Étant parvenu à son but, le créateur de la page Yolocaust ferme le site
Le message a bien été reçu, ceux qui ont posté dans les médias sociaux des selfies pris au mémorial de l’Holocauste les ont retirés
Le créateur israélo-allemand d’un projet en ligne pour faire honte à ceux qui prennent des selfies de l’Holocauste l’a retiré une semaine seulement après son lancement.
Dans un effort pour défier la culture de commémoration qui n’existe plus chez la jeune génération, l’artiste satirisque Shahak Shapira a créé le projet virtuel YOLOCAUST dans lequel il a fait un montage des selfies postés dans les réseaux sociaux pris au Mémorial des Juifs Assassinés d’Europe à Berlin avec des images d’archives choquantes des camps d’extermination nazis.
Shapira a publié un communiqué jeudi informant que la page Web avait été visité par 2,5 millions de personnes dans le monde entier – y compris par toutes les personnes apparaissant dans tous ses montages photo.
Dans le cadre du projet, l’artiste avait invité les personnes représentées dans ses montages à le contacter avec une demande pour les supprimer en envoyant un message à undouche.me@yolocaust.de. Après que tout le monde l’a contacté, Shapira a décidé qu’il avait réussi à faire valoir son point de vue et qu’il était temps de retirer le site Web.
« La chose folle est que le projet a réellement réussi à atteindre les 12 personnes dont les selfies ont été utilisés. Presque tous ont compris le message, se sont excusés et ont décidé de retirer leurs selfies de leurs profils personnels sur Facebook et Instagram », a écrit Shapira dans une déclaration qui a remplacé le projet en ligne.
Il a également écrit qu’il avait été encouragé par les nombreux commentaires qu’il a reçus des chercheurs sur l’Holocauste, les personnes qui ont travaillé au mémorial, les personnes qui ont perdu leur famille pendant l’Holocauste et les enseignants qui voulaient utiliser le projet pour les leçons scolaires.
L’activisme satirique de Shapira a clairement touché une corde sensible, comme certains « gens méchants… qui m’ont envoyé des photos de leurs amis et leur famille pour que je les ‘photoshoppe’ », a-t-il indiqué.
Un simple site Web d’une seule page, YOLOLCAUST a généré une couverture médiatique considérable. Bien que beaucoup aient fait l’éloge de l’approche de Shapira, certains ont posé la question de savoir s’il ne s’agissait pas d’une réprimande excessive.
« À une époque où les politiciens populistes allemands utilisent le passé – et le sentiment à l’égard des mémoriaux de l’Holocauste – pour faire émerger les sentiments anti-immigrant et nationaliste, la nécessité de lectures attentives et exhaustives du rôle des monuments commémoratifs dans notre société n’a jamais été aussi grande », a écrit Bourke dans New Statesman.
« Yolocaust pourrait avoir eu l’intention de fournir un espace de réflexion sur notre comportement commémoratif, mais le résultat semble sensationnaliste d’une manière inquiétant, sinon perçu comme une censure. Au lieu d’inviter les autres à l’acte de commémoration respectueuse, cela n’a-t-il pas risqué d’exclure les gens ? », s’est interrogé Bourke.
Shapira lui-même a inclus divers commentaires des visiteurs du site en bas de sa déclaration. La plupart faisaient des compliments, dont un laissé par un lecteur du Times of Israel qui a écrit : « je pense que ce que vous faites est formidable ». Plusieurs remarques, cependant, étaient des railleries antisémites et des insultes, indiquant que l’intention éducative de Shapira avait échappé à certains visiteurs du site.
Shapira a notamment mis en avant un email qu’il a reçu d’un des jeunes hommes qui avaient pris une photo en train de sauter au-dessus de plusieurs des 2 711 stèles qui composent le monument commémoratif de l’Holocauste à Berlin. Il semblait avoir appris une leçon. Le jeune homme a révélé que cela le rendait malade de voir non seulement son selfie partout dans les médias, mais aussi la légende qu’il avait écrite sous la photo : « Moi en train de sauter sur des Juifs morts @ Holocaust Memorial ».
Voici ce qu’il a écrit à Shapira :
J’ai vu quel genre d’impact ces mots ont et c’est fou et ce n’est pas ce que je voulais (…)
La photo a été prise pour mes amis comme une blague. Je suis connu pour faire des blagues, des blagues stupides, des blagues sarcastiques. Et ils les comprennent. Si vous me connaissiez vous aussi [vous me comprendriez]. Mais quand cela est partagé, et arrive à des étrangers qui n’ont aucune idée de qui je suis, ils voient quelqu’un d’irrespectueux de quelque chose d’important pour quelqu’un d’autre ou eux.
Cela n’était pas mon intention. Et je suis désolé. Je le suis vraiment.
Dans cet esprit, je voudrais être dégagé de ma bêtise.
Il avait une requête supplémentaire :
P.S. Oh, et si vous pouviez expliquer à la BBC, Haaretz et tooous les autres blogs et chaînes d’informations, etc etc que j’ai merdé, ça serait génial.