Eric Zemmour, point de ralliement des catholiques les plus conservateurs
Ces électeurs sont notamment séduits par les attaques du candidat d'extrême droite contre la "théorie du genre" ou "l'idéologie LGBT"

La campagne présidentielle d’Eric Zemmour aimante une frange de catholiques conservateurs, séduits par les attaques du candidat d’extrême droite contre la « théorie du genre » ou « l’idéologie LGBT ».
Dimanche, pour son premier meeting de campagne, à Villepinte, ses maigres ralliements dans la classe politique provenaient principalement de ce camp : Jean-Frédéric Poisson du petit parti « Via la voie du peuple » (l’ex-Parti chrétien démocrate), Christine Boutin ou Laurence Trochu, du Mouvement conservateur, émanation de la Manif pour tous.
Ovationnée par la foule, cette dernière a loué la « famille : c’est là que tout commence et c’est là que tout doit recommencer ».
Jean-Frédéric Poisson et Laurence Trochu, qui ont activement milité en 2013 contre le mariage homosexuel puis contre l’ouverture récente de la PMA à toutes les femmes, avaient soutenu François Fillon en 2017. Cette fois, c’est plus à droite avec Eric Zemmour.
En conséquence, le parti LR a décidé mardi de couper tout lien avec le Mouvement conservateur et d’exclure ses membres de ses instances.
Dans l’entourage d’Eric Zemmour, l’ancien LR Samuel Lafont, jeune responsable de la communication numérique, était au coeur des manifestations de 2013 contre la loi Taubira. « Il était plutôt de la mouvance du Printemps français qui trouvait la Manif pour tous trop pacifique », raconte à l’AFP Ludovine de la Rochère, la responsable actuelle de l’association.
Le vice-président de la Manif pour tous, Albéric Dumont, s’occupe de la sécurité des meetings du candidat. « Il n’y a aucun lien avec mon activité associative à la Manif pour Tous. C’est mon travail, je suis prestataire dans la sécurité. J’ai un très grand nombre de clients, des ambassades, des sites touristiques religieux », répond-il à l’AFP.
Selon Ludovine de la Rochère, « les sympathisants de la Manif pour tous sont assez divisés » entre LR, RN et Eric Zemmour, mais l’ancien éditorialiste du Figaro et de CNews « remplit un vide car il tient un discours très clair sur les questions de société » et « l’importance d’avoir un père et une mère ».

La responsable associative décrit un Eric Zemmour « très à l’écoute », lors d’un échange téléphonique « il y a quelques semaines ». Et n’hésite pas à critiquer à l’inverse Valérie Pécresse, la candidate de droite, qui « dit tout et son contraire » sur la PMA et n’est « pas fiable », à ses yeux.
Selon les sondeurs, au premier tour de la présidentielle 2017, les « catholiques pratiquants » avaient placé François Fillon en tête (autour de 28 % des intentions) devant Emmanuel Macron et Marine Le Pen (autour de 22 %). Avec un choix beaucoup plus large en faveur de François Fillon (autour de 44 %) chez les « pratiquants réguliers ».
La vie privée mouvementée d’Eric Zemmour ou les accusations de harcèlement sexuel qui le visent – aucune plainte n’a été annoncée – peuvent-elles troubler cet électorat catholique ?
Christine Boutin invoque des relations « complexes » entre les hommes et les femmes « quand il s’agit de pouvoir », et dit que cela ne l’intéresse « absolument pas ». « La vie privée des hommes politiques a rarement été un long fleuve tranquille », complète Ludovine de la Rochère.
Issu d’une famille juive berbère, Eric Zemmour n’est pas catholique, mais a multiplié les signaux en direction des pratiquants les plus conservateurs.
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Mardi, il a expliqué sur BFMTV vouloir « bloquer les PMA sans père », s’il est élu.
Avant de se déclarer, le polémiste était intervenu devant l’association catholique versaillaise des Eveilleurs d’espérance, dont l’un des fondateurs appelait en 2017 à ne pas donner la moindre voix à Emmanuel Macron.

Dans son clip de lancement de campagne, Eric Zemmour a célébré la France de « Notre-Dame-de-Paris et des clochers » et fustigé les « expériences égalitaristes des pédagogistes et des Docteur Folamour des théories du genre ».
Durant son premier meeting, il a promis de « chasser des classes de nos enfants le pédagogisme, l’islamo-gauchisme » et « l’idéologie LGBT », un thème récurrent de ses ouvrages.
Et qu’on retrouve aussi fréquemment dans les boucles Telegram de Génération Z, le mouvement de jeunesse du candidat. Dans des messages montrés par un militant à l’AFP, des propos insultants sont par exemple tenus pour fustiger une récente Une du magazine LGBT Têtu, présentant l’influenceur Bilal Hassani en figure christique.