Israël en guerre - Jour 498

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Reportage

Désaccords entre Juifs et Arabes à Talpiot-Est à Jérusalem

Alors que les jeunes des villages arabes envoient des pierres et des projectiles incendiaires, les résidents juifs cherchent les réponses appropriées

Photo d'illustration : Vue surplombante vers Jabel Mukaber depuis la rue  Meir Nakbar (Crédit : Simone Somekh / Times of Israël)
Photo d'illustration : Vue surplombante vers Jabel Mukaber depuis la rue Meir Nakbar (Crédit : Simone Somekh / Times of Israël)

Matin tranquille dans le quartier d’Armon Hanatziv à l’est de Jérusalem. Dans la rue Meir Nakar, la vue donne directement sur le village arabe de Jabel Mukaber.

La nuit, cependant, n’a pas été si calme. Loin de là.

Au cours des derniers jours, il y a eu une pluie nocturne de pierres et de bombes incendiaires. Les jeunes de Jabel Mukaber mettent en scène leur propre bataille.

« Vous pouvez voir ici ce qui s’est passé la nuit dernière », a déclaré Gill Schecter, un résident de la rue, en désignant les restes des grenades lacrymogènes que la police a du envoyer. A proximité, de l’herbe noircie par un cocktail Molotov jeté quelques nuits plus tôt. Plus tard le même jour, des jeunes sont sortis dans la rue armés de frondes et de pierres. Les policiers les ont repoussés dans le village.

« Nous n’avons pas eu de problèmes pendant de nombreuses années», a déclaré Schecter, 40 ans. Il a déménagé ici quand il était enfant, en 1980, et vit aujourd’hui dans le quartier avec sa famille. « Les gens faisaient leurs courses dans le village. Mais maintenant la situation est hors de contrôle ».

Armon Hanatziv, également appelée Talpiot-Est, est l’un des quartiers construits après 1973 pour renforcer les zones périphériques de Jérusalem. Certaines parties du quartier sont contigües aux villages arabes voisins de Jabel Mukaber et de Tsur Baher.

Une vue d'une rue principale à Jabel Mukaber, un des villages arabes de Armon Hanatziv (Crédit : Jessica Steinberg / Times of Israël)
Une vue d’une rue principale à Jabel Mukaber, un des villages arabes de Armon Hanatziv (Crédit : Jessica Steinberg / Times of Israël)

Armon Hanatziv signifie « le Palais du Gouverneur ». Le quartier a été appelé ainsi en référence à la colline où se trouvait le haut-commissaire britannique, et qui est maintenant l’emplacement du siège des Nations unies. L’entrée principale du quartier est à proximité de la Promenade Armon Hanatziv, le parc en terrasses, populaire auprès des habitants et des touristes pour sa vue plongeante sur la Vieille Ville, le mont Sion, le mont du Temple, la vallée du Cédrat et le Mont des Oliviers.

Les relations sont généralement bonnes entre les habitants du quartier et les villageois, disent les habitants. Les résidents arabes sont d’ailleurs souvent visibles dans tout le quartier de Talpiot [dans lequel se trouve une des plus grosses zone industrielle et commerciale de Jérusalem] : ils font leurs courses dans les supermarchés locaux et les centres commerciaux alentours ; ils s’arrêtent aussi à la succursale des banques locales et se font soigner dans les cliniques du quartier.

« Jusqu’à la semaine dernière » déclare Schecter.

Quand il a été signalé que les Palestiniens de Gaza avaient enlevé un soldat israélien [le soldat, Oron Shaul, a plus tard été déclaré mort par l’armée israélienne, bien que son corps n’avait pas encore été récupéré par l’armée], un groupe d’adolescents de Jabel Mukaber a défilé dans des voitures sur la rue principale du village, criant des slogans et jetant des pierres sur les maisons juives, affirme Schecter.

