Des milliers de manifestants anti-gouvernement à Tel Aviv et Haïfa
Des centaines de manifestations ont eu lieu dans tout le pays ; des travailleurs indépendants ont également manifesté contre les politiques économiques à Tel Aviv
Des milliers de personnes ont manifesté contre le gouvernement et contre le Premier ministre Benjamin Netanyahu dans l’ensemble du pays jeudi soir. Cette vague de manifestations visait à protester contre les problèmes financiers, la violence policière et la corruption.
D’importantes manifestations ont eu lieu à Tel Aviv et à Haïfa, et des rassemblements plus modestes se sont tenus dans des centaines d’autres endroits. À Holon, des contre-manifestants d’extrême droite ont affronté des militants anti-gouvernementaux et ont pris à partie un membre de l’opposition à la Knesset.
Plusieurs centaines de travailleurs indépendants israéliens et de chefs d’entreprises ont manifesté sur la place Rabin de Tel Aviv contre les politiques économiques du gouvernement durant la pandémie de coronavirus.
Ces manifestants ont voulu donner l’image d’un rassemblent apolitique et se définissaient comme des Israéliens ordinaires, de tous les milieux, durement touchés par les conséquences économiques de la pandémie.
Plusieurs milliers de personnes se sont également rassemblées sur la place Habima de Tel Aviv et ont défilé dans le centre ville pour manifester contre Netanyahu et contre la violence policière.
Des manifestations contre Netanyahu ont lieu depuis de nombreux mois, à la fois en raison de son procès pénal et de sa mauvaise gestion présumée de la crise du coronavirus. Les plus grandes manifestations ont lieu le samedi, mais des rassemblements ont également lieu régulièrement le jeudi et le vendredi.
המפגינים נעים לכיוון רחוב דיזנגוף. אגב שינוי לא בלתי מעניין, המשטרה מאשרת גם את הצעדה גם ברמלה הפורמלית וזאת לאחר שהגיעו כמה מפגינים לבקש אישורים לצעדה pic.twitter.com/crFeouWaPB
— Bar Peleg (@bar_peleg) October 22, 2020
Plusieurs milliers de personnes ont également défilé à Haïfa hier.
וכך נראית הצעדה בחיפה בצילום של דרור מאירי pic.twitter.com/NicQHcKYBd
— Noa Shpigel (@NoaShpigel) October 22, 2020
À Holon, en périphérie de Tel Aviv, des dizaines de manifestants et de contre-manifestants se sont affrontés. Parmi les manifestants pro-gouvernementaux figuraient des membres du groupe de hooligans d’extrême droite La Familia.
Selon les informations de la Douzième chaîne, le député Yesh Atid Yoel Razvozov est arrivé sur les lieux et a tenté d’apaiser les tensions, mais il a été insulté, avec des phrases telles que : « Vous n’êtes pas Juif, vous détestez Israël. »
Cela semblait être une insulte visant à faire croire que Razvozov avait immigré de Russie en Israël sans être Juif.
"בוגד, ערב רב ולא יהודי": אלה הקריאות שקיבל ח"כ @YRazvozov כשהגיע הערב להפגנה במדיטק בחולון וניסה לשוחח עם מפגיני הימין. @N12News pic.twitter.com/ejzGB03Xu9
— אור רביד | Or Ravid (@OrRavid) October 22, 2020
Les manifestants d’extrême droite ont également accusé les manifestants anti-gouvernementaux d’être des « représentants de l’État islamique » et des « traîtres ».
Ils ont scandé « Vive Kahane », en référence au rabbin d’extrême droite Meir Kahane.
Un militant anti-Netanyahu a déclaré qu’il ne se laisserait pas intimidé par les manifestants de droite. « Nous sommes déterminés à sauver le pays du suspect criminel qui piétine la démocratie et divise le peuple », a-t-il déclaré.
Selon la Treizième chaîne, des enregistrements et des messages obtenus par le réseau ont révélé qu’un certain nombre de militants d’extrême droite avaient l’intention d’attaquer les manifestants. Des messages d’un groupe fermé Whatsapp menacaient de percuter et d’écraser les manifestants avec des véhicules, ainsi que de les rouer de coups.
« Nous allons les écraser, et pas qu’un peu », a déclaré une personne. « Nous allons faucher les gauchistes… Nous allons mener une attaque terroriste contre eux, un pogrom, leur histoire est terminée. »
« On va leur montrer qui est le patron », a écrit une autre personne.
Le mouvement de protestation des Drapeaux noirs a déclaré avoir porté plainte auprès de la police contre le militant de droite Ran Karmi Buzaglo, qui administre le groupe dans lequel les menaces ont été proférées.
Karmi Buzaglo a affirmé qu’il ignorait les menaces et ne suivait pas tous les messages des « centaines de groupes Whatsapp » dont il est membre. Il a déclaré qu’il était opposé à toute violence.
La police, pour sa part, a déclaré qu’elle prenait toutes les plaintes au sérieux et que des agents étaient déployés pour assurer la sécurité des manifestants.
Les manifestants ont organisé des rassemblements hebdomadaires pour demander la destitution du Premier ministre Benjamin Netanyahu, qui est jugé dans trois affaires pénales pour corruption, fraude et abus de confiance. Netanyahu a nié les allégations et a accusé la police, le système judiciaire et d’autres fonctionnaires de mener une « chasse aux sorcières ».
Alors que les manifestations contre Netanyahu se sont dispersées dans tout le pays, les incidents de violence contre les militants se sont multipliés, y compris des passages à tabac et de multiples attaques au gaz poivré.
Jeudi, un acte d’accusation a été déposé contre un homme accusé d’avoir pulvérisé du gaz poivré sur des manifestants anti-Netanyahu lors d’un rassemblement à Jaffa au début du mois.
Mardi, un homme de 34 ans a été inculpé pour une attaque au gaz poivré contre des manifestants à Ramat Gan au début de l’année. La veille, un habitant de Tel Aviv, âgé de 54 ans, avait été inculpé pour l’agression violente de manifestants anti-gouvernementaux au cours du week-end. Avant cela, Felix Eliav, 20 ans, avait été inculpé pour une tentative d’agression au couteau sur un manifestant en juillet.
Mercredi, un sans-abri de Haïfa a été condamné à huit mois de prison pour avoir lancé des pierres sur des manifestants anti-Netanyahu. C’est la première fois qu’une personne est condamnée pour avoir attaqué des Israéliens qui manifestaient contre Netanyahu.
Les détracteurs du Premier ministre affirment que ses attaques contre les forces de l’ordre et les manifestations contre lui, associées aux effets déstabilisateurs du coronavirus, sont des causes majeures de l’atmosphère profondément polarisée qui s’est installée en Israël, et craignent que la violence ne prenne une tournure fatale.