Des élus fustigent le gel, par le gouvernement, du financement des oulpanim privés
La coalition a suspendu, sans préavis, la distribution de bons pour couvrir les coûts des cours dans des écoles privées d'hébreu
Des législateurs ont accusé le gouvernement de causer des difficultés financières et des désagréments aux nouveaux immigrants mardi, suite à la décision du ministère de l’Immigration et de l’Intégration de mettre fin à la distribution de bons pour des cours dans des écoles privées d’hébreu, au début du mois.
Ces dix dernières années, les nouveaux immigrants ont eu le choix entre apprendre l’hébreu dans des écoles de langue gérées par l’État, connues sous le nom d’oulpan, ou recevoir des bons pour couvrir le coût d’un enseignement privé.
Cependant, ces paiements ont cessé brusquement sans avertissement le 6 mars, laissant les écoles privées et les étudiants dans l’impossibilité de se préparer au changement.
« Sans le programme de bons, des milliers d’immigrants ne pourront pas étudier dans des oulpanim privés de la manière qui leur convient », a déclaré Ami Steinberger, de l’oulpan privé La-Inyan, devant la commission de la Knesset chargée de l’immigration, de l’intégration et des affaires de la diaspora.
« Nous avons un engagement financier envers les enseignants qui reçoivent un salaire de notre part, et sans préavis, le ministère de l’Immigration et de l’intégration a changé sa politique de financement des bons d’études », a abondé Janet Weinberg, directrice de l’Organisation des ingénieurs et architectes immigrés.
Lorsqu’un nouvel immigrant étudie dans un oulpan public, ses frais de scolarité sont automatiquement payés à l’école par le gouvernement. Lorsqu’il étudie dans un oulpan privé, il paie ses propres frais de scolarité et demande ensuite un remboursement au gouvernement.
« Je suis maman d’un petit bébé et l’apprentissage dans un oulpan privé me permet d’étudier à des heures qui me conviennent et [même] en ligne, ce qui n’est pas le cas dans les oulpanim publics », a expliqué Carolina, une nouvelle immigrante.
Même si le gouvernement avait décidé d’arrêter complètement le financement des oulpanim privés, il aurait dû donner du temps pour se préparer à un tel changement de politique, a déclaré le président de la commission, le député Oded Forer (Yisrael Beytenu), affirmant que la concurrence entre les écoles de langues publiques et privées « ne produira qu’un meilleur enseignement pour les immigrants ».
L’ancien député de Yesh Atid, Dov Lipman, président de Yad L’Olim, un groupe qui défend les intérêts des immigrants, a fait valoir qu’en l’absence d’oulpanim privés, de nombreux nouveaux immigrants seront contraints de faire face, entre autres, à des classes de grande taille, à des horaires peu pratiques et à l’absence d’écoles de langues à proximité de leur domicile.
En août dernier, après de longs pourparlers et plus de 15 auditions en commission, les professeurs d’oulpan de l’État ont finalement conclu un accord salarial avec le ministère de l’Education, ce qui a permis de remédier à une grave pénurie d’enseignants qui avait entraîné des retards importants dans l’apprentissage de la langue pour des milliers de nouveaux immigrés.
Les employés des oulpanim d’État se plaignaient depuis longtemps de la médiocrité de leurs salaires et de leurs conditions de travail, ce qui a poussé nombre d’entre eux à partir pour des emplois mieux rémunérés d’enseignants dans d’autres écoles. Le problème a été exacerbé par l’afflux d’immigrants russes et ukrainiens provoqué par la guerre entre les deux pays.
Pour tenter de résorber le retard, le ministre de l’Immigration et de l’intégration, Ofir Sofer, dans l’une de ses premières mesures, a alloué mardi 20 millions de shekels supplémentaires à des bons pour l’enseignement privé de l’hébreu, doublant ainsi le budget du ministère pour les cours privés.
Suite à la signature de l’accord salarial, le ministère avait annoncé l’allocation de 3,5 millions de shekels supplémentaires pour les bons.
« Actuellement, chaque nouvel immigrant qui demande un bon en recevra un. Depuis le début de l’année 2023, nous avons distribué quelque 6 000 bons pour des études d’hébreu », avait déclaré un fonctionnaire du ministère à la commission de l’Immigration, de l’intégration et des affaires de la diaspora à l’époque.
Répondant aux critiques des législateurs mardi, la directrice générale adjointe du ministère, Sivan Goldstein-Haber, a déclaré à la commission qu’il y avait actuellement près de 4 000 immigrants dans la filière des bons, et 1 000 autres qui y sont éligibles « mais n’ont pas encore exercé leur droit ».
« Jusqu’au début de la guerre en Ukraine, le budget du ministère de l’Immigration et de l’Intégration pour les oulpanim privés par le biais de bons était de 20 millions de shekels. Nous allons réduire l’augmentation du budget des oulpanim privés qui existait pendant la guerre en Ukraine et l’adapter à la situation actuelle », a-t-elle déclaré.
Le gouvernement a estimé qu’il devait suspendre temporairement le système de bons, par souci de gestion responsable des deniers publics, mais « dans les semaines à venir, nous formulerons la nouvelle politique de réception des bons privés », a-t-elle poursuivi, affirmant que le ministère n’avait « aucune intention de fermer les oulpanim privés ».
« Nous espérons atteindre la distribution de 5 000 bons par an », a ajouté Goldstein-Haber, promettant que « tous ceux qui avaient droit à un bon recevront l’argent pour l’oulpan privé ».
Les oulpanim privés sont devenus de plus en plus populaires au fil des ans parce qu’ils permettent aux nouveaux immigrants de choisir l’école « qui leur convient », à la fois en termes de planning et de méthode, a expliqué Zeev Elkin, député de Tikva Hadasha, exprimant son scepticisme quant à l’évolution de la situation.
Promettant une nouvelle audition sur le sujet, le député Forer a salué l’objectif de Goldstein-Haber de distribuer 5 000 bons, mais a insisté pour que le ministère entame un dialogue avec les oulpanim privés avant que des décisions ne soient prises sur la question.
« Il faut rester vigilant » lorsqu’il s’agit de questions concernant les nouveaux immigrants, a déclaré Lipman de Yad L’Olim au Times of Israel, citant une récente décision du ministère des Transports exigeant une apostille sur les permis de conduire étrangers avant qu’ils puissent être convertis en permis israéliens, décision qui a été annulée à la suite de la pression de l’opinion publique.
Judah Ari Gross a contribué à cet article.