Erdogan dit qu’Israël est un « État terroriste » qui veut « entièrement raser » Gaza
Le président turc, lui-même accusé d'avoir bombardé des civils sans discernement, dit qu'Israël a commis la pire attaque "de l'histoire" contre des femmes et des enfants
Le président turc Recep Tayyip Erdogan multiplie les critiques à l’encontre d’Israël, qu’il qualifie d’État « terroriste » et qu’il accuse de vouloir détruire Gaza.
Dans un discours enflammé devant les membres de son parti, Erdogan a également déclaré que son pays prendrait des mesures pour que les dirigeants politiques et militaires d’Israël soient jugés par des tribunaux internationaux.
Affirmant qu’Israël « bénéficie du soutien total des États-Unis et de l’Occident » pour « commettre ses crimes de guerre », Erdogan a déclaré au parlement turc que « depuis 40 jours, le gouvernement israélien n’a de cesse de commettre des crimes de guerre, en bombardant des hôpitaux, des rues et des mosquées. En ciblant délibérément tous ces lieux, il applique sa stratégie visant à la destruction totale d’une ville et de ses habitants ».
Les relations diplomatiques entre Israël et la Turquie, qui venaient à peine d’être rétablies, se sont gravement détériorées depuis le 7 octobre, date à laquelle des terroristes du Hamas ont franchi la frontière de Gaza pour entrer en Israël, tuant au moins 1 200 personnes, prenant quelque 240 otages et provoquant une guerre dont l’objectif ultime pour Israël est d’éliminer le groupe terroriste au pouvoir dans la bande de Gaza.
« Israël met en œuvre une stratégie de destruction totale d’une ville et de ses habitants », a déclaré Erdogan. « Je dis ouvertement qu’Israël est un État terroriste. »
« Ils disent que le Hamas est une organisation terroriste, mais le Hamas est un parti politique qui a remporté le vote populaire en Palestine, et après cette victoire, vous vous êtes emparés de leurs droits et vous les avez usurpés. Israël et les États-Unis se sont emparés de ces droits. »
Le Hamas a remporté les dernières élections palestiniennes en 2006 avec une marge étroite. N’ayant pas obtenu la majorité, il a formé un gouvernement d’unité avec le Fatah pendant plusieurs mois, avant de chasser les instances du Fatah de la bande de Gaza et de s’emparer du territoire tout entier.
Erdogan s’est ensuite penché sur le bilan des morts communiqué par le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, qui affirme que 11 500 personnes ont été tuées au cours de la guerre. (Ces chiffres fournis par le ministère de la Santé de Gaza ne peuvent pas être vérifiés de manière indépendante et incluent des terroristes et des civils tués par les centaines de roquettes palestiniennes mal tirées.)
Il a ajouté : « Les deux tiers des 12 000 personnes qui ont été tuées par Israël à Gaza sont des femmes et des enfants. Israël mène l’attaque la plus infâme contre des femmes et des enfants de toute l’histoire. »
« Même la guerre a des limites, des frontières et une morale. La première loi de la guerre est de ne pas blesser de femmes, d’enfants ni de secouristes », a-t-il ajouté, accusant Israël de laisser délibérément mourir des bébés sans nourriture.
Israël assure qu’il cherche à éviter de porter atteinte aux civils, mais que c’est inévitable dans une guerre contre des terroristes qui sont profondément et largement implantés dans la population civile et qui utilisent les hôpitaux, les écoles, les terrains de jeu et autres comme couverture pour leur vaste réseau de tunnels, de positions de lancement de roquettes, de caches d’armes et autres.
Sous Erdogan, la Turquie est impliquée diplomatiquement et militairement dans la guerre civile syrienne depuis son déclenchement. En 2019, Amnesty International a établi que la Turquie avait fait preuve d’un « mépris honteux pour la vie des civils, en se livrant à des violations graves et à des crimes de guerre, notamment des homicides sommaires et des attaques illégales qui ont tué et blessé des civils ».
Revenant sur les propos tenus ces derniers jours par le ministre israélien d’extrême droite Amichai Eliyahu, qui avait suggéré à Israël de larguer des bombes nucléaires sur Gaza (avant d’être réprimandé), Erdogan s’est adressé directement au Premier ministre Benjamin Netanyahu en le nommant.
« Ils [Israël] ont parlé d’assassiner tous ces gens en utilisant des armes nucléaires, alors permettez-moi de confronter Benjamin Netanyahu – avez-vous des armes nucléaires ou non ? Expliquez-moi cela, si vous êtes assez courageux. »
« Vous menacez les gens avec des bombes atomiques, des bombes nucléaires. Mais peu importe ce que vous avez, vous êtes fini », a-t-il ajouté.
Bien que des sources étrangères pensent qu’Israël dispose d’un arsenal de dizaines, voire de centaines d’armes nucléaires, l’État juif n’a jamais ni confirmé ni infirmé publiquement ces informations, fidèle à sa politique d’ambiguïté sur le plan nucléaire.
Plus tard dans son discours, Erdogan est revenu sur le sujet des armes nucléaires et a demandé pourquoi l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) n’était pas intervenue après les aveux présumés d’Israël de posséder des armes nucléaires.
À la suite du discours incendiaire d’Erdogan, le dernier d’une série de discours anti-Israël prononcés par le dirigeant turc, le député de l’opposition israélienne Yair Lapid (Yesh Atid) a déclaré sur X qu’Israël « n’acceptera pas de leçons de morale du président Erdogan, un homme au bilan épouvantable en matière de droits de l’homme ».
« Israël se défend contre des terroristes brutaux du Hamas et de l’État islamique, dont certains ont été autorisés à opérer sous le toit d’Erdogan », a ajouté Lapid.
La Turquie sert depuis longtemps de refuge aux hauts dirigeants du Hamas et Erdogan a rencontré à plusieurs reprises des responsables du groupe terroriste.
Ismail Haniyeh, le chef du Hamas, partage son temps entre le Qatar et la Turquie depuis qu’il a quitté la bande de Gaza il y a plusieurs années. Il est en contact étroit avec la Turquie depuis le 7 octobre. Le Hamas a pu prospérer en Turquie depuis plus de dix ans et a mené des opérations à partir de ses bureaux d’Istanbul, bien que la Turquie maintienne qu’elle n’abrite que l’aile politique du groupe. Le Hamas a ainsi été accusé d’avoir planifié des attaques terroristes contre Israël à partir du sol turc.
À la suite de l’attaque perpétrée par le Hamas le 7 octobre, un article publié par le site d’informations Al-Monitor, basé à Washington, affirmait que Haniyeh se trouvait à Istanbul au moment de l’attaque et que lui et d’autres hauts responsables du Hamas avaient été priés de quitter le pays. Cette information n’a toutefois jamais été confirmée.
Pendant le bref mandat de Lapid au poste de Premier ministre, entre juillet et décembre 2022, Israël et la Turquie ont renoué des relations diplomatiques complètes et, en septembre 2022, Erdogan a rencontré Lapid, marquant ainsi la première rencontre entre les dirigeants turcs et israéliens depuis 2008.
Mais depuis le début de la guerre, la Turquie refuse de condamner l’assassinat de 1 200 Israéliens, pour la plupart des civils, par des terroristes du Hamas, et a souligné à plusieurs reprises sa position selon laquelle le Hamas était un groupe de « résistants ». La Turquie a rappelé une nouvelle fois son ambassadeur. Israël a également rappelé son personnel diplomatique.