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En Croatie, le virage à droite inquiète ; Salut oustachi face à Israël

Malaise entre complaisance de l'Etat face au passé pro-nazi, sympathies négationnistes d'un ministre ou minorités pointées du doigt

Un homme regarde le terrain où apparait une croix gammée après le match de qualification de football Euro 2016 entre la Croatie et l'Italie au stade Poljud à Split le 12 juin 2015 (Crédit : AFP PHOTO / ANDREJ ISAKOVIC)
Un homme regarde le terrain où apparait une croix gammée après le match de qualification de football Euro 2016 entre la Croatie et l'Italie au stade Poljud à Split le 12 juin 2015 (Crédit : AFP PHOTO / ANDREJ ISAKOVIC)

Complaisance face au passé pro-nazi, sympathies négationnistes prêtées à un ministre, minorité serbe pointée du doigt: la société civile s’inquiète d’une droitisation qui serait à l’oeuvre en Croatie.

Signe de ce malaise, communauté juive, minorité serbe et antifascistes ont boycotté le 22 avril une commémoration à Jasenovac, « l’Auschwitz croate », la première depuis que les conservateurs du HDZ ont pris les rênes du pays en janvier, après quatre ans de gouvernement de centre gauche.

Ils entendaient dénoncer un regain fasciste rendu possible, selon eux, par la mansuétude de l’exécutif. « Une décision courageuse et justifiée face à la vague néofasciste de nostalgie oustachie qui balaie la Croatie », commente pour l’AFP Efraim Zuroff, du Centre Simon-Wiesenthal.

Efraim Zuroff in 2009 (Photo credit: Yossi Zamir/Flash 90)
Efraim Zuroff en 2009 (Crédit : Yossi Zamir/Flash 90)

Durant la Deuxième guerre mondiale, le pays a été dirigé par le régime oustachi pronazi d’Ante Pavelic.

Présente « depuis des années », la volonté de relativiser ses crimes aurait « désormais pénétré les cabinets ministériels et les grands médias » de ce pays membre de l’UE depuis 2013, selon l’historien Tvrtko Jakovina.

La nomination comme ministre de la Culture de Zlatko Hasanbegovic a mis le feu aux poudres. Les soupçons de révisionnisme et de sympathies de jeunesse pour les oustachis ont redoublé quand cet historien a loué comme un bon « moyen d’éclairer des points controversés de l’histoire croate » le documentaire « Jasenovac, La vérité »: son réalisateur évoque 20 à 40.000 morts, quand le Mémorial de l’Holocauste en dénombre 100.000.

Monument à la mémoire des victimes de Jasenovac, en Croatie (Crédit : Bern Bartsch/Wikimedia commons/CC BY-SA 3.0)
Monument à la mémoire des victimes de Jasenovac, en Croatie (Crédit : Bern Bartsch/Wikimedia commons/CC BY-SA 3.0)

Salut oustachi face à Israël

Le Premier ministre Tihomir Oreskovic s’attire les critiques le 23 mars : lors d’une rencontre de football Croatie-Israël, il ne réagit pas quand, des tribunes du stade d’Osijek (est), s’élèvent les « Za Dom Spremni! » (« Prêts pour la Patrie! »), le salut oustachi.

« L’Etat ne fait rien et ne veut rien faire », a accusé le président de la principale association juive, Ognjen Kraus.

Tihomir Oreskovic et la présidente croate Kolinda Grabar-Kitarovic attendront avril et une visite de Nicholas Dean, chargé des questions liées à l’Holocauste au Département d’Etat américain, pour condamner explicitement les crimes oustachis.

Sollicité par l’AFP, le service de presse du gouvernement dénonce des reproches « infondés et politiciens » et condamne « avec force l’affichage de symboles ou des slogans de régimes totalitaires, ainsi que toute forme d’expression promouvant ou encourageant les discours de haine et d’intolérance ».

Le HDZ dispose d’une majorité relative et dirige une coalition hétéroclite. Pour le politologue Zarko Puhovski, il cherche ainsi à compenser une légitimité démocratique fragile : « Le HDZ n’a pas gagné les élections, n’a pas réussi ce qu’a réussi la droite en Pologne et en Hongrie », il veut « créer l’illusion d’une victoire politique par le biais de l’idéologie ».

Quand Milorad Pupovac, représentant des Serbes de Croatie (4 % de la population), dénonce une « ambiance d’intolérance », un responsable du HDZ, Milijan Brkic, lui recommande, s’il se sent en insécurité, de « partir là où il ne serait pas en danger ».

Et en janvier, le journaliste d’une télévision locale avait recommandé la prudence aux « mères accompagnées d’enfants » à l’approche d’une église serbe orthodoxe de Zagreb, de crainte que les « vicaires tchetniks n’en sortent (….) pour s’y livrer à leur orgie sanglante ». Royalistes serbes, les Tchetniks ont commis des atrocités durant la Deuxième guerre mondiale.

Le nouveau ministre des Anciens combattants, Mijo Crnoja, avait d’emblée souhaité créer un « registre des traîtres à la Nation » croate, avant de démissionner.

« Cléricalisation de l’éducation »

Autre adversaire désigné : les médias, qui, pour le député HDZ Zeljko Glasnovic, sont « le plus grand obstacle à une vraie démocratie en Croatie ».

Le 31 mars, l’écrivain Ante Tomic, auteur de textes satiriques dont fait notamment les frais la puissante Eglise catholique, est agressé à Split.

Le ministre de la Culture réagit en insistant sur « l’importance d’être responsables, dans les mots prononcés ou écrits en public ». Comme en écho au patron du HDZ, Tomislav Karamarko, qui expliquait dès 2014 que « chacun peut penser ce qu’il veut chez soi, mais certainement pas en public ».

Symbole de l’identité nationale, compagnon de route du HDZ depuis l’indépendance, l’Eglise y a gagné l’enseignement religieux dans les écoles, mais entend pousser son avantage.

En défendant par exemple le rapprochement des facultés de théologie et de philosophie de Zagreb, dont les étudiants ont déployé une banderole « contre la cléricalisation de l’éducation ». Le projet a été gelé un an.

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