Des députés israéliens vont lancer un plan pour aider les plus âgés
La population âgée de 65 ans et plus devrait presque doubler au cours des 20 prochaines années et le gouvernement se contente d' "éteindre l'incendie" au coup par coup, a accusé un législateur de la coalition
Sue Surkes est la journaliste spécialisée dans l'environnement du Times of Israel.
Les membres de la Knesset réclameront mardi un plan directeur d’envergure nationale pour gérer ce que le ministre de la Santé a qualifié de « prochaine crise majeure » – à savoir une population de personnes âgées qui devrait presque être multipliée par deux en Israël au cours des 20 prochaines années.
Nachman Shai et Itzik Shmuli, de l’Union sioniste, aux côtés de Tali Ploskov du parti Koulanou lanceront cet appel alors que des représentants des ministères gouvernementaux et l’Institut national d’assurances, des universitaires, des autorités locales, des membres des caisses de santé et autres se réuniront à l’occasion de la Journée des personnes âgées à la Knesset.
Le bureau chargé de la recherche et des informations à la Knesset a préparé un document expliquant comment les autres pays, tels que l’Irlande, la République tchèque et Singapour, se préparent eux-mêmes à relever un défi similaire, a fait savoir la Deuxième chaîne lundi.
Actuellement, les responsabilités gouvernementales dans les services apportés aux populations âgées sont réparties entre les ministères. D’eux d’entre eux – l’un pour les affaires sociales, l’autre pour l’égalité sociale – gèrent les aides proprement dites tandis que le ministère de la Santé est responsable des maisons de retraite et le ministère des Finances intègre en son sein l’Autorité chargée des droits des survivants de l’Holocauste. De plus, l’institut national d’Assurance prend en charge les soins infirmiers et les avantages financiers propres à cette classe d’âge.
« Nous devons cesser simplement d’éteindre les incendies au coup par coup », a déclaré Ploskov à la deuxième chaîne. « Nous devons construire un plan directeur d’envergure nationale pour les personnes âgées dans lequel nous pourrons parler de tous les sujets qui les concernent ».
Environ 900 000 personnes sur 8,3 millions d’Israéliens (soit environ 11 %) étaient classées dans la catégorie des Seniors (65 ans et plus) en 2014, la dernière année où des chiffres ont été disponibles.
En 2035, ce chiffre devrait s’élever à 1,66 million et former 15 % de la population, selon un rapport établi en octobre 2016 par le directeur des services aux seniors au sein du ministère des Affaires sociales, Galit Mevorach.
Cette tendance s’explique par une baisse de la natalité (qui est encore relativement haute par rapport à d’autres pays occidentaux) et par l’augmentation de l’espérance de vie qui – à 80,3 ans pour les hommes et 84,1 ans pour les femmes – est l’une des plus élevées dans le monde.
Le défi recouvre à la fois le chiffre important et la diversité culturelle des personnes âgées : Seulement 28 % des retraités sont nés en Israël avec presque la moitié (49 %) qui a immigré avant 1990. Les 23 % restants sont arrivés après 1990, majoritairement depuis l’Union soviétique.
De plus, entre un quart et un tiers des Seniors sont des survivants de l’Holocauste. Un grand nombre d’entre eux revivent leurs traumatismes et leurs cauchemars aujourd’hui qu’ils ont cessé de travailler et qu’ils ont le temps de réfléchir.
Mevorach note que si qu’Israël « offre un grand nombre de services divers, fournis par de nombreuses agences… Le défi consiste à créer un système coordonné, accessible et efficace. Le système fragmenté rend difficile une utilisation optimale du système des services par les personnes âgées et leurs familles, ce qui engendre l’inefficacité ».
Elle ajoute qu’il « y a déjà une pénurie au niveau des infrastructures ainsi qu’un manque de main-d’oeuvre pour les soins aux personnes âgées dans tous les secteurs – médecins, infirmiers, travailleurs sociaux, soignants, etc… »
La Claims Conference sur les biens spoliés des Juifs contre l’Allemagne, qui négocie avec le gouvernement allemand pour obtenir des réparations financières pour l’Holocauste, a transféré 1,38 milliard de dollars en Israël entre 1988 et 2016 pour des investissements de services et de capitaux au profit des survivants israéliens.
Cet argent a permis d’investir 109 millions de dollars pour la construction et la rénovation de structures hospitalières (depuis l’an 2000), 155 millions de dollars en direction des maisons et des centres de retraite (depuis 1990) et 42 millions de dollars en faveur des logements sociaux (depuis 1996).
Toutes ces structures sont mises au service des survivants – qui doivent représenter au moins la moitié de tous les utilisateurs – mais elles bénéficient également aux seniors n’ayant pas subi l’Holocauste.
Ce soutien sous forme de capital devrait disparaître progressivement au cours des prochaines années, alors que les revenus de la Claims Conference issus de la vente des biens juifs non-réclamés en Allemagne de l’est touchent à leur fin.
Lors d’un récent événement organisé à la Knesset pour honorer la Claims Conférence, le ministre de la Santé Yaakov Litzman (Yahadout Hatorah) a prédit que la nécessité de la prise en charge des personnes âgées serait « la prochaine crise majeure ».
Le parlementaire Eli Alalouf (Koulanou), qui dirige la Commission gouvernementale de lutte contre la pauvreté et qui avait initié cette cérémonie à la Knesset, a accusé le ministère des Affaires sociales de ne disposer actuellement d’aucun budget pour le développement des investissements, dépendant entièrement des dons.
Roni Ozeri, président de l’Association des maisons de retraite en Israël, a confirmé que « pas une agora [un centime] ne provient du gouvernement » dans la rénovation des maisons de retraite, « et nous devons penser au lendemain [du jour où s’assècheront les financements de la Claims Conference] ».
Shlomo Mor-Yosef, directeur de l’Institut national d’Assurances, a déclaré pour sa part que « le gouvernement doit préparer des programmes et s’habituer au fait que la Claims Conference ne sera pas éternelle et que la population des seniors ne fait qu’augmenter, indépendamment des survivants ».
Au début de l’année, un rapport spécial établi par le Contrôleur de l’état et publié quelques jours avant Yom Hashoah dépeignait une image choquante de l’échec gouvernemental à étendre son aide en faveur aux survivants de l’Holocauste, qui sont 1 000 à mourir par mois.
Ce rapport décrivait une coordination gouvernementale médiocre, l’échec à utiliser des fonds déjà prévus dans les budgets, des lois complexes difficiles à appréhender pour les survivants âgés – dont un grand nombre ne peut ni utiliser internet, ni s’exprimer de manière convenable en hébreu – et dénonçait un manque de soutien gouvernemental pour les rescapés arrivés en Israël depuis l’Union soviétique dans les années 1990.