Des agriculteurs tenaces s’unissent pour éteindre les flammes des roquettes du Hezbollah
Dans ce village agricole, à 15 km de la frontière libanaise, les riverains unissent leurs forces pour éteindre les incendies allumés par les projectiles et replanter les avocatiers

Quelques instants après un tir de roquettes du Hezbollah sur le nord d’Israël, jeudi matin, le producteur d’avocats Michael Boyarsky est sorti de son abri et a vu de la fumée s’échapper de la maison de son voisin, à 80 mètres, en lisière de sa plantation d’avocats.
Une roquette Grad de conception soviétique avait touché la maison. Son voisin n’était pas chez lui et personne n’a été blessé, mais l’incendie qui s’en est suivi s’est propagé rapidement et a brûlé une rangée d’avocatiers plantés il y a peu par Boyarsky.
Sans attendre l’arrivée des pompiers, Boyarsky a arraché un des tuyaux d’irrigation qui serpentent au milieu de ses plantations d’avocats et a pulvérisé de l’eau pour éteindre le feu.
Les camions de pompiers ont fini par arriver mais, entre-temps, les voisins du village étaient venus à la rescousse pour éteindre l’incendie.
« Cela m’a fait chaud au cœur de voir tout le monde accourir pour m’aider », confie Margalit, l’épouse de Boyarsky, en m’emmenant voir les dégâts, le vendredi suivant.
« Mais cette attaque prouve à quel point tout cela est dangereux. »

Les roquettes tombées dans la communauté faisaient partie d’un d’une salve de plus de 120 roquettes et drones tirés sur le nord d’Israël jeudi matin.
C’était le jour de la fête de Simhat Torah, un an jour pour jour après l’attaque terroriste du Hamas lors du précédent Simhat Torah – le 7 octobre 2023 –, lorsque des milliers d’hommes armés ont déferlé sur Israël pour y assassiner près de 1 200 personnes et faire 251 otages.
Depuis le 8 octobre 2023, le Hezbollah attaque presque chaque jour Israël, officiellement en soutien à l’organisation terroriste du Hamas à Gaza.
En septembre, après un an d’attaques, Israël a redoublé d’intensité au niveau des représailles en alternant frappes contre des commandants sur le terrain et des hauts dirigeants à Beyrouth, qui ont décimé l’organisation et mis à mal une grande partie de ses capacités.
Les attaques contre le nord d’Israël ont fait 29 victimes côté civil, auxquelles s’ajoutent 55 soldats israéliens tués dans des combats transfrontaliers ou lors de l’opération terrestre qui a suivi dans le sud-Liban, fin septembre.
L’odeur tenace du feu

Il règne une odeur tenace de feu ce vendredi, au lendemain des faits.
Margalit marche jusqu’au bout de son terrain, entre morceaux de portes, meubles et chaises brûlés. Des oranges pendent des branches d’un arbre calciné.
La roquette a atterri dans son jardin, à l’arrière de la maison. Des éclats d’obus, ainsi que l’intercepteur du Dôme de fer, se sont dispersés dans le jardin de leur fille à une centaine de mètres de là.
Un éclat d’obus a troué les murs d’enceinte de la petite usine d’emballage de la famille, avant de se loger dans un mur, de l’autre côté.
« Personne ne travaillait parce que c’était un jour férié », explique Margalit. « Sinon, les gens auraient pu être gravement blessés ou tués. »
Elle dit avoir entendu la sirène annonciatrice d’une attaque imminente « quelques instants seulement » avant une « très forte » explosion qui a fait voler en éclats le calme de ce jour de fête.
Son mari et elle ont attendu à l’intérieur de leur abri pendant une dizaine de minutes avant de sortir voir les volutes de fumée noires et le début d’incendie à l’autre bout de leur plantation d’avocatiers.
Une communauté agricole
Netiv Hasharaya se trouve à une quinzaine de kilomètres de la frontière libanaise. Il s’agit d’un moshav – un village agricole – en activité, fondé en 1950 et composé de fermes individuelles.
La plupart de ses fondateurs étaient originaires d’Iran, du Kurdistan et d’Irak : ce sont eux qui ont fondé les premières des petites fermes familiales qui se partagent encore parfois du matériel agricole.

Aujourd’hui, le moshav compte une centaine de familles. Il reste un producteur laitier encore en activité, les autres fermes s’étant spécialisées dans la culture des avocats. Il y a aussi plusieurs maisons d’hôtes, mais « personne ne vient plus », regrette la propriétaire de l’une d’entre elles, Ronny Gavrieli.
Les agriculteurs conduisent des tracteurs le long de la route.
Le linge suspendu sur des cordes à linge, à côté des maisons, se balance doucement dans la brise. La scène a quelque chose d’une paisible normalité alors qu’au loin se dresse la frontière vallonnée du Liban, inquiétante toile de fond.
Le Commandement du Front intérieur de Tsahal a limité les rassemblements et fermé les écoles. Mais, explique Margalit, les habitants refusent obstinément de partir.
« Nous n’avons pas été évacués, et nous n’évacuerons pas », assure-t-elle.

Michael Boyarsky rappelle qu’il y a aussi eu des attaques contre des maisons pendant la deuxième guerre du Liban, en 2006, mais que c’est la première fois depuis le début de ces combats que quelque chose retombe dans la communauté.
La communauté fait face à la ville arabe de Sheikh Danun, et les relations entre communautés sont « bonnes », estime Margalit.
« Ce serait si facile de vivre ensemble », conclut-elle.
« Cette guerre est parfaitement inutile, mais le Hezbollah ne veut pas de nous ici, alors nous n’avons pas le choix. »
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