Du camp des Milles à Auschwitz : appel à faire barrage aux « extrémismes identitaires »
Constatant "une montée alarmante des extrémismes", qui se traduit "par une explosion des actes antisémites depuis le 7 octobre" une quinzaine d'institutions mémorielles estiment que "l'Histoire alerte le présent"
Du camp des Milles, dans le sud de la France, au musée d’État d’Auschwitz-Birkenau en Pologne, une quinzaine d’institutions mémorielles dans le monde ont appelé jeudi, dans un manifeste, à dresser un « barrage civique » face aux « extrémismes identitaires » à trois jours d’élections en France.
Constatant « une montée alarmante des extrémismes en Europe et dans le monde, qui se traduit en particulier par une explosion des actes antisémites depuis le 7 octobre » (2023, date de l’attaque sans précédent du Hamas contre Israël), elles estiment dans ce manifeste que « l’Histoire alerte le présent ».
À trois jours des élections législatives en France où l’extrême droite est donnée en tête dans les sondages, ces 14 institutions, membres ou partenaires du réseau international « Institutions mémorielles et Éducation à la citoyenneté », soulignent que « les extrémismes identitaires ont été dans l’Histoire le moteur puissant des engrenages qui ont conduit à la fin des libertés et à des crimes de masse ».
Prenant soin de ne pas nommer un parti en particulier, elles estiment que « les régimes autoritaires ont déjà été ‘essayés’ et ont conduit à des enchaînements d’actions et réactions qui ont dramatiquement nui aux peuples trompés par leur démagogie ».
Elles rappellent que « l’Histoire montre aussi la diversité des résistances démocratiques possibles avant qu’il ne soit trop tard ».
En conséquence, elles appellent à « s’opposer démocratiquement aux dynamiques puissantes d’exclusion et de rejet de l’autre » et « à dresser un barrage civique face à ces dynamiques mortifères et aux terribles risques qu’elles font courir à la paix civile et à la démocratie ».
Parmi les premiers signataires figurent notamment le Centre d’Histoire de la Résistance et de la Déportation de Lyon, le Centre Simon Wiesenthal en France, le Comité international de Mauthausen en Autriche, la Fondation de la Résistance, le Jewish Heritage Centre of Western Canada au Canada ou le War Heritage Institute en Belgique.
La Fondation du Camp des Milles-Mémoire et Éducation à Aix-en-Provence (sud de la France), qui gère ce lieu d’où furent déportés près de 2 000 personnes par le régime français de Vichy lors de la Seconde guerre mondiale a également signé le texte.
« J’ai été déportée à Auschwitz, j’ai perdu toute ma famille, mon père, ma mère et ma grand-mère qui ont été gazés et c’est évident que les histoires qui risquent de se répéter avec la poussée de l’extrême droite, ça m’inquiète beaucoup », avait témoigné mercredi auprès de l’AFP Denise Toros-Marter, 96 ans et présidente de l’une des associations signataires, l’amicale des déportés d’Auschwitz et de Haute Silésie Marseille-Provence.