Décès de l’avocat français Joseph Roubache
Il avait notamment fondé l’Association internationale des juristes juifs, milité en faveur des Juifs d’URSS et œuvré pour le devoir de mémoire et contre l’antisémitisme
L’avocat français Joseph Roubache est décédé vendredi à l’âge de 85 ans, a rapporté sur les réseaux sociaux l’un de ses amis, le député Meyer Habib.
Né le 27 janvier 1935 à Mostaganem, en Algérie, Joseph Roubache était diplômé d’études supérieures de droit et avocat à la Cour d’appel de Paris. Il avait été fait Chevalier de la Légion d’Honneur en 2012.
En 1967, dans la lignée de la guerre des Six jours, il avait fondé l’Association France-Israël des Juristes, avec à sa tête Maurice Rolland, grand résistant, Compagnon de la Libération et président de la chambre criminelle de la Cour de cassation. L’association avait alors pour but de rapprocher les juristes français des israéliens.
En 1970, avec le prix Nobel de la paix René Cassin, il a créé l’Association internationale des juristes juifs, « ouvert également aux non-juifs, capable de porter les messages universels des prophètes pour la compréhension et la paix des peuples », décrivait Cassin.
Roubache a plus tard milité en faveur des Juifs d’URSS, organisé des voyages d’études de juristes français en Israël et œuvré pour le devoir de mémoire de la Shoah et contre le racisme et l’antisémitisme. En 1985, il a également organisé une exposition au Grand Palais intitulée « De la Bible à nos jours, 3 000 ans d’art – Les manuscrits de la Mer Morte », qui visait à rapprocher les peuples.
Le père de Joseph Roubache, René Samuel, avait été déchu de ses fonctions d’avocat et radié du barreau pendant la guerre.
Dans un texte publié en 2012, alors que Joseph Roubache s’apprêtait à recevoir les insignes de commandeur dans l’ordre de la Légion d’honneur, l’avocat Christian Charrière-Bournazel rendait hommage à son confrère et ami, soulignant son humanisme.
Il rapportait notamment des propos de Me Roubache, qui a exprimé au sujet de son expérience de la guerre quand il était enfant : « Ces évènements m’ont appris trois choses : d’abord, le rejet de toute discrimination entre les hommes, quelle que soit leur appartenance ; ensuite, la force de la conviction, du courage et de la détermination à défendre les valeurs auxquelles on croit, quel que soit le danger encouru ; enfin, la confiance qu’il faut avoir dans le destin, car lorsque tout est perdu, c’est là que l’espoir renaît. »
Christian Charrière-Bournazel commentait ensuite : « Ceux qui vous connaissent ont toujours été frappés par ce sourire fraternel et ironique qui vous rend immédiatement accessible à tous. C’est votre façon de jeter, comme vous dites, des ponts entre les êtres humains, aussi différents puissent-ils être, et de vous sentir solidaire de leur destin. »
« Joseph était un immense avocat, un ténor du barreau de Paris depuis des décennies », l’a décrit Meyer Habib dans son hommage sur les réseaux sociaux. « Fin juriste, plaideur hors pair, maître Roubache était d’abord un homme d’esprit, pétri de valeurs et d’idéal. Tout au long de sa carrière exceptionnelle, il n’a eu de cesse de défendre les valeurs du judaïsme, la cause d’Israël et lutter sans relâche contre l’antisémitisme, ainsi que son nouveau visage, l’antisionisme. (…) La disparition de ce géant est une grande perte pour la France, la communauté juive, les amis d’Israël et du peuple juif. »