Égales mais différentes : Les considérations de santé spécifiques aux combattantes
Alors qu'elles combattent au front contre le Hamas aux côtés de leurs camarades masculins de Tsahal, les soldates doivent faire face aux réalités physiologiques de leur corps
À la fin de l’année dernière, l’armée israélienne a enregistré une forte augmentation du nombre de conscrites cherchant à rejoindre les unités de combat lors de la guerre dans la bande de Gaza, qui a débuté le 7 octobre.
Le nombre de femmes s’enrôlant dans des unités de combat a augmenté ces dernières années, car des recours déposés avec succès auprès de la Haute Cour en vue d’une plus grande intégration des femmes dans les rangs de Tsahal ont permis aux recrues féminines de concourir pour être acceptées dans certaines unités d’élite historiquement inaccessibles aux femmes.
Si les femmes prouvent dans de nombreux cas qu’elles sont les égales des hommes sur le champ de bataille, les professionnels de la santé affirment qu’il est impossible d’occulter le fait que la biologie et la physiologie féminines diffèrent de celles des hommes.
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Lors d’une conférence en ligne sur la santé des femmes pendant la guerre organisée par l’organisation israélienne à but non lucratif Nogafem le 29 février, une session a été consacrée aux problèmes de santé et d’hygiène propres aux soldates, en particulier pendant les périodes longues et intenses d’engagement militaire.
« Parfois, il est question de femmes qui ne peuvent pas se doucher pendant un mois », a déclaré la Dr. Tili Fisher Yosef, spécialiste des soins primaires au sein de la caisse de santé Maccabi et chargée de cours à l’école de médecine de l’Université de Tel Aviv.
Même si les soldates portent des sous-vêtements en coton et essaient de rester aussi propres que possible, des irritations et des écoulements vaginaux douloureux ou qui démangent peuvent se produire.
« En cas de vaginite sur le terrain, il n’est pas possible d’effectuer un prélèvement comme on le ferait dans un cabinet médical et de faire une culture en laboratoire pour voir s’il y a bien une infection et, le cas échéant, si elle est causée par des levures, des bactéries ou autre chose », a expliqué le Dr. Itamar Netzer, gynécologue et administrateur médical auprès de la caisse de santé Clalit.
La mycose étant la cause la plus probable, Netzer recommande aux combattantes sur le terrain d’essayer de la traiter avec des suppositoires vaginaux antifongiques pendant un ou trois jours. Ces traitements sur ordonnance peuvent être obtenus auprès des médecins militaires ou d’un médecin privé.
Netzer a déclaré que les soldates qui souffrent d’infections vaginales fréquentes peuvent prendre des médicaments antifongiques oraux, tels que des comprimés de fluconazole, à titre préventif, avant de se rendre dans des situations où il sera difficile d’avoir une hygiène correcte et régulière.
Yosef souligne que ce qui peut ressembler à une infection vaginale ou urinaire peut n’être qu’une irritation externe très inconfortable causée par l’humidité et le frottement constant de la zone de l’entrejambe de l’uniforme.
« Avant de prendre des médicaments sur ordonnance, il est préférable d’essayer d’abord une crème de change, une crème antifongique topique en vente libre ou une poudre absorbante. Ces produits peuvent suffire à résoudre le problème », a noté Yosef.
Pour les champignons qui peuvent apparaître sous les seins en raison d’un excès d’humidité, les médecins recommandent des soutiens-gorge en coton qui respirent. La poudre peut absorber la sueur et la crème antifongique utilisée pour traiter une éruption cutanée.
Indépendamment des suggestions spécifiques, le message sous-jacent des médecins est que les soldates doivent réfléchir et se préparer en amont, en s’assurant qu’elles apportent avec elles toutes les fournitures dont elles pourraient avoir besoin.
Même si les irritations et les infections ne touchent pas toutes les soldates, toutes doivent réfléchir à la façon dont elles veulent gérer leurs règles lorsqu’elles partent au combat ou s’entraînent sur le terrain.
« En fonction de sa tâche dans l’armée israélienne, une soldate doit se demander si elle veut avoir des règles régulières, arrêter ses règles pendant son service actif ou les arrêter seulement temporairement lorsqu’elles sont gênantes », a souligné Netzer.
Ce sont des décisions qu’une soldate doit prendre en concertation avec son médecin.
« Une option consiste à prendre des estroprogestatives [pilules contraceptives combinées] d’une certaine manière, mais cela ne fonctionne pas toujours et ne convient pas à tout le monde. Il faut tenir compte des effets secondaires », a précisé Netzer.
Yosef a suggéré, par exemple, de prendre un médicament, tel que la noréthistérone, pour retarder les règles. Comme les pilules contraceptives, cette approche présente des avantages et des inconvénients.
« Il est important de se rappeler que les médicaments qui retardent l’apparition des règles n’empêchent pas la grossesse, et il est recommandé de ne les prendre que pendant quelques mois à la fois, puis de les arrêter », a-t-elle déclaré.
La pose d’un stérilet est également une possibilité pour une jeune femme qui souhaite un contrôle des naissances à long-terme, l’absence de règles, ou les deux. Cependant, ce n’est pas quelque chose de particulièrement pertinent pour une soldate qui cherche à arrêter ses règles pendant seulement quelques mois – généralement, le temps qu’il faut pour s’habituer à avoir un stérilet en premier lieu.
Pour certaines femmes, les deux semaines entre l’ovulation et la menstruation sont caractérisées par le syndrome prémenstruel (SPM), avec des symptômes tels que des ballonnements, des maux de tête et une sensibilité des seins. Ces mêmes femmes peuvent également souffrir d’un trouble dysphorique prémenstruel (TDPM), qui entraîne une anxiété, une dépression et des changements d’humeur marqués.
Les soldates qui souffrent généralement du SPM ou du TDPM pourraient envisager une solution qui empêcherait ces syndromes d’interférer avec leurs performances.
« Les pilules contraceptives peuvent aider à soulager les symptômes, mais là encore, les effets secondaires doivent être pris en compte », a ajouté Netzer.
Selon Yosef, de faibles doses de médicaments largement utilisés pour traiter la dépression et l’anxiété, tels que les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS), pourraient être utiles si elles étaient correctement dosées et si l’on déterminait les bons jours du cycle de la femme pour les prendre.
« Il s’agit de médicaments délivrés sur ordonnance, qui doivent être pris sous la supervision du médecin de la soldate ou d’un médecin de Tsahal », a souligné Yosef.
Yosef a abordé la question de savoir comment le fait de soulever des équipements militaires et de porter des sacs lourds affecte la santé du plancher pelvien des femmes.
Selon Yosef, les recherches menées par Tsahal ont montré qu’il n’y avait pas d’impact négatif sur le bassin des combattantes.
« Il ne semble pas que le poids ait provoqué des fuites urinaires. Il est intéressant de noter que les problèmes de plancher pelvien et les fuites urinaires sont plus fréquents chez les soldates de surveillance [tazpitaniyot], qui sont assises des heures durant devant des écrans d’ordinateur », a-t-elle poursuivi.
Les soldates n’ont pas seulement fait leurs preuves sur le plan physique en combattant aux côtés des hommes.
« Il n’existe pas encore de données comparant le syndrome de stress post-traumatique [TSPT] chez les hommes et les femmes soldats de l’armée israélienne dans la guerre actuelle. Toutefois, les données antérieures montrent que les soldates s’adaptent bien sur le plan psychologique », a fait remarquer Yosef.
L’équipe du Times of Israel a contribué à cet article.
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