Cérémonies du 7 octobre : 3 élus de la coalition poussent au compromis
Les députés Illouz et Sokot soutiennent la proposition d'échelonner les cérémonies commémoratives ; la députée Saada est favorable au remplacement de Regev par trois femmes endeuillées
Trois membres de la coalition ont exprimé mercredi leur soutien à quelques compromis défendus par des célébrités dans le cadre d’un différend amer sur la première commémoration annuelle du pogrom perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas le 7 octobre.
Le député Dan Illouz (Likud) et le député Zvi Sukot (HaTzionout HaDatit) ont appelé le gouvernement à accepter la proposition de l’auteur et personnalité du petit écran Hanoch Daum d’organiser deux cérémonies – une commémoration parrainée par l’État et une cérémonie alternative organisée par certaines familles d’otages en colère contre le gouvernement – à des moments différents. Les membres de l’opposition, dont la députée Naama Lazimi (Avoda) et les députés du parti HaMahane HaMamlahti Benny Gantz et Chili Tropper, ont également exprimé leur soutien à l’offre de Daum.
De son côté, le député Moshe Saada (Likud) a écrit sur le réseau social X son soutien à la proposition du chanteur Idan Amedi, de placer trois femmes endeuillées en charge du mémorial d’État, à la place de la ministre des Transports Miri Regev. Certaines familles endeuillées l’ont accusée de tenter de blanchir les échecs du gouvernement qui ont précédé le 7 octobre.
La plupart des villes frontalières de Gaza et des familles d’otages ont refusé de coopérer à la cérémonie organisée par un gouvernement qu’ils accusent d’avoir échoué avant, pendant et depuis l’assaut du groupe terroriste palestinien. La cérémonie d’État devrait être préenregistrée et ne pas être transmise en direct, un autre point qui a irrité les organisateurs de la cérémonie alternative.
Présentant une « proposition pour calmer les esprits » sur sa populaire page Facebook mercredi, Daum – qui a été choisi pour animer le mémorial des familles – a déclaré que le programme préenregistré de l’État devrait avoir lieu avant l’événement alternatif, afin « qu’il n’y ait pas de conflit, Dieu nous en garde, entre cérémonie et cérémonie ».
Par ailleurs, le site d’information Ynet a rapporté que Amedi, un acteur et chanteur bien connu qui a été gravement blessé en janvier lors de combats à Gaza, a proposé à Regev de se récuser en faveur du trio formé par Iris Haïm, dont le fils Yotam Haïm a été tué accidentellement par l’armée israélienne à Gaza en décembre alors qu’il s’était échappé des geôles du Hamas ; Maya Ohana Moreno, la veuve du lieutenant-colonel Emmanuel Moreno, commando des forces spéciales, qui a été tué au Liban lors du conflit entre Israël et le groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah en 2006 ; et Galit Waldman, la mère du major Ariel Ben Moshe, commandant de l’unité d’élite Sayeret Matkal qui a été tué en combattant les terroristes du Hamas en Israël le 7 octobre.
On ignore quand Amedi a fait cette proposition. Dimanche, il a demandé à Regev d’accepter l’offre du président Isaac Herzog d’organiser et d’accueillir la cérémonie – que la ministre a rejetée – et l’a critiquée pour avoir qualifié de « bruit » les critiques formulées à l’encontre du mémorial d’État.
Saada, qui a écrit pour soutenir la proposition du « héros d’Israël » Amedi, a déclaré : « Je demande au Premier ministre d’annoncer aujourd’hui que la cérémonie [nationale] se déroulera conformément au plan proposé par Amedi, de la manière unificatrice que les citoyens d’Israël méritent, et mettre un terme à cette dispute inutile. »
Il a ajouté qu’à son avis, c’était une erreur d’organiser une quelconque cérémonie « pendant une guerre, alors que nos troupes risquent leur vie ».
Cependant, a-t-il ajouté, « maintenant que le train a quitté la gare, il est impératif de tout faire pour éteindre les flammes ».
Illouz a quant à lui apporté son soutien à la « voie commune » présentée par l’initiative de Daum, « sans renoncer à la cérémonie d’État, mais en faisant preuve de la sensibilité nécessaire ». Sokot, quant à lui, a affirmé que si « la privatisation des journées commémoratives est la désintégration de la solennité », l’organisation de deux cérémonies pourrait contribuer à « calmer les esprits » au moment où un profond sentiment de deuil national se fait sentir.
Selon la chaîne publique Kan, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a critiqué en privé Regev – qui, comme Saada et Illouz, est membre de son parti, le Likud -, certains de ses collaborateurs estimant qu’il devrait intervenir et modifier au moins certaines parties de la cérémonie prévue.
« Je n’ai aucun contrôle sur elle », a déclaré Netanyahu lors d’une récente réunion à huis clos, selon le reportage non sourcé. « Je pense également qu’elle commet une erreur dans cette affaire. Mais il n’y a personne à qui parler, elle fait ce qu’elle veut. »
Netanyahu a évité de s’exprimer publiquement sur la question, alors même que des commémorations déchirées ravivent d’intenses divisions au sein de la société israélienne. Son bureau a ensuite publié une déclaration dans laquelle il nie avoir tenu les propos qui lui ont été attribués, tout en exprimant son soutien à Regev, disant qu’il « admire son travail ».
Regev, qui a dirigé plusieurs cérémonies de Yom HaAtsmaout, a refusé les appels à se retirer de la supervision de l’événement. Elle a déclaré que d’autres pouvaient organiser leurs propres hommages, mais a comparé l’idée à la cérémonie annuelle du Jour du Souvenir israélo-palestinien, que la droite diabolise régulièrement en la qualifiant de traîtresse.
Le mémorial d’État devrait être préenregistré à Ofakim, l’une des villes du sud infiltrées le 7 octobre par des terroristes du Hamas, qui y ont tué des dizaines de personnes. La cérémonie alternative devrait se tenir au parc HaYarkon de Tel Aviv et devrait attirer des dizaines de milliers de personnes.
Mercredi également, la Treizième chaîne a rapporté que les familles des victimes tuées lors du festival de musique Supernova le 7 octobre préparent leur propre mémorial.
La chaîne a indiqué que la cérémonie de Supernova débutera sur le site de la rave près de Reïm à 6h29 le 7 octobre, exactement un an après le commencement du pogrom, le plus meurtrier de l’histoire du pays et le pire mené contre des Juifs depuis la Shoah.
Ce jour-là, près de 1 200 personnes ont été tuées, dont 364 lors de la rave-party, et 251 autres ont été prises en otage et emmenées de force à Gaza.
La cérémonie « honorera la mémoire des victimes, sans politique et sans esprit politicien », a déclaré l’organisateur, qui est le père de Ron Yehudaï, victime du festival, selon la Treizième chaîne, qui a ajouté que plusieurs artistes anonymes ont confirmé leur participation.