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Des investisseurs juifs seraient impliqués dans l’achat des terres du Patriarcat orthodoxe

Des acquisitions conclues par des entreprises à l'étranger ont entraîné la colère de certains membres de l'église. D'autres clament l'existence d'une tentative de changer le statu-quo

Sue Surkes est la journaliste spécialisée dans l'environnement du Times of Israel.

Michael Steinhardt lors d'une réunion à la Knesset à Jérusalem, le 26 avril 2017 (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)
Michael Steinhardt lors d'une réunion à la Knesset à Jérusalem, le 26 avril 2017 (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

Un donateur juif majeur figurerait parmi les actionnaires d’une entreprise anonyme qui, l’année dernière, a acheté plusieurs hectares de terres appartenant au Patriarcat grec orthodoxe dans les quartiers de Givat Oranim et du Vieux Katamon à Jérusalem.

Michael Steinhardt, gestionnaire bien connu de fonds spéculatif et développeur immobilier, serait l’un des investisseurs d’Oranim Limited, une société enregistrée l’année dernière au nom d’une entreprise de l’île de l’Homme, Trident Nominees.

Un autre actionnaire serait David Sofer, un homme d’affaires israélien et collectionneur d’art moyen-oriental qui vit à Londres.

Steinhardt et Sofer sont également deux des trois dirigeants d’Abu Tor Properties Limited. Cette société avait acheté un bail à long-terme – en opposition à un achat de terrains – au Patriarcat grec orthodoxe portant sur une surface d’approximativement un hectare sur le sommet d’une colline d’Abu Tor, au sud de la Vieille Ville, des parcelles sur lesquelles est prévue la construction de 61 appartements de luxe.

Pour les Chrétiens, le site concerné est celui où, selon le nouveau testament, le grand prêtre juif Caïphe et ses conseillers auraient décidé de trahir Jésus auprès des Romains.

Oranim Ltd est l’une des quelques entreprises anonymes qui ont acheté des terrains à l’église du patriarcat grec orthodoxe, à court de liquidités, au cours des cinq dernières années. Ces entreprises sont enregistrées dans des paradis fiscaux à l’étranger et les noms de leurs investisseurs fermement gardés secrets.

Le patriarche grec orthodoxe Théophile III, durant une conférence de presse portant sur la vente des terres de l’église, le 2 novembre 2017 (Capture d’écran : YouTube/The Tablet international Catholic weekly)

Les ventes n’ont pas seulement entraîné la colère de membres palestiniens de l’église qui, ces dernières semaines, ont manifesté pour le départ du patriarche et des plus hauts dignitaires de l’église originaires de Grèce. Elles ont également semé la panique chez les propriétaires d’habitations qui disposent de baux sur ces terrains, parce que personne ne sait qui sont les nouveaux propriétaires, si ces derniers renouvelleront les baux et, si c’est le cas, pour quel montant.

Oranim Ltd aurait acheté des parcelles dans les rues Shai Agnon, Hamaaplim, Hashayarot et Mavo HaOleh, ainsi qu’un terrain ouvert au parc San Simon qui comprend le bail d’un complexe qui, dans le passé, accueillait des handicapés.

L’achat comprendrait au moins 235 appartements locatifs ainsi qu’un important centre commercial rue Shai Agnon. Les baux sur les propriétés courent jusqu’en 2069 — dans 52 ans.

Oranim Ltd a acheté ces terrains l’année dernière à une autre entreprise, Kronty Investments Ltd, enregistrée pour sa part dans les îles Vierges britanniques et dont rien n’a publiquement filtré concernant les investisseurs.

Le principal investisseur de Kronty serait un Juif ultra-orthodoxe vivant au Royaume-Uni.

Kronty a acheté les parcelles – 2,7 hectares environ de terrain en totalité – à Givat Oranim directement à l’église grecque orthodoxe pour le prix de 3,3 millions de dollars, selon le quotidien Haaretz. Le montant versé pour les terrains par Oranim à Konty n’est pas encore connu.

Kronty a également acheté au patriarcat une demi-rue à Abu Tor et des parcelles de la rue Hess, dans le centre de la ville, dans le quartier de Baka (rues Gad et Lifschitz) au sud, et en haut des rues du roi David et Ben Sira dans le centre-ville de Jérusalem. Depuis, l’entreprise fait avancer des plans de construction d’hôtels et d’espaces commerciaux.

Steinhardt — un éminent philanthrope et co-fondateur du programme Birthright, qui offre des voyages entièrement subventionnés de 10 jours à plus de 500 000 jeunes Juifs de la diaspora – a été l’un des deux premiers non-Israéliens à allumer une torche lors des fêtes officielles organisées pour la Journée de l’indépendance sur le mont Herzl, au début de l’année.

Selon Wikipedia, il a offert plus de 125 millions de dollars à des causes juives.

Son plus grand cadeau fait récemment à Israël a été le musée Steinhardt d’histoire naturelle, le centre national israélien d’études sur la biodiversité, à l’université de Tel Aviv, qui s’étend sur 8 000 mètres-carrés.