Depuis lors, un groupe de jeunes – Schecter estiment que ce sont des collégiens – fait des ravages tous les soirs de 22 heures à 3 heures du matin, ciblant parfois certains bâtiments. Un soir de cette semaine, deux groupes, les résidents juifs et villageois arabes, se sont réunis autour de cercles de circulation séparée pour protester, chacun contre la présence de l’autre, jusqu’à ce que la police renvoie chacun des groupes.

« Ça a été l’enfer ici », a déclaré Amos Kamhin, un autre résident de la rue, qui est un officier de l’armée. Son balcon donne sur le village arabe, et il dit qu’il peut observer les affrontements tous les soirs à partir d’ici.

Les deux hommes vivent sur ​​la rue Meir Nakar, une rue qui sert de voie de communication principale entre Jabel Mukaber et Armon Hanatziv. Il en existe d’autres, comme la rue Yaakov Weiss, qui serpente du village au quartier avec les terrains de jeux de l’école maternelle et une clinique pour le suivi médical des jeunes enfants, utilisés par les habitants juifs et arabes.

Alors que Kamhin et Schecter bavardaient de leur côté, deux jeunes Arabes marchaient dans la rue sur le chemin de Olei Hagardom, l’une des principales rues de Armon Hanatziv.

« Ils peuvent marcher librement dans le quartier, mais nous ne penserions même pas aller dans leur village avec ce qui se passe maintenant » estime Schecter.

Kamhin se déclare préoccupé par ce qu’il perçoit comme un manque de présence policière suffisante. La police a utilisé les gaz lacrymogènes contre les assaillants mais ils n’ont pas été prêts à arrêter l’un des agresseurs, craignant une escalade de la violence.

« La semaine dernière, la police n’a pas répondu à nos appels pendant 40 minutes », a déclaré Kamhin. « Nous y sommes donc allés et avons répondu à l’attaque. Que pouvions-nous faire ? Continuer à recevoir des bombes incendiaires lancées sur nos maisons ? ».

Les résidents d’Armon Hanatziv ont formé leur propre comité de sécurité, a déclaré Schecter, qui est membre du comité. « Nous devons prendre soin de nous-mêmes » a-t-il écrit dans un post récent sur Facebook. Et la police a déclaré qu’ils auraient même encouragé les habitants à protéger leur propre quartier.

Au bout de la rue Meir Nakar, où la police a jeté des bombes lacrymogènes aux villageois arabes (Crédit : Simone Somekh / Times of Israël)
Au bout de la rue Meir Nakar, où la police a jeté des bombes lacrymogènes aux villageois arabes (Crédit : Simone Somekh / Times of Israël)

Selon le porte-parole de la police Micky Rosenfeld, les policiers ont contenu les perturbations nocturnes en mobilisant plusieurs unités. Pour lui, l’action en cours qui a lieu en ce moment « ne sort pas de l’ordinaire ».

« Il y a eu des jets de pierres, mais la police est là depuis les deux dernières
semaines », a déclaré Rosenfeld.

Les villageois qui organisent les attaques, vandalisent les voitures et harcèlent les résidents de Armon Hanatziv ne représentent pas l’ensemble de la population de Jabel Mukaber, explique Schecter. Il emploie lui-même d’ailleurs plusieurs villageois arabes dans son entreprise d’air conditionné qui lui ont dit qu’ils n’avaient rien à faire avec leurs voisins plus extrémistes. Beaucoup de villageois travaillent pour les Israéliens et ne veulent pas compromettre leurs revenus.

« C’est juste une minorité » qui cause des ennuis, affirme Schecter. « Mais j’ai quatre enfants, et ils ont peur ».

Mais les attaques nocturnes ne sont pas la seule provocation qui dérange les résidents d’Armon Hanatziv.

