Dédiée à un soldat mort au combat, la course cycliste Wheels of Love a repris ses marques
Annulée l'an dernier en raison du 7 octobre, la 24e édition de la course de bienfaisance pour l'hôpital ALYN de Jérusalem s'est déroulée en l'honneur de son ex-bénévole Yakir Hexter
En cette après-midi fraiche et ensoleillée de novembre, à Jérusalem, des centaines de cyclistes revêtus de maillots bleus et blancs ont franchi la ligne d’arrivée dans l’enceinte de l’hôpital ALYN, à Jérusalem, sous les hourras d’une foule compacte composée d’amis, parents, patients et membres du personnel de l’hôpital.
Ce jeudi eut lieu le retour triomphal de la course cycliste caritative « Wheels of Love », qui se dispute chaque année plusieurs jours durant au profit de l’hôpital ALYN, vénérable centre de rééducation pédiatrique. L’édition 2023 avait dû être annulée à cause de la guerre entre Israël et le Hamas.
Cette randonnée à vélo a été « très difficile mais aussi très émouvante » et cela a été « un grand soulagement de la terminer », confie au Times of Israel Ezra Hexter, 20 ans, immédiatement après la fin de la course.
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C’était sa première participation à cet événement, et il l’a fait dans un but bien précis : rendre hommage à son frère aîné, le regretté Yakir, bénévole d’ALYN et sergent de première classe tué en janvier dernier à Gaza dans les rangs des réservistes. Cette course lui était dédiée.
Le nom de son frère était écrit sur les maillots portés par les centaines de coureurs, ce qui « était très difficile, comme un coup de poing dans l’estomac à chaque regard », poursuit Hexter. Mais il explique que dans le même temps, cela lui a « donné beaucoup de force pour continuer à rouler ». Son père, Josh Hexter, a lui pris le départ de la course.
Les cyclistes, dont certains avaient parcouru plus d’une centaine de kilomètres lors des quatre jours de course, ont déposé leur vélo pour se retrouver dans la zone de réception en plein-air, parler, rire et savourer les rafraîchissements qui leur étaient proposés. Un clown sur des échasses déambulait, un porte-voix à la main, ce qui donnait une touche carnavalesque à ce moment mis en musique par un DJ.
Selon les organisateurs, ils sont 330 coureurs à avoir pris part à la course cette année – avec une grosse proportion de participants étrangers – , qui ont permis de récolter près de 3 millions de dollars pour l’hôpital.
La course a commencé le dimanche précédent par un événement placé sous le signe de la solidarité au kibboutz Beeri, près de Gaza, après quoi les participants ont choisi l’itinéraire qui leur convenait le mieux en fonction du degré de difficulté, entre la mer Morte et Jérusalem. Ils sont nombreux à avoir parcouru toute la distance durant les quatre jours de la course, mais ils étaient libres de rejoindre le peloton pour des étapes plus courtes.
Chaque journée faisait l’objet d’une programmation millimétrée avec un réveil aux aurores, un créneau pour la prière des pratiquants et les pauses-repas, le tout ponctué de plusieurs heures de vélo – huit, au maximum. Le soir, au moment de dîner, les coureurs se retrouvaient dans des hôtels situés le long de l’itinéraire – moment de partage mais aussi de préparation de l’étape du lendemain avant d’aller goûter à un sommeil réparateur.
Un cortège de policiers et d’agents de sécurité, à moto et à bord de véhicules de police, a accompagné les cyclistes sur l’ensemble de l’itinéraire. Et pour certains d’entre eux, il s’agit d’un rendez-vous de longue date.
Un retour en forme
« Ce fut une semaine merveilleuse et incroyable », estime Naomi Liberman, directrice exécutive des Amis de l’hôpital ALYN et l’une des principales organisatrices de la course.
L’an dernier, tout le monde était en train de se préparer et de s’entraîner pour la course, normalement organisée en novembre, lorsque le Hamas a commis le pogrom, le 7 octobre, rappelle-t-elle. Israël étant en guerre, l’édition 2023 a été annulée, mais « quelques courses solidaires ont été organisées » aux États-Unis et en Europe.
Le 7 octobre 2023, des milliers de terroristes dirigés par le Hamas ont quitté la bande de Gaza pour attaquer le sud d’Israël par surprise et massacrer 1 200 personnes et faire 251 otages enlevés à Gaza. Israël a réagi en déclarant une guerre au Hamas qui se poursuit et s’est même intensifiée pour inclure le Hezbollah et l’Iran.
Le retour réussi de l’événement caritatif, cette année, pour la 24e édition de Wheels of Love, alors que la guerre continue de faire rage et que la desserte aérienne d’Israël n’est pas sans poser problème, est « un moment de pure joie », affirme Liberman.
