Décès de Henri Zajdenwergier, survivant de la Shoah
Il était le dernier survivant du convoi 73 parti du camp de Drancy le 15 mai 1944, seul convoi de déportation français en direction des Pays baltes (Lituanie et Estonie)
Henri Zajdenwergier, survivant de la Shoah, est décédé lundi 20 mai, a rapporté sur X la Fondation pour la Mémoire de la Shoah. Il était âgé de 96 ans.
Né le 7 décembre 1927 à Nancy de parents juifs polonais, il était le dernier survivant du convoi 73 parti du camp de Drancy le 15 mai 1944. Il s’agissait du seul convoi de déportation français en direction des Pays baltes (Lituanie et Estonie).
Réfugié à Angoulême en Charente avec son père (sa mère est décédée quelques jours après qu’il soit né), Henri, fils unique, et sa famille ont été arrêtés et internés plusieurs jours dans la salle philharmonique de la ville. Il a finalement été libéré car possédant la nationalité française, tandis que sa famille a été déportée à Auschwitz – et n’en est jamais revenue.
Henri a alors trouvé refuge chez une connaissance de son père. Il a de nouveau été arrêté le 7 février 1944, par la police allemande qui recherchait les réfractaires au service du travail obligatoire (STO), alors qu’il se rendait au lycée.
Envoyé au camp d’internement de Poitiers dans la Vienne et à Drancy trois mois plus tard, il a ensuite été déporté à Tallinn en Estonie. D’abord interné une dizaine de jours à Patarei puis dans une caserne militaire désaffectée, transformée en camp de travail, il a été affecté à l’entretien d’un aérodrome militaire, et chargé notamment de la remise en état de pistes bombardées.
En mai 1944, face à l’avancée des troupes soviétiques, il a été, avec d’autres déportés, évacué en bateau, à Dantzig (Pologne), d’où il a rejoint, à pied, le camp de concentration du Stutthof, où il a été affecté à l’abattage d’arbres et où il a contracté une infection pulmonaire.
En janvier 1945, il a participé à une marche de la mort dans la neige à travers la forêt pendant une dizaine de jours. Son groupe est arrivé dans un camp de la jeunesse hitlérienne à Rieben au nord-ouest de Dantzig, avant qu’il ne soit libéré par les Soviétiques.
Il est par la suite retourné à Angoulême, où il a appris que toute sa famille avait été assassinée.
Il a vécu à Paris et a eu une fille, deux petites-filles et deux arrière-petites-filles.
Il a témoigné dans l’ouvrage La Rafle d’Angoulême, 8 octobre 1942, racontée par des survivants (2021) de Gérard Benguigui et Frank Svensen.
Henri Zajdenwergier avait été fait Chevalier de l’ordre national de la Légion d’honneur le 16 mai 2013 au Sénat. La décoration lui avait été remise par l’ambassadeur français en Estonie, Frédéric Billet.
https://x.com/Fondation_Shoah/status/1792860092544467096
https://x.com/Les_Derniers/status/1792839421936423092
https://x.com/RaquelGarridoFr/status/1792657185870139483