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En direct à la TV, Netanyahu demande à confronter ses accusateurs

L' opposition a dénoncé une "propagande" et Gabbay a réclamé une union "tout sauf Netanyahu" à Lapid et à Gantz après le discours "spectaculaire" du Premier ministre

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu lors d'un discours en direct à la résidence du Premier ministre de Jérusalem, le 7 janvier 2019 (Capture d'écran d'une vidéo diffusée par le Likud/AFP)
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu lors d'un discours en direct à la résidence du Premier ministre de Jérusalem, le 7 janvier 2019 (Capture d'écran d'une vidéo diffusée par le Likud/AFP)

Dans une déclaration en direct à la presse diffusée lundi soir en prime-time, préalablement annoncée par le parti du Likud comme une intervention « spéciale » et « spectaculaire », le Premier ministre Benjamin Netanyahu a demandé à la police de l’autoriser à rencontrer les témoins de l’accusation ayant témoigné contre lui dans les trois enquêtes pour corruption l’impliquant.

Il a également répété son affirmation, sans preuve, que ces enquêtes entraient dans le cadre d’un complot ourdi par la gauche pour le renverser, clamant que ses problèmes avec la justice se régleraient naturellement s’il cédait aux demandes de la gauche, tout en jurant de ne jamais le faire.

Netanyahu a indiqué souhaiter révéler une information au public qui, selon lui, prouve l’injustice et la partialité des autorités judiciaire à son égard. Il a alors rendu publique sa requête – rejetée à deux occasions – d’une confrontation avec les témoins de l’accusation.

« Au cours du déroulement des enquêtes dirigées contre moi, j’ai demandé une confrontation avec les témoins de l’accusation [dans ces dossiers] », a-t-il dit, s’adressant à la caméra depuis la résidence du Premier ministre à Jérusalem. « Je voulais pouvoir les regarder dans les yeux et faire éclater la vérité. J’ai demandé une fois, cela m’a été refusé. Je l’ai demandé une seconde fois, cela m’a encore été refusé. Pourquoi m’a-t-on refusé cette confrontation, qui est pourtant tellement nécessaire pour dévoiler la vérité ? De quoi ont-ils peur ? Qu’ont-ils à dissimuler ? »

Il a clamé qu’en plus de ne pas avoir été autorisé à rencontrer les témoins de l’accusation qui ont témoigné contre lui, la police a ignoré d’autres témoins possibles qui auraient été susceptibles de s’exprimer en sa faveur. Par exemple, le chef de l’Autorité anti-trust, David Eilat, qui avait soutenu une décision de régulation appuyée par Netanyahu et considérée comme suspecte par la police, n’a pas été questionné, a-t-il dit.

Netanyahu, tentant apparemment d’apaiser ceux qui l’accusent de saper de plus en plus le système judiciaire israélien lors de ses attaques contre la légitimité des enquêtes, a souligné que « le système judiciaire est l’un des fondements de la démocratie israélienne ». Il a dit que « le système judiciaire peut être critiqué dans une démocratie » mais qu’il faut finalement croire en lui.

Le procureur général Avichai Mandelblit assiste à une réunion de la Commission de contrôle de l’État à la Knesset, le 3 décembre 2018. (Miriam Alster/Flash90)

Il a semblé néanmoins insinuer que le même système dissimulait des informations. Il a également répété son affirmation que « la gauche » se trouvait à l’origine d’un effort coordonné visant à le renverser en utilisant des moyens illégitimes, en employant une « pression sans relâche sur le procureur-général, une pression sans relâche pour m’inculper ».

« J’aurais pu stopper cette terrible chasse contre moi et contre ma famille si j’avais seulement offert un nouveau désengagement : me retirer aux frontières de 1967, diviser Jérusalem et renoncer à la sécurité en Israël », a-t-il dit. « Mais jamais je ne ferai une telle chose ».

Aucune preuve n’a pu laisser suggérer que le travail des enquêteurs de police, des procureurs et du procureur-général pouvait être influencé par la politique.

Netanyahu a suggéré qu’une confrontation entre lui-même et les témoins puisse avoir lieu à la télévision, en direct, de manière à ce que « le public puisse tout voir, tout entendre et connaître la vérité toute entière ».