« C’est la seule course caritative [en Israël] qui n’ait pas été annulée à cause de la guerre », poursuit-elle.
« Il y a beaucoup de nouvelles têtes… c’est un véritable événement communautaire », ajoute-t-elle. Nombre des participants sont des « actifs de haut niveau qui prennent une semaine de congé » pour les besoins de la course, sans compter le temps nécessaire à la formation et à la collecte de fonds. Pour autant, ils se font un point d’honneur à participer, et ce, depuis de nombreuses années, précise-t-elle.
L’aspect communautaire était patent lors de l’événement de clôture. Nombre de cyclistes étaient entourés des leurs, pour de joyeuses retrouvailles après plusieurs jours de séparation. Les cyclistes étaient à l’aise les uns avec les autres, comme de vieux compagnons, et les plaisanteries et bons souvenirs se sont invités lors des réjouissances. Dans la mesure où ils étaient nombreux à parler anglais, l’événement s’est tenu en anglais et en hébreu.
« Les rapides et les audacieux »
ALYN est un centre de rééducation pédiatrique très réputé ouvert aux enfants et jeunes adultes de tous les horizons. Liberman en parle d’ailleurs comme d’un « lieu de paix et d’espoir ».
Certains patients d’ALYN sont pris en charge après des blessures graves, mais ils sont nombreux à souffrir de déficiences chroniques ou de handicaps variés.
Accompagnés de leurs proches, de jeunes patients, certains atteints de maladies très graves, sont venus saluer les cyclistes et leur remettre des médailles pour les récompenser d’avoir terminé la course. Pour l’occasion, les cyclistes se sont mis en rangs.
Il est de coutume que quelques patients d’ALYN participent à la course, au sein d’un groupe surnommé « Les rapides et les audacieux ». Cette année, ils étaient 16, âgés de 10 à 21 ans, chacun accompagné d’un adulte, à triompher de plusieurs étapes du trajet après un entraînement de près d’un an.
Pour certains, la préparation a été plus longue encore. Mati Weiss, 17 ans, qui participe à Wheels of Love depuis ses huit ans, s’était entraînée en 2023 pour faire la totalité de la course – une première dans son cas -, mais la course a été annulée.
Paralysée depuis la naissance à partir de la taille par une tumeur à la colonne vertébrale, Matti utilise un vélo adapté. Cette année, elle a pu prendre la départ durant les quatre jours et elle a même terminé en tête du groupe, ce qui lui a valu un grand sourire.
« Quand j’étais petite, je fréquentais ALYN en tant que patiente. C’était difficile », confie Weiss. « Aujourd’hui, je continue de venir à ALYN, mais cette fois en tant qu’athlète, pour collecter des fonds au profit d’autres enfants qui ont besoin de rééducation… J’espère que les enfants d’aujourd’hui pourront se joindre à nous un jour et faire du vélo pour ALYN. »
Les enfants d’ALYN qui ont participé à la randonnée, cette année, « s’entraînent depuis deux ans », en prenant parfois sur le temps scolaire, explique Hadas Hendler, thérapeute sportive à l’origine de la formation « Les rapides et les audacieux » et participante de cette édition.
Pour les jeunes patients, le fait de pouvoir prendre le départ de cette course « fait en quelque sorte partie de leur rééducation » et « leur donne l’impression qu’ils peuvent réussir », poursuit-elle. La préparation physique requise, dans leur cas, demande beaucoup d’efforts : elle est l’œuvre d’Etgarim, organisation spécialisée dans l’entrainement sportif des enfants et adultes handicapés, ajoute-t-elle.
« Voir les visages des enfants lorsqu’ils terminent la course, cela vaut tout l’or du monde », déclare Hendler.
L’hôpital ALYN surplombe le quartier pittoresque d’Ein Kerem à Jérusalem, sur lequel le soleil s’est couché alors qu’une courte cérémonie, menée pour l’essentiel en anglais, a sonné la fin de cette édition.
Après plusieurs discours et la prestation musicale entrainante de certains participants, la cérémonie a pris un tour plus sombre lorsqu’un drapeau israélien a été hissé et qu’a été cité le nom des soldats morts à Khan Younès en même temps que Yakir Hexter, à qui cette édition de la course était dédiée.
Deux amis réservistes de l’unité d’Hexter, Daniel et Elyasaf, avaient obtenu une permission pour participer au dernier jour de la course, entre Moshav Bar Giora, dans les contreforts de la Judée, jusqu’à l’hôpital ALYN.
Contrairement à beaucoup de participants, ils étaient loin d’être de grands cyclistes, et l’ascension a été « incroyablement difficile », ont-ils dit en ajoutant : « Cela en valait la peine, en mémoire de notre ami. »
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