Manque de soldats : Tsahal rappelle 15 000 réservistes démobilisés il y a peu
La décision est liée au manque de ressources à cause des hostilités à Gaza et dans le nord ; Edelstein invite Tsahal à participer à la rédaction du projet de loi sur le service des Haredim
Face au manque persistant de soldats, en raison de la guerre à Gaza, les hautes autorités de la Défense ont pris la décision de rappeler près de 15 000 réservistes pourtant démobilisés il y a peu.
Au moyen d’une déclaration conjointe publiée lundi, l’armée israélienne et le ministère de la Défense ont expliqué leur décision d’annuler les ordres de démobilisation par de nouvelles informations concernant « l’étendue des activités de l’armée permanente et de la réserve, dans le cadre du protocole permettant à Tsahal de relever le nombre de réservistes en service actif ».
L’armée israélienne a indiqué avoir d’ores et déjà commencé à rappeler les Israéliens concernés – essentiellement ceux qui exercent des fonctions critiques –, et laissé entendre que ceux qui le pouvaient seraient incorporés « suivant les besoins opérationnels ».
Les réservistes qui seront rappelés sont ceux qui bénéficiaient jusqu’alors d’exemptions pour des motifs de réductions de personnel ou qui sont plus jeunes que l’âge d’exemption – 40 ans pour la plupart des soldats, 45 pour les officiers et 49 pour les spécialistes.
Le président de la commission des Affaires étrangères et de la Défense de la Knesset, Yuli Edelstein, s’est réjoui de cette décision « même si elle a pris neuf mois et a fini par sortir grâce au projet de loi soutenu par les membres » de sa commission.
Le mois dernier, ce député du Likud a proposé un projet de loi visant à annuler l’exemption accordée aux réservistes avant l’âge officiel d’exemption et faire en sorte que les réservistes soient rappelés au service sauf à bénéficier d’une nouvelle exemption à l’issue d’un examen au cas par cas.
Selon la Douzième chaîne, pas moins de 170 000 exemptions de ce type ont été accordées ces dix dernières années. La radio publique Kan parle de 50 000 personnes éligibles au service actif qui n’ont pas été rappelées suite au pogrom du 7 octobre.
« Il s’agit d’une décision importante pour répondre aux besoins de main-d’œuvre de Tsahal. La prochaine étape sera une loi d’enrôlement réelle et efficace. J’invite d’ailleurs l’armée israélienne et le ministère de la Défense à prendre une part active à sa rédaction, afin qu’il ne faille pas attendre neuf mois de plus pour corriger des années d’erreurs », a poursuivi Edelstein, visiblement déçu par le peu d’implication de la Défense dans les travaux de son comité sur le projet de loi de conscription des étudiants ultra-orthodoxes des yeshivot.
« Nous avons besoin de soldats ici et maintenant », a-t-il ajouté.
L’armée israélienne souffre d’un manque de main-d’œuvre lié aux hostilités à la frontière nord et la guerre à Gaza, qui a commencé le 7 octobre, lorsque des terroristes dirigés par le Hamas ont ravagé les communautés du sud, massacré 1 200 personnes et faisant 251 otages.
En juin, Edelstein a suspendu les travaux destinés à proroger de plusieurs mois une mesure temporaire relevant l’âge d’exemption du service militaire de réserve de 40 à 41 ans pour les soldats et de 45 à 46 ans pour les officiers, au motif qu’elle passerait sans « large consensus ».
Pour remédier par un autre moyen aux pénuries de main-d’œuvre, le gouvernement a donné le mois dernier son feu vert à un projet de loi ayant pour effet de porter la durée du service obligatoire pour les soldats de sexe masculin à trois ans.
Selon ce projet de loi, les cinq prochaines années, les soldats de sexe masculin feront donc un service de 36 mois, ce qui permettra ainsi au texte de couvrir une période de huit ans.
Par ailleurs, l’armée israélienne a commencé à convoquer des membres de la communauté ultra-orthodoxe en application de la décision de Cour suprême selon laquelle aucune loi ne permettait d’exclure les hommes haredim de la conscription.
Le mois dernier, lors d’une audience à la Knesset, Edelstein avait critiqué la façon dont les choses se passaient, accusant le gouvernement de n’avoir « aucun projet précis » pour la conscription des Juifs ultra-orthodoxes.
« Je ne comprends pas pourquoi il était si urgent d’annoncer hier que des milliers d’ordres de conscription avaient été émis pour les ultra-orthodoxes, alors qu’aujourd’hui il s’avère qu’il n’y a ni plan ni chiffres précis », avait-il déclaré à ce moment-là, ajoutant espérer que Tsahal « présente un projet détaillé et des chiffres précis ».
Au début du mois, à l’occasion de son témoignage devant la commission des Affaires étrangères et de la Défense de la Knesset, le chef de la division de la planification et de la gestion du personnel à la Direction du personnel de Tsahal avait expliqué aux députés que le faible taux de mobilisation des hommes ultra-orthodoxes, ces dernières semaines, pouvait s’expliquer par les récentes et violentes émeutes contre la conscription, qui ont pu effrayer de potentielles recrues.