Des milliers de personnes aux funérailles d’un chef druze décédé de la COVID
Ronni Gamzu appelle toutes les personnes présentes aux funérailles tenues dans la ville confinée de Majdal Shams à se faire dépister ; le corps du défunt a été extirpé de l'hôpital

Samedi, des milliers de personnes ont pris part aux funérailles d’un cheikh druze, au mépris des mesures de confinement limitant les rassemblements. Une foule avait extrait son corps de force d’un hôpital.
Les funérailles du cheikh Abu Zain Al-Din Hassan Halabi se sont déroulées dans la ville de Majdal Shams, à la frontière du Golan, qui est actuellement sous confinement en raison du nombre de cas actifs de COVID-19 par habitant, le plus élevé d’Israël actuellement.
La plupart des personnes présentes aux funérailles semblaient porter des masques et respecter les directives de distanciation, avec des chaises pour les participants placées à distance les unes des autres, bien qu’il semblait également y avoir une certaine promiscuité.
אחרי לקיחת גופתו ללא רשות מבי"ח זיו בצפת,במג'דל שמס נערכה הלוויתו של השיח' אבו זאין אל דין חסן חלבי. טקס האשכבה נערך במגרש הכדורגל המקומי בהשתתפות מאות שהקפידו לעטות מסכות וישבו בכיסאות תוך כדי שמירה על מרחק.כל מה שקרה היה מיותר והיה אפשר דרך שיח וגילוי רגישות והבנה להגיע להסכמות pic.twitter.com/GPtryp94cK
— sami abdulhamid سامي عبد الحميد (@samiaah10) October 31, 2020
En plus de la cérémonie, qui s’est tenue dans un vaste espace en plein air, une procession funéraire a également été organisée.
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Les funérailles ont eu lieu après que des émeutiers de Majdal Shams ont fait irruption dans le centre médical Ziv de Safed vendredi soir pour prendre le corps du cheikh, qui était mort du coronavirus quelques heures auparavant.
Samedi, le commissaire adjoint Shimon Lavi, chef du district de police du nord, a ordonné la formation d’une commission pour enquêter sur l’incident et la conduite des officiers lors des rassemblements de masse liés aux funérailles.
La commission recommandera également la manière dont la police devrait agir à l’avenir lorsqu’une personnalité ou un chef religieux décède, compte tenu des limitations imposées aux rassemblements, a rapporté la Douzième chaîne.
תיעוד: מסע לוויית השיח' חסן חלבי במג'דל שמס@rubih67 pic.twitter.com/9cI9nxtUpT
— כאן חדשות (@kann_news) October 31, 2020
Pendant ce temps, le chef spirituel druze Sheikh Muafak Tarif a condamné l’entrée par effraction dans l’hôpital.
« L’incident qui s’est produit au centre médical Ziv de Safed n’avait pas été porté à la connaissance des dirigeants de la communauté ni de la famille du défunt, qui avait un statut religieux élevé parmi les membres de la communauté et mérite le plus grand respect », a déclaré Muafak Tarif, cité par Kan.
Il a également précisé que les funérailles avaient été organisées en coordination avec la police, le commandement du front intérieur de l’armée et la municipalité de Majdal Shams.
Ronni Gamzu a demandé que tous les présents aux obsèques soient testés pour la COVID-19, exprimant sa crainte que cela puisse conduire à des épidémies dans les villes druzes.
« Je demande à la communauté druze d’augmenter le nombre de tests », a-t-il fait savoir lors d’une visite à la ville arabe de Fureidis, dans le nord du pays.
Les autorités avaient cherché à empêcher cette cérémonie d’ampleur en raison du taux de mortalité déjà élevé à Majdal Shams et les parties étaient parvenues à un compromis, qui aurait permis de l’organiser dans un gymnase en plein air avec un nombre limité de participants. Les opposants au compromis ont fait irruption dans l’hôpital de Ziv avant qu’un accord ne soit conclu.
La vidéo qui semble provenir de la scène montre les émeutiers en train de jeter les barricades de police, de bousculer le personnel de sécurité, de frapper sur la porte de l’hôpital, de marcher dans les couloirs de l’établissement et de transporter le corps dehors.
Après avoir récupéré la dépouille, ses disciples se sont lancés dans un cortège funèbre de la ville de Mas’ade jusqu’à celle de Majdal Shams voisine, sur le plateau du Golan.
« Comment ne comprennent-ils pas qu’une telle procession dans la région la plus contaminée du pays est tout simplement un désastre ? » Le vice-ministre de la Santé Yoav Kisch a écrit samedi sur Twitter. « Cela leur coûtera, ainsi qu’à nous, des centaines de patients infectés, graves et malheureusement probablement aussi des morts. C’est frustrant et triste ».

La députée Yesh Atid Gadeer Mreeh, qui est druze, a également condamné l’incident.
« Ce comportement ne correspond pas au statut estimé de l’honorable cheikh défunt », a-t-elle tweeté. « Nous devons tous écouter et agir en accord avec les instructions du ministère de la Santé. »
Les résidents druzes de Majdal Shams et du Golan sont d’origine syrienne, et sont des résidents permanents d’Israël mais pas des citoyens, contrairement aux Druzes d’autres régions d’Israël, qui ont historiquement grandement contribué au service public dans le pays, en particulier dans le domaine de la sécurité.
Les Druzes israéliens, membres d’une branche de l’islam chiite vieille de 1 000 ans, comptent quelque 145 000 personnes et vivent principalement dans le nord du pays.

On pense que les événements communautaires de masse ont joué un rôle important dans l’apparition du virus en Israël, en particulier les événements religieux au sein de certains groupes ultra-orthodoxes et les mariages dans certaines communautés arabes.
Les ministres du gouvernement ont décidé vendredi de prolonger le confinement de Majdal Shams, et d’en imposer un d’une semaine à la localité de Bu’eine Nudeidat, au nord d’Israël, en raison des taux élevés d’infection dans les deux zones.
En plus de la fermeture de presque toutes les entreprises, l’entrée et la sortie de Bu’eine Nujeidat et de Majdal Shams seront limitées. L’ouverture à l’échelle nationale des écoles du CP au CM1 y sera retardée, mais les jardins d’enfants, qui ont rouvert la semaine dernière, continueront de fonctionner.
La semaine dernière, Majdal Shams, située près de la frontière syrienne, est devenue la première ville israélienne à être placée sous cordon sanitaire depuis qu’Israël a levé les restrictions dans les foyers épidémiques de toutes les régions, à l’exception d’un quartier de Jérusalem, dans le cadre du plan dit des feux de circulation. Dans le cadre de ce plan, les zones sont classées en fonction de leur taux de mortalité et se voient attribuer un code couleur. Les zones rouges, celles qui présentent les taux d’infection les plus élevés, doivent être confinées et les activités y sont fortement restreintes.