Des centaines de personnes protestent contre un pèlerinage hassidique à Haïfa
Des chrétiens se plaignent que des membres de Shuvu Bonim ont commencé à prier au monastère Stella Maris où ils croient qu'un prophète biblique est enterré
Quelque 300 personnes ont manifesté dimanche dans un monastère chrétien de Haïfa contre ce qu’elles considèrent comme une récente tendance des pèlerins juifs à prier sur le site.
Cette manifestation a eu lieu après l’arrestation, la semaine dernière, d’un chrétien qui avait agressé deux hommes juifs au monastère Stella Maris, situé sur les pentes du mont Carmel. Bien que le site soit lié au prophète biblique Élie, les membres d’une secte juive hassidique affirment qu’il abrite également la tombe de son disciple, le prophète Élisée (Elicha, en hébreu).
Au cours du rassemblement, les manifestants ont protesté contre les visites de prière des Juifs hassidiques. Selon les médias israéliens, les visiteurs juifs appartiennent à un sous-groupe de la communauté hassidique de Breslev, la secte Shuvu Bonim, dirigée par le rabbin Eliezer Berland, condamné pour agression sexuelle et escroquerie.
Les manifestants ont déclaré à Ynet qu’ils étaient favorables à la coexistence à Haïfa, qui abrite une population mixte juive et arabe, mais que le site était sacré pour la communauté chrétienne.
Ils ont menacé d’expulser les membres de Shuvu Bonim s’ils tentaient à nouveau de prier au monastère.
Les manifestants ont demandé à la police israélienne d’intervenir et d’empêcher ces Juifs hassidiques d’entrer sur le site.
La police a déclaré dans un communiqué dimanche que dans le but de réduire les tensions, une réunion a été organisée par la police de Haïfa, la maire Einat Kalisch-Rotem et les responsables municipaux, ainsi que les dirigeants des églises.
« Au cours de la réunion, les parties ont proposé un certain nombre de solutions et déterminé des moyens de travailler et de coopérer afin d’empêcher la répétition d’actes de ce type et de prévenir toute friction ou acte de violence « , a déclaré la police dans un communiqué.
Lors de la réunion, il a été décidé de désigner le monastère comme un « lieu sensible » qui nécessite une action rapide en cas d’incident ainsi qu’un renforcement des effectifs policiers dans le secteur « à la fois pour prévenir les tensions dans le monastère et pour préserver la structure normale de la vie dans la ville de Haïfa ».
Wadie Abunassar, porte-parole et conseiller des églises de Terre Sainte, a déclaré à Ynet que « nous sommes attristés » que la police ait enquêté sur l’homme chrétien qui a éjecté les Juifs en prière mais n’ait pas « localisé et arrêté ceux qui sont venus ici pour faire une provocation ».
Il a ajouté que, lors des discussions, les représentants de l’Église ont insisté pour qu’il soit mis fin aux visites « sinon les choses pourraient devenir incontrôlables ».
Abunassar a affirmé que les explorations archéologiques n’ont pas trouvé de preuves pouvant être liées à la période pendant laquelle Élie aurait vécu.
« Élie est également important pour nous « , a-t-il déclaré. « Croyez-moi, si nous trouvions sa tombe, nous lui accorderions tout le respect qui lui est dû. »
Il a averti que les « contes de vieilles femmes » des pèlerins de Shuvu Bonim pourraient « mettre le feu à la ville ».
Vendredi, la police a arrêté un habitant de Haïfa âgé de 53 ans pour avoir attaqué un homme hassidique qui venait prier sur le site. Une vidéo de l’incident a été partagée sur les réseaux sociaux et le suspect de l’attaque a finalement été libéré sous restrictions.
תושב חיפה בן 53 עוכב לחקירה בחשד שתקף אדם סמוך לכנסייה בעיר
(אורלי אלקלעי) pic.twitter.com/IujDkDcr2j— כאן חדשות (@kann_news) June 16, 2023
Cet incident est survenu après que deux autres hommes ultra-orthodoxes ont été filmés en train de prier à l’intérieur du monastère il y a deux semaines, dans ce qui a été considéré comme une provocation, a rapporté Ynet.
Une vidéo a circulé sur les réseaux sociaux, montrant les fidèles juifs dans l’enceinte du monastère, avec un texte en arabe décrivant les hommes comme des « colons juifs » qui « pénètrent dans l’un des sites chrétiens les plus sacrés ».
Ces propos semblent similaires aux allégations formulées contres les Juifs qui se rendent au mont du Temple à Jérusalem, le site le plus sacré pour les juifs et qui abrite la troisième mosquée la plus sacrée de l’islam. Les visites juives sur le site et les pressions croissantes en faveur de l’autorisation de la prière juive sur le Mont du Temple attisent souvent les tensions dans la capitale et au-delà.
Dans une vidéo datant de l’incident initial de Haïfa, l’un des hommes déclare qu’il prie sur le site chrétien en raison de son lien avec le prophète Élie.
Les incidents de Haïfa sont survenus alors que l’on signale de plus en plus souvent que des Juifs harcèlent des chrétiens à Jérusalem. Le grand rabbin séfarade de Jérusalem, Shlomo Amar, a condamné ce harcèlement la semaine dernière.