Des fouilles archéologiques prévues sur le site de conservation de l’arche d’alliance
Des chercheurs israéliens et français vont faire des fouilles sur l’ancien site de Kiryat Yearim, aux abords de Jérusalem, l’un des lieux bibliques qui n’a encore jamais été étudié.
Ilan Ben Zion est journaliste au Times of Israel. Il est titulaire d'une maîtrise en diplomatie de l'Université de Tel Aviv et d'une licence de l'Université de Toronto en études du Proche-Orient et en études juives

L’un des deux sites bibliques à n’avoir jamais été étudié, et où, selon la Bible, l’arche d’alliance aurait été conservée durant des décennies, sera fouillé cet été pour la toute première fois par des archéologues.
Les organisateurs de ces fouilles espèrent que l’étude anticipée de Kiryat Yearim (également connu sous le nom littéral de Kiriath Jearim) permettra d’éclairer la réalité du site pendant l’Age de Fer, la période associée au récit biblique du Roi David.
Kiryat Yearim est mentionné plus d’une douzaine de fois dans la Bible en tant que ville située près de Jérusalem durant la période des Juges et du Roi David – soit à l’âge de fer, en termes archéologiques.
La ville biblique est associée avec la colline où se trouve le monastère Deir El-Azar, près de la ville arabe moderne d’Abu Ghosh, à 12 kilomètres à l’ouest de la Vieille Ville de Jérusalem. Une ville juive moderne découverte à proximité porte le nom de l’ancien site.

La première mission de fouilles archéologiques à Kiriath Jearim commencera au mois d’août sous la direction conjointe d’Israel Finkelstein, de l’Université de Tel Aviv, et de Christophe Nicolle et Thomas Römer du Collège de France.
« L’endroit est important pour plusieurs raisons », explique Finkelstein au Times of Israel. « C’est un site vaste et central dans les collines de Jérusalem qui n’a pas été étudié jusqu’à présent ».
« Cela doit être le seul site important de Judée qui n’a pas fait l’objet de fouilles archéologiques systématiques », ajoute-t-il.
La zone demeure plutôt vide. Elle accueille un monastère du 20e siècle consacré à Notre Dame de l’arche d’alliance, qui repose sur les ruines d’un édifice byzantin, au sommet.
Les travaux d’excavation se concentreront sur le périmètre qui entoure le monastère. Une grande partie du site, déclare Finkelstein, devrait rester relativement intouchée.

L’un des aspects les plus alléchants de ces fouilles entreprises à Kiryat Yearim est la probabilité de la présence d’un ancien temple, dont les vestiges pourraient se trouver enterrés.
Une telle découverte permettrait aux spécialistes de mieux connaître les pratiques de culte en Judée pendant l’âge de fer.
A plusieurs endroits, dans les récits bibliques, Kiryat Yearim est évoqué comme un site d’adoration religieuse.
La Bible s’y réfère par les noms de Kiryat Baal, Baalah and Baale Judah dans le Livre de Josué, ce qui suggère que le site était certainement lié au culte de Baal, le Dieu qui contrôlait les orages dans le panthéon canaanéen.

Selon le Livre de Samuel, l’arche d’alliance a été conservée à Kiryat Yearim pendant 20 ans après qu’elle a été rendue aux Israélites par les Philistins, qui l’avaient capturée lors d’une bataille.
Le texte indique que l’arche avait été gardée « dans la maison d’Avinadab sur la colline » et entretenue par le prêtre Elazar avant que le Roi David ne l’emporte à Jérusalem.

Que l’histoire de la conservation de l’arche à Kiryat Yearim soit considérée ou non comme un fait historique, dit Finkelstein, le fait qu’elle ait été mentionnée dans ce contexte signifie que la ville était très importante, et « qu’il est raisonnable de présumer qu’il y avait un temple là-bas ».
« Dans l’histoire, l’endroit où l’arche d’alliance a été emmenée n’était pas simplement, bien entendu, n’importe quel champ. Elle n’a pas été placée sous un arbre. Il y a une référence ici à un lieu de culte important », dit-il.
La nature exacte de ce temple reste toutefois peu claire. Le Livre de Josué a été assemblé des siècles après les événements décrits dans le texte. Est-ce que l’association dans le livre de Kiryat Yearim à une déité païenne indiquait un culte de Baal contemporain, ou faisait allusion à une époque révolue ?
Les questions majeures concernant les cultes tels qu’ils ont été menés à Kiryat Yearim sont difficiles à résoudre à travers les fouilles, indique Finkelstein.
« Il faut beaucoup de chance pour que l’archéologie puisse offrir des réponses à des questions d’une telle complexité », ajoute-t-il.
Toutefois, Finkelstein déclare qu’il espère que ces fouilles permettront de trouver des informations vitales sur l’histoire de l’occupation du site, son ascension et sa chute, à partir desquelles les spécialistes seront en mesure de se faire une idée plus précise de la vie en Judée à l’âge de Fer, notamment dans la ville voisine de Jérusalem.