Illustration : Abu Tor, un quartier mixte qui accueille Juifs et Arabes dans le centre de Jérusalem, au sud de la Vieille ville, le 16 décembre 2009 (Crédit : Nati Shohat/Flash90/File)

Sofer, dont les intérêts immobiliers comprendraient depuis longtemps la Villa Salameh, un lieu emblématique à Jérusalem utilisé par le consulat belge, avait fait les gros titres l’année dernière pour avoir prêté au musée des terres de la bible de Jérusalem environ 100 textes babyloniens décrivant la vie des Juifs exilés de Judée au 6e et au 5e siècle avant l’ère commune.

Aucun des deux hommes n’a répondu aux sollicitations du Times of Israël.

Les accords concernant Givat Oranim Abu Tor ne sont pas seulement liés à Steinhardt et Sofer, mais à Tzali Reshef, avocat commercial, ancien législateur du parti travailliste et cofondateur de l’organisation pacifiste La paix maintenant.

Reshef est le directeur-général d’Arledan Investments Ltd qui a développé des projets résidentiels à Givat Oranim dans le passé, selon le site Internet de l’entreprise.

Il est également un partenaire de la Reshef and Shiff Law Firm, qui représente Steinhardt et Sofer dans l’accord sur la colline d’Abu Tor hill, via son partenaire Jonathan Shiff.

Le site Internet de ce cabinet de droit cite son expertise dans une « variété de possibilités pour l’achat de maisons, comme la propriété, les baux à long-terme établis par le gouvernement ou les autres entités comme les églises ».

Arledan Investments Ltd est également indirectement en lien avec Kronty Investments Ltd dans les terrains qui avaient été loués par le patriarcat il y a de nombreuses années sur la plage Habonim, sur le lac de Tibériade, dans le nord d’Israël. Une partie de ces terrains avait été ensuite achetée à l’église par Kronty.

En raison de l’incertitude qui plane sur le renouvellement des baux par des entreprises anonymes comme Kronty et Oranim, les acheteurs appréhendent l’idée d’acquérir des biens sur des terres appartenant à des entreprises et les valeurs des propriétés immobilières, là-bas, se sont effondrées.

Rachel Azaria, députée de Koulanou. (Crédit : Hadas Parush/Flash90)

Le ministère de la Justice a formé une commission qui va s’intéresser à la protection des locataires sur de telles parcelles – au moins 1 500 d’entre eux au sein de la capitale – et une législatrice, Rachel Azaria de Koulanou, tente actuellement de faire avancer une législation qui transférera ces étendues de terre à l’Etat contre une indemnisation versée à leurs propriétaires privés.

Plus de 1 000 habitants concernés se sont déjà connectés à une commission de campagne.

Le patriarche lui-même, Théophile II, représente actuellement toutes les églises de la terre sainte à l’occasion d’une tournée internationale sans précédent pour préparer l’opposition à ce que les églises considèrent comme une intervention dans leurs droits à gérer leurs propres biens. Ce qui équivaut, clament-ils, à changer un statu-quo qui a déterminé les relations entre l’église et l’Etat depuis des décennies.

Lors d’une conférence de presse qui a eu lieu jeudi dernier, le patriarche a expliqué que le statu-quo « qui a sauvegardé nos libertés religieuses et donné l’accès pour tous aux endroits les plus saints est sapé de manière dangereuse ».

« Récemment, nous avons constaté l’émergence d’une tendance qui menace de saper la présence chrétienne et de déstabiliser la paix dans la ville sainte de Jérusalem », a-t-il dit. « Le statu-quo, ces règles qui ont garanti les droits des juifs, des chrétiens et des musulmans à vivre, à prospérer et à faire du commerce ensemble à Jérusalem pendant des siècles est en grand danger… Si nous n’agissons pas rapidement, ce sera trop tard et le résultat sera catastrophique ».

Figurant également sur l’agenda du patriarche regroupant les questions urgentes à discuter avec les leaders étrangers, une décision prise au mois d’août par une cour de district israélienne de maintenir un ensemble d’accords immobiliers qui concernent deux hôtels à proximité de la porte de Jaffa sans la vieille ville, une convention qui avait été passée entre les responsables, sous l’ancien patriarche, de l’église orthodoxe et un groupe israélien de droite.

Ces accords avaient touché une corde sensible chez les chrétiens arabes et les Palestiniens dans leur ensemble dans la mesure où ces biens immobiliers se trouvent à Jérusalem-Est, que les Palestiniens désirent comme capitale de leur futur état.

Le patriarche a d’ores et déjà rencontré le pape et le roi de Jordanie et il s’est rendu au Royaume-Uni vendredi pour y rencontrer l’archevêque de Canterbury.

L’église grecque orthodoxe est l’un des plus grands propriétaires terriens privés dans le pays. Depuis les années 1950, elle a loué de vastes étendues de terre à Israël. Elles ont été développées depuis.

Ses ventes à des investisseurs privées, faites depuis environ 5 ans, n’ont été rendues publiques qu’au mois de juillet.

En plus d’Oranim Ltd et de Kronty Investments Ltd, une entreprise appelée Nayot Komemyut Investments a acheté environ 57 hectares dans les quartiers favorisés de Talbieh, Nayot et Rehavia dans le centre de Jérusalem.

Une autre entreprise, Saint Ventures Limited, enregistrée sur l’île de Saint Vincent, dans les Caraïbes, a acquis presque 70 hectares à Caesarea, tandis qu’un tiers — Bona Trading – inscrit également aux Caraïbes a acheté à peu-près 7000 mètres carrés de biens immobiliers aux abords de la tour de l’Horloge dans la ville côtière de Jaffa.

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