Des centaines de militants de droite organisent une prière non-mixte à Tel Aviv
Cet office religieux a pour but de protester contre la récente interdiction par la ville blanche de la prière publique séparée
Des centaines de militants de droite ont assisté jeudi aux offices de midi et du soir sur la place Dizengoff de Tel Aviv pour protester contre l’interdiction des prières publiques décrétée par la municipalité.
Cette manifestation a été organisée après la publication, en début de semaine, d’une lettre du directeur général adjoint de la municipalité de Tel Aviv, qui rejetait la demande d’une organisation souhaitant organiser des prières publiques à l’extérieur pendant la période précédant Yom Kippour, qui aura lieu cette année les 11 et 12 octobre.
Au cours de la manifestation, qui comportait des appels à la vengeance contre les Palestiniens, une femme a été poussée de côté et on lui a dit qu’elle troublait l’ordre public parce qu’elle se tenait au milieu d’hommes pendant la prière de protestation.
La prière avait été programmée il y a deux jours en réponse à l’interdiction manifeste de la municipalité d’organiser des prières séparées pour les hommes et les femmes sur les places publiques.
La ville mène depuis longtemps une politique contre la non-mixite dans les lieux publics, arguant qu’il existe suffisamment de synagogues privées pour accueillir tous les courants religieux qui souhaitent prier avec des hommes et des femmes séparés les uns des autres.
Dans la lettre, publiée par la Quatorzième chaîne de télévision, une chaine de droite, Rubi Zluf, de la municipalité, explique que la pratique d’organiser des prières en plein air avait été instaurée lors de la pandémie du COVID, quand les grands événements ne pouvaient être organisés à l’intérieur des bâtiments. Le problème n’étant plus d’actualité, la lettre précise que la demande d’organisation à titre privé d’une séance de prière non-mixte dans un espace public ne pourra être approuvée.
La municipalité a toutefois publié un communiqué supplémentaire mardi, dans lequel elle a précisé que chaque demande d’événement de prière public serait examinée au cas par cas, soulignant qu’à Tel Aviv « tout le monde peut prier où il veut. »
La demande pour la tenue d’un office de prière pour Yom Kippour sur la place Dizengoff a été rejetée car elle aurait troublé l’ordre public en imposant la non-mixité dans un espace public, a rapporté la Douzième chaîne jeudi.
Malgré les éclaircissements de la municipalité, ce sont près de 800 personnes qui avaient rejoint dès mercredi un groupe WhatsApp créé pour organiser le lendemain une prière de protestation sur la place Dizengoff – devenue depuis dix mois le mémorial improvisé des victimes du massacre du 7 octobre.
L’office comprenait les prières de midi et du soir, avec des danses non mixtes entre les deux offices.
Pendant l’office, un manifestant s’est promené sur la place Dizengoff avec une pancarte sur laquelle on pouvait lire « tout droit en prison avec l’antisémite Huldaï », en référence au maire de Tel Aviv Ron Huldaï.
Selon la Douzième chaîne, un autre participant aurait assimilé la municipalité de Tel Aviv à l’Allemagne nazie, déclarant que son grand-père avait subi « exactement la même chose » en Allemagne.
Des danseurs ont chanté un passage du Livre des Juges 16:28. Dans ce passage, Samson demande à Dieu de l’aider à se venger des oppresseurs philistins des Israélites.
Au lieu de « Philistins », les militants d’extrême droite crient « Palestine », ajoutant « que son nom soit effacé ».
Certaines des personnes présentes ont refusé d’être interviewées, déclarant qu’elles ne parleraint qu’à la Quatorzième chaîne.
Adi, une habitante de Tel Aviv, a raconté qu’on lui a demandé de partir alors qu’elle se tenait au milieu d’hommes pendant la prière. « Ils ont dit que j’étais musulmane, que je n’étais pas Juive. »
La police l’a écartée, affirmant qu’elle causait des troubles à l’ordre public.
During a protest prayer at Tel Aviv's Dizengoff Square Thursday, a crowd dances, paraphrasing Judges 16:28 to ask God help them take revenge on "Palestine, may its name be expunged." pic.twitter.com/lii8yBH1hJ
— Noam Lehmann (@insomniacalpaca) August 8, 2024
Shlomo, un reporter du journal ultra-orthodoxe Mishpacha, a affirmé que la prière a été organisée pour promouvoir l’unité nationale.
« L’État d’Israël est la maison du peuple juif en fin de compte », a-t-il dit.
« Le peuple ne peut pas accepter » une interdiction de la prière juive en public, a-t-il estimé, notant l’approbation par la municipalité de la Gay Pride et d’une prière musulmane annuelle au parc Charles Clore.
Entre les offices de prière, des hommes se sont lancés dans des danses et ont appelé à se venger des Palestiniens – une demande qui semble distincte de la protestation contre la municipalité.
Les participants ont scandé un passage de Juges 16:28, dans lequel Samson demande à Dieu de l’aider à se venger des oppresseurs philistins des Israélites.
Les militants d’extrême droite ont remplacé « Philistins » par « Palestine » et ont ajouté : « Que son nom soit effacé ».
La manifestation s’est terminée dans le calme, sans troubles majeurs, et les manifestants se sont dispersés d’eux-mêmes une fois la manifestation terminée.
La question de l’organisation d’un office de prière publique le jour de Yom Kippour dans la ville majoritairement laïque n’est pas nouvelle.
En 2023, un groupe religieux orthodoxe avait défié la municipalité de Tel Aviv et la Cour suprême en installant une barrière improvisée pour séparer les gens en fonction de leur sexe lors d’un office collectif de prière sur la place Dizengoff.
L’événement a été contesté par des activistes libéraux, qui ont empêché la tenue des prières en enlevant les chaises et la barrière, ce qui a provoqué d’âpres discussions entre les deux camps, les rancœurs ayant explosé après une année de division civile sans précédent.