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Évacué de son moshav, le musicien Micha Bitton chante la vie près de Gaza

Le chanteur a mis deux semaines pour reprendre sa guitare, récupérée dans sa maison de Netiv Haasara après le 7 octobre ; il est à l’affiche du prochain festival de Oud

Jessica Steinberg est responsable notre rubrique « Culture & Art de vivre »

Le musicien Micha Biton se produira au Festival de Oud de Jérusalem, du 27 au 30 décembre 2023 (Crédit : Autorisation)
Le musicien Micha Biton se produira au Festival de Oud de Jérusalem, du 27 au 30 décembre 2023 (Crédit : Autorisation)

Depuis toujours, le musicien Micha Biton est associé au sud du pays, à la ville de Sderot et à sa musique ethnique. Après les attaques du 7 octobre, il est resté en état de choc pendant deux semaines, ne trouvant même pas la force de prendre sa guitare.

« La crise est tellement profonde », a expliqué Biton, « nous essayons d’apprendre à revivre ».

Sa guitare est l’un des seuls objets que Biton a emportés lorsqu’il a été évacué de sa maison dans le moshav Netiv Haasara, l’une des communautés frontalières de Gaza attaquées par les terroristes du Hamas le 7 octobre. 35 résidents figurent parmi les 1 200 personnes tuées dans le sud d’Israël lors de l’assaut sur plusieurs fronts.

Biton, sa femme et les autres survivants de Netiv Haasara ont été transférés dans un hôtel de Tel Aviv, où ils sont toujours.

Deux semaines plus tard, Biton a été invité à donner une interview à la radio. Il a apporté sa guitare et s’est dit « qu’à un moment donné, après une période de deuil, il faut se lever », explique-t-il.

Ce jour-là, Biton a compris que sa guitare et sa musique étaient pour lui un moyen de guérison et, plus encore, de résurrection.

Il a commencé à donner de petits concerts pour les personnes évacuées du nord et du sud, affirmant qu’il s’aidait lui-même autant qu’il aidait le public.

Aujourd’hui, il figure à l’affiche du 24e festival de oud, reprogrammé du 27 au 30 décembre, sous la direction d’Effie Benaya, à la Maison de la Confédération à Jérusalem.

Le spectacle inaugural de cette année sera donné par Ehud Banai. Parmi les autres artistes figurent le groupe de Sderot Knesiyat Hasechel, le pianiste et compositeur Nizar Elkhater, Sofi and the Baladis et l’Orchestre andalou d’Israël.

C’est la première fois que Biton participe à cet événement musical annuel, où il se produira le 27 décembre à 18 heures.

Il jouera avec son groupe habituel composé de quatre musiciens et reprendra leur playlist de rock ethnique en y ajoutant deux chansons à la mémoire des amis de Netiv Haasara tués le 7 octobre, ainsi qu’une chanson pour les otages et les soldats.

« Je viens de cette région et je me dois de le rappeler, mais ce sera néanmoins un spectacle joyeux », a-t-il déclaré. « Nous sommes vraiment très heureux d’y participer. »

Dans ses spectacles, Bitton chante et parle de son enfance à Sderot avec des parents émigrés du Maroc. Enfant, il a passé du temps dans une famille d’accueil à Jérusalem et, adolescent, il a fréquenté des internats publics.

Il a fini par découvrir sa vocation d’artiste créatif et s’est marié, s’installant à Netiv Haasara avec un studio dans son jardin, un endroit qu’il appelle son « usine ».

« Vous pensez que vous êtes dans un endroit pastoral et que votre vie se déroule là, puis d’un seul coup, tout est détruit, anéanti », explique-t-il. « Mes amis musiciens voyaient cet endroit pastoral et me disaient : ‘Tu es au jardin d’Eden’, jusqu’à ce jour où nous avons réalisé que nous étions en enfer ».

Biton a perdu au moins 20 amis du moshav. Bizarrement, sa maison n’a pas été touchée par les terroristes.

« Ils ont commencé par nos voisins, à deux maisons d’ici », explique Biton.

Lui et sa femme ont passé 14 heures dans leur chambre sécurisée, avec 10 autres membres de leur famille en visite pour le week-end de fête.

« La tension était terrible », a confié Biton. « Mes enfants, mes quatre petits-enfants, nous avions tellement peur, nous étions si tendus ».

Les survivants du moshav sont actuellement à Tel Aviv, « très loin de chez eux », a indiqué Biton. « Nous sommes tellement blessés que nous restons au même endroit. »

Ils n’ont pas pu se résoudre à déménager dans un appartement et à repartir à zéro. Le séjour à l’hôtel est temporaire, mais il donne le sentiment qu’un jour ou l’autre « un miracle se produira et nous rentrerons à la maison », a expliqué Biton.

« C’est très difficile de jouer, mais cela m’a aidé à surmonter la partie initiale de la perte », a-t-il déclaré. « Le public me donne des forces. »

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