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Feu vert de Berlin à la livraison de chars Leopard à l’Ukraine, Washington des Abrams

"Il ne s'agit pas d'une menace offensive contre la Russie", a tenu à assurer Joe Biden, qui s'est entretenu de l'aide à apporter aux Ukrainiens avec ses homologues européens

Photo d'illustration : Un tank Leopard 2 pendant une démonstration de l'armée allemande près de Hannovre, le 28 septembre 2021. (Crédit : AP Photo/Michael Sohn, file)
Photo d'illustration : Un tank Leopard 2 pendant une démonstration de l'armée allemande près de Hannovre, le 28 septembre 2021. (Crédit : AP Photo/Michael Sohn, file)

Le chancelier allemand Olaf Scholz a donné mercredi son accord à la fourniture de Leopard 2 à l’Ukraine, tandis que les Etats-Unis ont annoncé la livraison de 31 Abrams, des chars lourds que réclame Kiev pour faire face au rouleau compresseur russe.

« Il ne s’agit pas d’une menace offensive contre la Russie », a tenu à assurer le président Joe Biden, qui s’est entretenu de l’aide à apporter aux Ukrainiens avec son homologue français Emmanuel Macron ainsi qu’avec le chancelier allemand Olaf Scholz, la Première ministre italienne Meloni et le chef du gouvernement britannique Rishi Sunak.

Le gouvernement allemand avait auparavant décidé en conseil des ministres à la fois d’envoyer 14 Leopard 2 de type 2A6 issus des stocks de son armée, la Bundeswehr, et d’autoriser ses alliés occidentaux disposant de ces blindés de fabrication allemande à faire de même.

« Nous faisons ce qui est nécessaire et possible pour soutenir l’Ukraine, mais nous empêchons en même temps une escalade de la guerre, vers une guerre entre la Russie et l’Otan », avait toutefois ensuite pris soin de souligner M. Scholz devant le Bundestag, la chambre basse du Parlement allemand.

Le chancelier allemand Olaf Scholz assiste à une conférence de presse à la Chancellerie à Berlin, le 4 juillet 2022. (Crédit : AP Photo/Michael Sohn, Archives)

Il avait en outre rappelé qu’il n’était pas question pour l’Otan d’intervenir dans les airs et au sol en Ukraine.

Colère russe

« C’est une décision extrêmement dangereuse qui va amener le conflit vers un nouveau niveau de confrontation », avait prévenu l’ambassadeur de Russie à Berlin Sergueï Netchaev.

« Cela nous persuade une fois encore que l’Allemagne, à l’instar de ses alliés les plus proches, ne veut pas d’une solution diplomatique à la crise ukrainienne et qu’elle veut une escalade permanente », avait-il encore dit.

« Si les Etats-Unis décident de livrer des chars, il sera impossible de justifier un tel acte par des arguments liés aux ‘armes défensives’. Il s’agirait d’une nouvelle provocation flagrante à l’encontre de la Fédération de Russie », avait quant à lui averti son homologue à Washington, Anatoly Antonov.

Le président américain Joe Biden s’exprime lors d’une conférence de presse avec son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky, à la Maison Blanche à Washington, le 21 décembre 2022. (Crédit : AP Photo/Andrew Harnik)

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky s’est au contraire déclaré « sincèrement reconnaissant » du feu vert donné par Berlin, après avoir discuté au téléphone avec M. Scholz.

Les chars lourds occidentaux « seront déterminants pour notre future victoire », s’est félicitée la présidence ukrainienne.

Même si, pour Andriï Iermak, le chef de l’administration présidentielle ukrainienne, la décision allemande n’est qu’un « premier pas ». « Nous avons besoin de beaucoup de Leopard », a-t-il clamé.

La mesure prise par Berlin est le résultat « de nouveau de consultations intensives avec nos alliés et nos partenaires internationaux », a expliqué M. Scholz.

« Cela aurait été une erreur, une lourde, une grave erreur d’avoir avancé seul sur cette question », a insisté le chancelier social-démocrate qui a été ces dernières semaines pressé de toutes parts, y compris au sein de sa coalition avec les écologistes et les libéraux, de donner sans attendre son aval.

Olaf Scholz est resté fidèle à son mantra consistant à éviter tout cavalier seul en matière de livraison d’armes à l’Ukraine.

Photo d’illustration : Un tank Leopard 2 pendant une démonstration de l’armée allemande près de Hannovre, le 28 septembre 2021. (Crédit : AP Photo/Michael Sohn, file)

La crainte d’une escalade militaire avec Moscou et ses réticences à faire assumer à l’Allemagne un leadership dans le camp occidental expliquent en grande partie ses hésitations, selon des analystes.

La Norvège promet des Leopard 2

Concrètement, l’objectif de Berlin « consiste à rassembler aussi vite que possible deux compagnies de Leopard 2 » et à prendre en charge la formation des soldats ukrainiens à l’utilisation de ces blindés « rapidement » sur le territoire allemand.

Le ministre de la Défense Boris Pistorius a estimé que les premiers chars en provenance d’Allemagne pourraient être en Ukraine dans les trois mois.

La Norvège a le même jour promis à l’Ukraine des Léopard 2. Selon plusieurs médias, la coalition de pays prêts à fournir de tels blindés comprend aussi le Danemark et les Pays-Bas, en plus de la Pologne et de la Finlande déjà sur les rangs. Et l’Espagne a confirmé mercredi être « disposée » elle aussi à faire partie de ce groupe.

Les Leopard vont « renforcer la capacité défensive » de l’Ukraine, s’est réjoui après la décision allemande le Royaume-Uni, qui s’est engagé à livrer 14 chars lourds Challenger 2, tout en appelant les Occidentaux à « intensifier » encore leur soutien à Kiev. Paris et Varsovie ont également salué le geste de l’Allemagne.

Jens Stoltenberg, secrétaire général de l’OTAN, au Conseil de l’Union européenne, à Bruxelles, le 18 mai 2017. (Crédit : Thierry Charlier/AFP)

« A un moment critique de la guerre livrée par la Russie, ils peuvent aider l’Ukraine à se défendre, à vaincre et à l’emporter en tant que nation indépendante », a jugé pour sa part le chef de l’Otan Jens Stoltenberg.

D’autant que les troupes russes ont revendiqué mercredi des avancées à Bakhmout, à l’épicentre du conflit dans l’est de l’Ukraine et où des combats se déroulent dans certains quartiers, selon un responsable de l’occupation russe.

Mercredi, l’armée ukrainienne a aussi admis avoir cédé Soledar, une cité voisine de Bakhmout, deux semaines après l’annonce de sa prise par Moscou.

Dans un tout autre registre, l’Ukraine a parlé de « victoire diplomatique » après que le centre historique d’Odessa, une célèbre ville portuaire ukrainienne des bords de la Mer Noire, a été inscrit mercredi sur la liste du patrimoine mondial en péril de l’Unesco en raison des « menaces de destruction » planant sur ce site depuis le début de l’invasion russe.

Les représentants de la Russie n’ont pour leur part pas été invités aux commémorations du 78e anniversaire de la libération, par l’Armée Rouge, du camp de la mort nazi d’Auschwitz-Birkenau, également en liaison avec le conflit en Ukraine.

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