Il y a une dizaine de mosquées dans la région environnante, a déclaré Schecter, chacune avec son propre muezzin qui appelle les fidèles à la prière à différents moments de la journée, y compris tard dans la nuit et aussi avant l’aube. Selon Schecter, l’appel des muezzins s’est fait entendre beaucoup plus fortement au cours des dernières semaines.

En réponse, un groupe de résidents d’Armon Hanatziv a décidé de diffuser une interprétation de « Chema Israël » [la profession de foi juive basée sur des versets de la Torah, récitée matin et soir par les Juifs pratiquants] à 2h30 du matin sur un ensemble de haut-parleurs en direction de Tsur Baher.

Cela a déclenché un vif débat dans le groupe Facebook fermé de la communauté d’Armon Hanatziv. Alors que certains y étaient favorables, d’autres ont condamné cette initiative de façon véhémente, la qualifiant de raciste et d’inutile. Un des modérateurs de la page, Simcha Gluck, a fait savoir que ce débat avait été effacé du groupe.

« Je pense que ce serait génial de faire ça dans tout le pays jusqu’à ce que la police s’implique et doive finalement demander à tous les Juifs et aux Arabes de ne pas mettre le son à des niveaux élevés » lance Gluck. « C’est une honte et c’est totalement déloyal. Les Arabes chantent leurs lamentations dans des haut-parleurs quand ils le souhaitent et personne ne fait rien à ce sujet. Notre initiative a pour but de réveiller les consciences et de générer de l’action ».

Le conseiller [de la mairie de Jérusalem] Aryeh King, a également participé à l’initiative du « Chema Israël ». King est bien connu des habitants de Jérusalem car il appartient à une organisation de droite, qui rachète aux Arabes leurs terrains à Jérusalem-Est. Au mois de janvier, King a proposé de mesurer le niveau sonore de l’appel à la prière dans les mosquées dans la partie orientale de Jérusalem. Maintenant, il y a un « programme pilote » dans Tsur Baher et Jabel Mukaber, déclare-t-il.

Le but, explique Aryeh King, est d’améliorer la vie des Arabes et des Israéliens
« ensemble ». Si le programme montre qu’un haut-parleur diffuse notamment l’appel à la prière à un niveau sonore trop élevé, la ville mettra en œuvre différentes technologies.

« Nous pouvons leur demander d’utiliser des haut-parleurs qui sont moins puissants » argumente King. « Ou alors de lancer un appel à la prière qui est plus doux et qui n’est pas dirigé vers les quartiers et les maisons juives ». L’initiative du « Chema Israël »a été réalisée par des résidents qui étaient fatigués des appels à la prière supplémentaires faits au cours du mois du ramadan, explique-t-il.

Le conseiller de Jérusalem Aryeh Roi dirige le Fonds pour la terre d'Israël, une organisation de droite financée par le philanthrope américain Irving Moskowitz, engagé à acheter des terres à Jérusalem-Est. Roi vit avec sa famille à Ras-el-Amoud, un quartier arabe de Jérusalem-Est (Crédit : Nati Shohat/Flash 90)
Le conseiller de Jérusalem Aryeh Roi dirige le Fonds pour la terre d’Israël, une organisation de droite financée par le philanthrope américain Irving Moskowitz, engagé à acheter des terres à Jérusalem-Est. Roi vit avec sa famille à Ras-el-Amoud, un quartier arabe de Jérusalem-Est (Crédit : Nati Shohat/Flash 90)

« Ceux qui l’ont fait voulaient montrer aux Arabes ce que nous ressentons » assure-t-il. « Je ne pense pas que ça soit une mauvaise chose, mais c’est vraiment une question de coopération, et d’améliorer les choses ».

Pour l’instant, Kamhin, l’officier de l’armée, voudrait surtout un peu de calme dans son quartier.

« Quand je suis arrivé ici, ce n’était pas pour me battre » soutient-il. « J’ai une vue magnifique jusqu’à la mer Morte. Je suis venu ici pour vivre de manière tranquille ».

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