Il a juré de se battre contre toute accusation d’activité illégale de sa part, parce que « je sais quelle est la vérité et je suis sûr de cette vérité à 4000 % ». (Le chiffre 4000 est une référence à l’Affaire 4 000, l’une des trois enquêtes ouvertes à son encontre et celle qui serait la plus grave.)

Netanyahu a tourné en dérision l’accusation centrale figurant dans deux des trois dossiers – des actions hors-la-loi en l’échange d’une couverture médiatique positive.

« Moi, la personnalité publique la plus calomniée de l’histoire de la nation, j’ai eu droit à une couverture médiatique sympathique ? Quelle absurdité », a-t-il dit.

Cette déclaration télévisée avait été qualifiée au préalable par le parti du Likud de Netanyahu comme « spéciale » et « spectaculaire », mais le Premier ministre a été éreinté par les critiques pour avoir utilisé les médias à des fins de propagande.

Dans une réponse officielle, le ministère de la Justice a expliqué que l’enquête avait été menée de manière « professionnelle et rigoureuse » par toutes les personnes impliquées, « conformément à des considérations professionnelles… et en quête de vérité exclusivement ».

Le procureur d’Etat Shai Nitzan assiste à une réunion du Comité des affaires intérieures à la Knesset à Jérusalem, le 21 novembre 2017. (Yonatan Sindel / Flash90)

Il a expliqué qu’il ne ferait aucun commentaire spécifique sur une affaire en cours. « L’examen des résultats de l’enquête est dorénavant mené par le procureur-général, par le procureur de l’Etat et par leurs assistants de manière rigoureuse et professionnelle et… ne devrait pas être mené dans les médias ».

Une source policière proche de l’enquête et qui s’est entretenue avec la chaîne Hadashot a démenti l’assertion faite par Netanyahu, qu’une confrontation entre lui-même et les témoins était nécessaire pour établir la vérité.

La source a déclaré que toutes les questions et tous les problèmes soulevés par les témoins avaient été soumis au Premier ministre dans le cadre des sessions d’interrogatoire qu’il avait subi. « Toute confrontation potentielle n’aurait pas fait avancer l’enquête ni amené une partie ou l’autre à modifier sa version des événements », a dit la source.

Netanyahu est soupçonné de corruption dans trois dossiers. L’un implique des cadeaux reçus de riches personnalités et les deux autres concernent des accords de compromis potentiels qui auraient octroyé des faveurs en termes de régulation en échange d’une couverture médiatique positive du Premier ministre et de ses initiatives.

Nir Hefetz devant le tribunal de Tel Aviv dans l’une des enquêtes impliquant Netanyahu, le 22 février 2018 (Crédit : / AFP PHOTO / JACK GUEZ)

Les témoins de l’accusation, dans les enquêtes contre Netanyahu, sont notamment Nir Hefetz, ancien conseiller média auprès de la famille du Premier ministre, Shlomo Filber, ancien directeur-général du ministère des Communications et son ancien chef de cabinet, Ari Harow.

Cela fait longtemps que Netanyahu accuse la police, les médias et la gauche politique de complot à son encontre.

Netanyahu s’est exprimé ces derniers jours avec ferveur au sujet de l’intention présumée du procureur-général Avichai Mandelblit de l’inculper avant les élections du 9 avril.

Selon les médias, Mandelblit pourrait annoncer sa décision sur une inculpation possible au mois de février.

Les réactions à cette allocution télévisée ne se sont pas fait attendre.

Tzipi Livni, à la tête du parti Hatnua – séparé depuis la semaine dernière de la formation de l’opposition de l’Union sioniste – a estimé que le discours de Netanyahu était « une énième tentative évidente de retarder la justice par le biais d’une attaque victimaire et hystérique contre les instances judiciaires, par nécessité personnelle ».

La cheffe de l’opposition Tzipi Livni à la Public Forum Conference, le 15 novembre 2018. (Crédit : Tomer Neuberg/Flash90)

« Au lieu de regarder les spectacles offerts par Netanyahu, nous devons lutter pour sauver Israël de Netanyahu », s’est-elle exclamé.

