Décès de l’ancien patriarche grec-orthodoxe, Irineos Ier
Évincé en 2005 en raison d'allégations selon lesquelles il aurait vendu des terres du patriarcat à des résidents d’implantations, il affirmait que l'Église l'avait emprisonné à Jérusalem
L’ancien patriarche de l’Église grecque-orthodoxe de Jérusalem, qui a déclaré avoir été retenu en captivité par des responsables de l’Église dans la capitale pendant plus de dix ans, est décédé à l’âge de 83 ans.
L’Église a annoncé que l’ancien patriarche Irineos Ier est décédé samedi dans un hôpital d’Athènes, en Grèce.
Irineos avait été élu 140e patriarche grec-orthodoxe de Jérusalem en 2001, mais avait été démis de ses fonctions en 2005 en raison d’allégations selon lesquelles il aurait vendu trois propriétés de l’Église à un groupe juif d’extrême-droite, Ateret Cohanim. Cette association sioniste religieuse a pour vocation de « judaïser » la partie orientale de Jérusalem, annexée par l’Etat hébreu, et y rachète des logements depuis des années, en se servant de sociétés écran qui ne lui sont pas officiellement liées.
La vente de ces propriétés avait déclenché la colère des Palestiniens et avait conduit à la révocation d’Irineos par les responsables de l’Église. Il n’a jamais cessé de nier avoir pris part à ces transactions.
Il était le premier patriarche à être démis de ses fonctions en plus de 200 ans, selon The Telegraph. Les patriarches de l’Église grecque-orthodoxe sont généralement nommés à vie.
Son successeur, Théophile III de Jérusalem, avait contesté les ventes de propriétés devant les tribunaux, ce qui avait donné lieu à une longue bataille juridique qui s’est terminée l’an dernier, lorsque la Cour suprême avait confirmé un jugement contre l’Église.
Irineos avait refusé d’accepter sa destitution et s’était installé dans un petit appartement au dernier étage du bâtiment du patriarcat à Jérusalem. Il a prétendu plus tard avoir été emprisonné dans le bâtiment par Théophile III.
Pendant la période où il se trouvait dans l’appartement, Irineos recevait de la nourriture de ses partisans, qui lui envoyaient les provisions dans un panier attaché à une corde qu’il descendait dans la rue.
L’Église a déclaré qu’Irineos avait refusé d’accepter sa destitution et qu’il s’était isolé de son propre chef, a rapporté Ynet.
Les journalistes de l’Associated Press ont été empêchés de rendre visite à Irineos en 2011. La police avait déclaré, à l’époque, qu’elle ne s’était pas impliquée dans l’affaire car aucune plainte n’avait été déposée.
En 2019, Irineos Ier avait déclaré au consulat grec de Jérusalem qu’il était emprisonné de facto et que son passeport avait été volé. Il a déclaré que Théophile III essayait de le forcer à être transféré dans un monastère près de Jéricho.
Sa santé s’était détériorée en 2019 ; il était alors rentré en Grèce.
Il est né sur l’île de Samos et est décédé à Athènes.
L’Église grecque-orthodoxe est la plus grande et la plus riche des églises de Terre Sainte, et possède d’énormes biens immobiliers datant de plusieurs centaines d’années. Elle est régulièrement accusée de vendre ou de louer des propriétés à Israël dans des zones à prédominance palestinienne.