Des responsables de ZAKA soupçonnés de fraude et de détournement de fonds
L'enquête télévisée est le dernier coup porté à l'organisation de sauvetage après le départ du co-fondateur Yehuda Meshi-Zahav suite à des allégations d'agression sexuelle
Le service de sauvetage de ZAKA est soupçonné d’avoir utilisé des sociétés fantômes pour détourner des millions de dollars de dons afin d’en faire un usage privé, alors même que l’organisation était confrontée à la faillite, a rapporté mercredi la Treizième chaîne.
Ce reportage est le coup de grâce pour l’organisation et son fondateur très médiatisé Yehuda Meshi-Zahav.
Meshi-Zahav a été accusé la semaine dernière d’agression sexuelle, de viol et de maltraitance par six personnes dans un reportage de Haaretz, qui indique que les cas sont certainement bien plus nombreux. De nombreuses autres victimes présumées se sont manifestées depuis la publication de l’enquête du journal, et des informations selon lesquelles les crimes présumés de Meshi-Zahav étaient largement connus dans certaines parties de la communauté ultra-orthodoxe sont apparues.
Un homme a déposé mercredi une plainte officielle pour agression sexuelle contre Meshi-Zahav au siège de la police. La police enquête sur ces allégations.
Selon l’enquête de la Treizième chaîne, les dirigeants de ZAKA ont été dans le passé accusés d’avoir utilisé des compagnies du même nom afin de recevoir à titre personnel des dons initialement destinés à l’organisation de secours. L’une de ces compagnies était dirigée par le frère de Meshi-Zahav, Remi.
Le reportage indique que la police a ouvert une enquête sur les irrégularités financières de Meshi-Zahav il y a plusieurs années, mais l’a fermée en 2013 en raison d’un « manque d’intérêt public ».
Cependant, la Treizième chaîne a découvert que même après l’enquête policière, des groupes se faisant passer pour ZAKA ont continué à recueillir des fonds au nom du groupe, aussi récemment qu’en 2019.
Les incidents sont survenus lorsque ZAKA et Meshi Zahav faisaient face à une procédure de mise en faillite, bien que Meshi-Zahav ait continué à mener un train de vie de luxe dans des hôtels 5 étoiles et dans sa somptueuse villa évaluée à plusieurs millions de dollars, selon le reportage.
Meshi-Zahav et d’autres responsables de ZAKA ont nié toutes les allégations.
Le reportage indique que, tout comme les allégations d’abus sexuels, les sources concernant de potentielles irrégularités financières sont assez anciennes, notamment une plainte envoyée à la police par un bénévole de 2006.
ZAKA a réagi en précisant, dans un communiqué, que les rapports d’irrégularités financières se réfèrent « à des événements qui se sont produits il y a de nombreuses années. À l’époque, ZAKA a poursuivi la société privée mentionnée, et a gagné. » Au cours des huit dernières années, sous sa direction actuelle, ZAKA a déclaré qu’elle « a reçu des éloges et des approbations pour sa bonne gestion financière à maintes reprises. La présentation des allégations sans contexte induit sciemment et intentionnellement le public en erreur et porte préjudice à des milliers de bénévoles et d’employés de l’organisation », a-t-elle ajouté.
ZAKA est un partenaire majeur des services d’intervention d’urgence d’Israël, dans le pays et à l’étranger.
Les récentes allégations sexuelles contre Meshi-Zahav ont été faites par des hommes et des femmes, dont certains étaient mineurs au moment des faits présumés.
Des six allégations mentionnées dans l’article, la plus ancienne date de 1983 et la dernière de 2011. Le reportage d’Haaretz a ajouté que de nombreux habitants de plusieurs quartiers ultra-orthodoxes de Jérusalem étaient au courant des actions de Meshi-Zahav, mais n’ont rien dit et ne l’ont pas dénoncé aux autorités.
Plus tôt ce mois-ci, Meshi-Zahav a été sélectionné pour recevoir le Prix d’Israël, pour l’ensemble des réalisations et sa contribution à la société israélienne.
Le ministre de l’Éducation, Yoav Gallant a annoncé que le prestigieux prix serait décerné à Meshi-Zahav pour ses décennies de travail à ZAKA. En 2003, il a allumé une torche lors des célébrations du Jour de l’Indépendance d’Israël, Yom HaAtsmaout.
Vendredi, Meshi-Zahav a annoncé qu’il quittait son poste à ZAKA et renonçait également au prix d’Israël.
Meshi-Zahav a été un critique virulent de certains dirigeants ultra-orthodoxes pendant la pandémie, dénonçant certaines personnalités pour avoir minimisé le virus, notamment dans une interview accordée au Times of Israël en octobre. Ses deux parents sont morts du COVID-19.