Selon le parti Hossen LeYisrael de Benny Gantz, le leader de l’Etat juif doit se concentrer exclusivement sur ses citoyens.

« Il est temps d’avoir un responsable qui se préoccupe non pas de lui-même mais des citoyens de l’Etat », a dit la formation dans un communiqué après les critiques de Netanyahu des enquêtes le concernant.

Le chef du parti travailliste Avi Gabbay a pour sa part noté que les propos de Netanyahu défiant les autorités judiciaires étaient la preuve qu’Israël a besoin d’un nouveau Premier ministre.

« Dans un pays normal, un Premier ministre ne se comporte pas ainsi. Dans un pays normal, le Premier ministre n’attaque pas les responsables du système judiciaire », a dit Gabbay. « Au lieu de se préoccuper de la sécurité des résidents du sud, du coût de la vie ou de l’effondrement du système de santé, Netanyahu ne se préoccupe que d’échapper aux enquêtes ».

Gabbay a appelé le chef de Yesh Atid, Yair Lapid, et celui du mouvement Hossen LeYisrael, Benny Gantz, à s’unir à lui pour remplacer Netanyahu lors du prochain scrutin.

Le chef du parti de l’Union sioniste Avi Gabbay dirige une réunion de faction à la Knesset le 19 novembre 2018. (Miriam Alster/FLASH90)

“Lapid et Gantz, vous êtes de bonnes personnes, vous avez vu Netanyahu ce soir, qui a sauvagement attaqué les responsables judiciaires. Je vous le dis ici : nous devons devenir partenaires. Ce soir, plus que jamais, le moment est venu pour annoncer que quoi qu’il arrive, vous ne deviendrez jamais des partenaires de Netanyahu », a-t-il déclaré.

« L’Etat d’Israël a besoin d’autre chose, une voie du changement ».

La ministre de la Culture Miri Regev a émis pour sa part un communiqué en soutien à Netanyahu.

« Chaque jour, nous découvrons un peu plus les manquements de la justice dans les dossiers contre le Premier ministre », a-t-elle dit. « Si le Premier ministre clame qu’il souhaite être confronté aux témoins de l’accusation et que la police le lui refuse, cela ne fait que prouver que les enquêteurs ne cherchent pas la vérité mais une version qui leur convienne à eux ».

« Je soutiens le Premier ministre et je crois en son innocence », a poursuivi Regev.

La présidente du Meretz, Tamar Zandberg, dirige une réunion de faction à la Knesset le 12 novembre 2018. (Crédit : Miriam Alster / Flash90)

Tamar Zandberg, cheffe du Meretz de gauche, a préféré tourner Netanyahu en dérision, déclarant qu’en « ce qui concerne une annonce qui devait être tellement spectaculaire, on peut vraiment dire là qu’il n’y a rien eu de spectaculaire parce qu’il ‘ne s’est rien passé' », reprenant avec ironie les termes employés par le Premier ministre lorsqu’il évoque les enquêtes pour corruption.

« La seule chose spectaculaire ici, c’est que nous avons un Premier ministre qui reste à son poste malgré une recommandation de la police dans trois dossiers pour corruption », a continué Zandberg. « A moins que Netanyahu ne démissionne, ce genre de propos relève d’une propagande électorale qui ne doivent pas être diffusés ».

Shelly Yachimovich, députée de l’Union sioniste, assiste à une réunion de faction à la Knesset, le 1er janvier 2018. (Miriam Alster/Flash90)

Selon la responsable de l’opposition Shelly Yachimovich, Netanyahu n’est plus apte à assurer ses fonctions.

« Netanyahu ne peut plus rester davantage à son poste », a Yachimovich. « Nous avons assisté à un discours électoral cynique et boiteux de la part de quelqu’un qui tente de toutes ses forces d’échapper à la justice ».

Yachimovich a expliqué qu’elle demanderait à la commission centrale électorale d’éviter des incidents similaires à l’avenir.

« C’est une intervention éhontée et grossière de Netanyahu dans son affaire judiciaire et il crée un faux drame à partir de rien, volant du temps à l’écran comme le ferait le dernier des dictateurs », a-t-elle ajouté.

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