Des juifs français protestent contre la fermeture du consulat d’Israël à Marseille
La fermeture forcerait les membres de la troisième communauté d’Europe à faire des centaines de kilomètres vers la mission la plus proche, s’emportent les militants
Raphael Ahren est le correspondant diplomatique du Times of Israël

Les juifs français protestent contre la décision du gouvernement israélien de fermer son consulat général à Marseille, affirmant que la ville abrite l’une des plus grandes communautés juives d’Europe et que sa fermeture renforcerait le sentiment d’insécurité des juifs français face à un antisémitisme croissant.
« Si la fermeture de cette représentation diplomatique, couvrant 26 départements français (166 171 Km² soit 8 fois Israël), devenait effective, cela aurait des conséquences très dommageables », a écrit Hagay Sobol, élu municipal de Marseille, dans une lettre ouverte au Premier ministre Benjamin Netanyahu publiée par le Times of Israel.
Fermer le consulat de Marseille forcerait 200 000 Français ayant besoin des services consulaires d’Israël à se rendre à Paris ou Bruxelles, qui sont respectivement situés à 800 et 1 000 kilomètres de là, a-t-il accusé.
« En tant qu’élu local, et dans la situation sécuritaire actuelle, je ne peux que m’inquiéter de voir une représentation diplomatique de cette importance quitter notre territoire. Et l’on peut craindre que si Israël décidait de s’en aller, cela serait pris comme un très mauvais signal par d’autres pays qui pourraient décider de fermer également leur Consulat à Marseille », a écrit Sobol.
Israël a décidé de fermer le consulat de Marseille, ainsi que plusieurs autres représentations diplomatiques, en raison de contraintes budgétaires.
Alain Cohen-Sabban, juif de Marseille, a lancé une pétition sur internet appelant Netanyahu à revenir sur sa décision. Jusqu’à présent, elle a rassemblé 1 768 signatures.
« Marseille, deuxième ville française, compte 70 000 juifs sur une population de 1 million de personnes, elle est la 2e communauté juive après Paris et 3e communauté d’Europe après Paris et Londres », a écrit Cohen-Sabban. Fermer le consulat de Marseille affecterait probablement 150 000 juifs vivant dans la région, a-t-il affirmé.

« [Cette action arrive à un moment dramatique de] montée inexorable de l’antisémitisme. Cette décision si elle était malheureusement prise, renverrait inexorablement une image d’insécurité et de faiblesse de l’Etat d’Israël. Notre communauté ne s’est jamais autant resserrée qu’après tous les incidents intervenus en France et à Marseille en particulier (agressions au couteau). Et à chaque fois le consulat a été le point central de nos manifestations », a ajouté Cohen-Sabban.
Roger Cukierman, le président du CRIF, a envoyé une lettre à Netanyahu l’exhortant à reconsidérer sa décision. Mais le Premier ministre, qui est aussi le ministre des Affaires étrangères, n’a pas été convaincu.
« A la suite de restrictions budgétaires gouvernementales, le ministère des Affaires étrangères n’a pas eu d’autre choix que de fermer plusieurs de ses missions diplomatiques à l’étranger, dont le Consulat à Marseille», a répondu Netanyahu à Cukierman.
« Cette décision ne diminue aucunement la force des liens et de la solidarité d’Israël avec la communauté juive de Marseille, vous le savez. Mon gouvernement demeure pleinement engagé envers les Juifs de France et nous maintiendrons nos relations avec la communauté juive de Marseille par le biais de l’Ambassade israélienne à Paris. »
Le consulat d’Israël à Marseille a ouvert en 1949 et sa fermeture avait été annoncée en 2002 et 2009, mais il a pu à chaque fois se maintenir à la dernière minute.
En début d’année, le ministère des Affaires étrangères israéliens a décidé de fermer plusieurs représentations diplomatiques, dont les ambassades de Biélorussie et du Salvador, ainsi que le consulat de Philadelphie (Etats-Unis).
Netanyahu est depuis revenu sur le projet de fermeture de l’ambassade de Minsk, citant « une série de discussions et de consultations avec de hauts fonctionnaires du ministère des Affaires étrangères et avec le ministre [de l’intégration des immigrants] Zeev Elkin », a déclaré son bureau dans un communiqué.
Netanyahu « voit comme importante l’existence d’une mission diplomatique israélienne en Biélorussie », a ajouté le communiqué.
Les projets du gouvernement de fermer plusieurs misions diplomatiques ont aussi été critiqués en Israël.
« Je ne comprends pas les motivations de ces actions », avait déclaré en février l’ancien ministre des Affaires étrangères Avigdor Liberman, affirmant qu’en des moments de campagne anti-Israël sans précédent en France et aux Etats-Unis, Israël devrait investir plus, et non moins, dans la diplomatie.