévy au Forum économique mondial en 2008 (Crédit: World Economic Forum/CC-BY-SA, Wikimedia)

Dans une tribune publiée il y a quelques jours dans Le Monde, l’homme d’affaires Maurice Lévy, président du conseil de surveillance du groupe Publicis, exhortait Benjamin Netanyahu à « ne pas fracturer la communauté juive à travers le monde » et à « préserver la démocratie israélienne ».

Avant lui, un collectif d’intellectuels et d’artistes dont le philosophe Raphael Zagury-Orly mettait en garde contre « l’avènement sournois d’un régime autocratique illibéral » en Israël.

La diaspora entretient des relations compliquées avec l’Etat hébreu, souvent passionnelles.

« On a tous un lien avec Israël, et tous les Juifs de France sont un peu aux aguets, tellement tout bouge tout le temps là-bas », sourit Vanessa, enseignante dans une école juive à Nice (sud-est), qui, « très religieuse », admet toutefois ne pas suivre la crise entraînée par la réforme judiciaire.

Raphaël Zagury-Orly, commissaire de l’événement « la Nuit de la Philosophie ». (Crédit : autorisation)

« Israël est un pays que j’admire, qui me fait tourner la tête », raconte pour sa part Yael Sibony, une enseignante de 50 ans à Aix-en-Provence (Sud). « Mais ce qui se passe est effrayant. C’est un pays où on est censé se sentir protégé, or la démocratie est menacée, des lignes sont en train d’être franchies », déplore-t-elle.

Dans ces « lignes » qu’elle énumère, il n’y a pas que la réforme judiciaire contestée. Les saillies racistes à répétition contre les Palestiniens du ministre des Finances Bezalel Smotrich, et les événements d’Huwara fin février – des terroristes juifs avaient attaqué un village palestinien pour venger la mort de deux d’entre eux -, ont marqué pour certains juifs une « bascule ».

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