Fatah : les Etats-Unis n’ont jamais rien donné de substantiel aux Palestiniens
Mahmoud al-Aloul affirme que les dirigeants palestiniens s’accordent sur le fait que des décennies de coopération avec Washington n'ont fait que nuire à leur cause
Dov Lieber est le correspondant aux Affaires arabes du Times of Israël
Les dirigeants palestiniens estiment que les Etats-Unis n’ont jamais donné rien de « substantiel » aux Palestiniens, a déclaré Mahmoud al-Aloul, le chef adjoint du Fatah, parti du président de l’Autorité palestinienne (AP), Mahmoud Abbas.
« Récemment, nous avons été contraints de revoir toutes nos relations avec les administrations américaines au cours des dernières années, et pas seulement l’administration Trump. Nous avons estimé que rien de bon ne viendrait d’eux pour le peuple palestinien et la nation, et cela est tout à fait clair », a déclaré Aloul dans une interview accordée au quotidien arabe Al Quds Al Arabi, basé à Londres.
Lorsque le journaliste lui a demandé s’il s’agissait de son évaluation personnelle, Aloul a répondu, selon une traduction de l’interview publié mercredi par le site israélien Palestinian Media Watch, que « c’est l’évaluation de toute la direction palestinienne ».
« Si nous passons en revue les relations avec toutes les administrations américaines, nous constatons qu’elles n’ont rien donné de substantiel aux Palestiniens mais qu’elles ont plutôt travaillé afin de tirer le tapis sous leurs pieds en exerçant des pressions sur eux, et en dépit de cela, ils soutiennent l’ennemi [des Palestiniens] qui occupe leurs terres de toute leur force », a-t-il expliqué.
Suite à la décision des États-Unis en décembre de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël, les dirigeants palestiniens ont déclaré que Washington ne pouvait plus jouer son rôle historique et central dans le processus de paix qu’il a tenu pendant plus de deux décennies.
Les Palestiniens veulent Jérusalem-Est comme capitale d’un futur Etat palestinien.
L’Autorité palestinienne d’Abbas refuse de rencontrer les responsables de l’administration américaine travaillant sur la paix au Proche-Orient depuis la déclaration du président américain Donald Trump sur Jérusalem, refusant notamment de rencontrer le vice-président américain Mike Pence, qui a quitté la région mardi.
Selon le site Internet du consulat des Etats-Unis à Jérusalem, les Etats-Unis ont été les principaux donateurs d’aide aux Palestiniens depuis la signature des Accords d’Oslo, un accord de paix historique entre Israéliens et Palestiniens signés en 1994. Cette aide s’élève à 600 millions de dollars par an ces dernières années.
Cependant, les États-Unis ont gelé les paiements de 100 millions de dollars à l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine au début du mois, et la Maison Blanche et le Congrès menacent de réduire davantage l’aide aux Palestiniens.
Le Comité central de l’Organisation de libération de la Palestine (PCC) — le deuxième organe décisionnel le plus important pour les Palestiniens — a récemment voté pour déclarer officiellement que les Etats-Unis n’étaient plus aptes à être le seul partenaire des pourparlers de paix.
Les Etats-Unis « ont perdu leur droit de jouer le rôle de médiateur et de partenaire dans le processus de paix » jusqu’à ce qu’il renverse la décision de Jérusalem, a indiqué le conseil.
Dans un discours devant le PCC plus tôt ce mois-ci, Abbas a critiqué Trump et s’est moqué des hauts responsables américains, faisant référence au plan de paix du leader américain pour les Palestiniens et les Israéliens comme à la « gifle du siècle ».
L’équipe de Trump qui travaille sur le plan de paix a déclaré qu’il n’était pas encore complètement prêt. Il y a des rapports sur ce que le plan contient, mais rien n’a pas été formellement proposé.
Les Palestiniens ont déclaré qu’ils étaient toujours ouverts à l’idée que les Etats-Unis jouent un rôle dans un cadre multilatéral pour ouvrir la voie à un Etat palestinien.