« Flash mémoriel » à Yad Vashem, ou 3 perspectives photographiques sur la Shoah
Le mémorial de Jérusalem s'interroge sur la façon dont les victimes juives, les nazis et les soldats des forces alliées ont vécu cette catastrophe humaine
- Photo de la section de l'exposition 'Flash mémoriel' à Yad Vashem montrant l'image du photographe Zvi Hirsch Kadushin (plus tard George Kaddosh) dans le ghetto de Kovno, son appareil photo et quelques photos qu'il a cachées (Crédit : Autorisation de Yad Vashem)
- Les visiteurs regardent des centaines d'images datant de la période de l'Holocauste exposées sur une table lumineuse lors de l'ouverture de l'exposition 'Flash mémoriel' à Yad Vashem, le 24 janvier 2018 (Crédit : Renee Ghert-Zand / TOI)
- Photographies d'atrocités nazies prises par des photographes de l'armée américaine à Dachau après sa libération. Les images ont été mises en scène avec l'aide d'anciens détenus. Les photos ont été exposées lors de l'exposition « Flash mémoriel » à Yad Vashem, le 24 janvier 2018 (Crédit : Renee Ghert-Zand / TOI)
- Découverte de l'exposition 'Flash mémortiel' à Yad Vashem depuis la fenêtre en forme d'objectif de caméra installée sur le mur extérieur, le 24 janvier 2018 (Crédit : Renee Ghert-Zand / TOI)
- Le photographe du ghetto de Łódź, Mendel Grossman, qui photographie en cachette la déportation des Juifs du ghetto de Łódź. La photo a été prise par l'assistant de Grossman, Aryeh Ben-Menachem. (Crédit : Archives Yad Vashem)
Dans une exposition de photographies inaugurée mercredi au mémorial des victimes de la Shoah à Jérusalem, des images glorifiant Hitler côtoient des photos poignantes prises dans les ghettos juifs et d’autres montrant la libération des camps de la mort.
Cette exposition présentée à Yad Vashem et intitulée « Flash mémoriel » offre trois perspectives divergentes sur l’Holocauste : celle des nazis, des victimes juives et des soldats des forces alliées.
« La documentation visuelle de l’Holocauste a façonné la manière dont nous le percevons et l’analysons, tout en affectant la manière dont il s’est inscrit dans la mémoire collective », explique Vivian Uria, la directrice de la division musée de Yad Vashem, à quelques jours de la journée internationale du souvenir de la Shoah, le 27 janvier.
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« L’appareil photo, et sa force manipulatrice, a des capacités d’influence très importante », souligne-t-elle.
Cette exposition comprend 1 500 photos ainsi que des vidéos, des coupures de presse, des affiches et des appareils photos. Des séries d’images fixes présentées sur des murs rappellent dans leur forme toute en courbes celle de rouleaux de pellicules.
Elle est divisée en plusieurs sections consacrées à des périodes et des thèmes différents, en commençant par des photos d’avant-guerre à la gloire des dirigeants et des valeurs nazis, ainsi que des images de juifs déshumanisés.

D’autres photos illustrent la vie dans les ghettos juifs créés par les nazis en Pologne après l’occupation de ce pays en 1939. Ces documents ont été pris par des photographes officiels allemands pour montrer comment les juifs étaient utilisés pour l’effort de guerre allemand et comment ils étaient « rééduqués » par le travail.

(Crédit : Archives Yad Vashem)
L’exposition présente aussi des photos privées prises par des soldats et civils allemands qui donnent un aperçu plus authentique de la vie dans ces enclaves juives.
« Nous voulions montrer les souffrances, ce qui s’est réellement passé dans les ghettos : le dénuement, la faim, les maladies, la mort », explique Mme Uria.
De l’esthétique à l’horreur
Des juifs contraints de coopérer avec les occupants allemands ont également pris des photos pour prouver aux Allemands l’utilité de leur travail dans les ghettos et tenter d’éviter leur déportation vers les camps de la mort.
La dernière section présente des photos et des films de soldats soviétiques, américains et anglais lorsqu’ils ont libéré ces camps à la fin de la Seconde Guerre mondiale.
« Je me souviens du film lorsqu’il a été tourné, une semaine après l’arrivée des Russes (pour libérer le camp d’Auschwitz), j’avais déjà 11 ans », assure Tomy Shacham, un survivant qui a participé à l’inauguration de l’exposition.

Ces images ont été utilisées pour servir de preuves lors des procès intentés contre les criminels de guerre nazis et ont également été diffusées en Allemagne pour montrer l’étendue des horreurs commises, selon Vivian Uria.
« Nous voulions montrer comment cette histoire a débuté par l’esthétique tandis que, dans sa phase ultime, elle a viré à l’horreur », dit-elle.
L’exposition constitue aussi un défi lancé aux photographes actuels afin de les inciter à réfléchir sur leur travail.
« Avec la photo qui est aussi répandue actuellement, la question est de savoir ce que vous en faites », souligne Mme Uria.
Il est important de garder en tête « la responsabilité du photographe, sa perspective, sa position morale et le fait qu’il doit rendre compte de l’impact de ses photos », dit-elle.

Pour Daniel Uziel, responsable à Yad Vashem de la collection de photos et conseiller historique de l’exposition, cette dernière n’est pas « consacrée à la photo pendant la Shoah, mais plutôt à l’utilisation de la photo durant cette période ».
« Même aujourd’hui, et peut-être même plus que par le passé, vous devez avoir un œil critique sur les photos », estime M. Uziel en soulignant que la guerre qui ravage la Syrie depuis 2011 a donné lieu à des manipulations.
Pour lui, « aucune photo n’est innocente ».

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