FMI : Israël a « exceptionnellement bien géré » la pandémie
Dans son rapport, l'institution financière note une campagne de vaccination rapide, des mesures rapides prises par le gouvernement et la banque centrale, mais des défis persistent
Ricky Ben-David est journaliste au Times of Israël

Le Fonds monétaire international (FMI) a déclaré qu’Israël avait « exceptionnellement bien résisté » à la pandémie de COVID-19 avec une campagne de vaccination rapide, efficace, et une économie en reprise rapide, mais qu’il faisait toujours face à des risques « importants » pour ses perspectives 2022, tels que la flambée des prix de l’immobilier, source de difficultés pour les candidats à l’accession à la propriété.
Dans un rapport publié dimanche, l’organisme de prêts à 190 pays, a déclaré que la « campagne de vaccination réalisée par Israel a été la meilleure au monde, elle a redonné confiance et a aidé à limiter les effets de la pandémie face à la virulence des nouveaux variants », tandis que le gouvernement s’est lancé dans un soutien « rapide et de grande ampleur » aux ménages et aux entreprises et que les « mesures monétaires et prudentielles de la Banque d’Israël ont fourni des liquidités, ont maintenu les flux de crédits et empêché la survenue d’un resserrement des taux monétaires.
Le FMI a rapporté que l’économie israélienne, après avoir subi un léger ralentissement en 2020, s’est fortement redressée en 2021, le PIB réel dépassant son niveau d’avant la pandémie, avec une croissance d’environ 6,5 % l’année dernière.
« Le rebond a été plus fort que dans d’autres économies avancées », a rapporté l’institution financière, faisant écho à des rapports distincts publiés en décembre 2021 par l’OCDE et par la société multinationale d’information commerciale Dun & Bradstreet qui ont montré que la reprise économique d’Israël était supérieure à la moyenne mondiale.

Le FMI a également constaté que l’industrie technologique florissante d’Israël « a conduit la reprise » alors que la consommation privée « s’accélérait ».
L’inflation, quant à elle, « a bondi en raison de facteurs mondiaux et d’un rebond de la demande intérieure », bien qu’elle soit restée dans la fourchette cible de la Banque d’Israël. La Banque centrale a déclaré le mois dernier que l’inflation était attendue à 2,4 % en 2021 et que les attentes pour 2022 à moyen et long terme se situaient dans un objectif annuel de 1 % à 3 %.
« Le déficit budgétaire de 2021 a été nettement plus faible qu’attendu, en raison des recettes fiscales à la hausse, en raison de la croissance rapide des marchés boursiers nationaux et mondiaux et à la réduction progressive du soutien lié à la pandémie de COVID », a déclaré le FMI dans son rapport. Le chômage a également régulièrement diminué, a-t-il ajouté.
Lors d’un point de presse avec des journalistes israéliens dimanche, la chef de mission du FMI pour Israël, Iva Krasteva Petrova, a déclaré que le FMI s’attendait à ce que « la reprise se raffermisse et se poursuive en 2022 » et que l’organisation ne voit « aucun effet de conséquences dommageables à long terme suite à la pandémie ».

Le soutien du gouvernement israélien et les politiques de la Banque d’Israël étaient « opportuns, de bonne ampleur, et bien exécutés », a-t-elle déclaré.
Le rapport du FMI indique que la reprise économique d’Israël « devrait se solidifier en 2022 » avec une croissance « soutenue par une forte consommation du secteur privé, des investissements et des exportations nettes », et que l’inflation devrait ralentir à moyen terme.
Dans le même temps, Israël devra relever des défis de longue date tels que la participation générale au marché du travail, où certaines communautés ne participent pas ou le font en faible nombre, une productivité de faible ampleur, (estimée par l’OCDE à 35 % inférieure à celle des pays les plus performants de l’organisation) en raison de la disparité entre le secteur de la technologie et les secteurs plus traditionnels; et une pénurie de capital humain (en particulier dans le secteur de la technologie).
Le FMI a déclaré que les lacunes en matière de compétences de l’économie israélienne « pourraient rendre la réaffectation de la main-d’œuvre entre les secteurs difficile et coûteuse et pourrait affecter de manière inégale l’emploi et les salaires des différents groupes démographiques ».

Les politiques devraient être axées sur « la facilitation de la création et de la réaffectation d’emplois, l’élimination d’obstacles à l’arrivée de produits sur le marché, et l’amélioration des infrastructures ».
Les prix des logements et l’accessibilité à la propriété sont également une préoccupation importante en Israël, selon le rapport. « La hausse rapide des prix de l’immobilier a ravivé les craintes de surchauffe des prix, soulignant la nécessité de faire progresser les mesures structurelles pour réduire la pénurie de logements ».
Krasteva Petrova a déclaré qu’Israël avait « des contraintes exceptionnellement strictes relatives à la création de logements », un « niveau tel qu’il induirait une surchauffe des prix ». Elle a dit que la résolution de ce problème devrait être une priorité.
Israël pourrait entreprendre « des réformes fiscales pour soutenir les incitations pour que les municipalités favorisent les dispositions en matière de logement », a-t-elle indiqué.

Le rapport du FMI indique également que les efforts d’Israël pour réduire les barrières commerciales seraient « essentiels pour promouvoir une allocation efficace des ressources, des investissements et de l’innovation », et aider à stimuler la concurrence et à réduire les coûts.
Les infrastructures du pays sont également pointées du doigt parmi les préoccupations et les obstacles potentiels à la croissance.
« Les dépenses d’infrastructure doivent encore s’accélérer si Israël veut combler son retard d’infrastructures par rapport aux autres pays de l’OCDE. Les améliorations apportées aux infrastructures sont particulièrement urgentes dans le domaine des transports afin de réduire les problèmes de ralentissements permanents du trafic routier, et d’améliorer l’accessibilité à l’emploi », a déclaré le FMI.
Le FMI s’est félicité des engagements d’Israël à lutter contre le changement climatique et des « progrès significatifs » qu’il a réalisés « dans l’élaboration de politiques visant à atteindre leurs objectifs, y compris une mise en place de taxes à l’importation sur le charbon et autres combustibles fossiles entre 2023-2028 et une élimination progressive de la production d’énergie au charbon d’ici 2025 ».
Krasteva Petrova a déclaré que « les politiques relatives au changement climatique d’Israël sont les bienvenues » et que ses « objectifs sont ambitieux ».
« Des efforts supplémentaires seront nécessaires », a déclaré le FMI. « Les options comprennent des augmentations plus importantes des prix des produits carbone et un soutien réglementaire et fiscal accru pour les technologies vertes innovantes d’Israël. »
La gestion par Israël de certains risques et défis de longue date « aiderait à sécuriser la reprise », a déclaré l’institution financière. Ces risques comprennent de nouveaux variants du Covid qui pourraient représenter une menace pour la croissance économique, des problèmes géopolitiques existants qui « pourraient potentiellement causer des perturbations socio-économiques et politiques » et un resserrement des conditions financières mondiales qui « pourrait entraîner une chute du marché boursier, une baisse des revenus du gouvernement et une augmentation des taux monétaires ».
Au cours de l’année à venir, selon le rapport, le soutien lié à la pandémie « devrait cibler les secteurs les plus touchés et les groupes de population vulnérables », après quoi la politique budgétaire à moyen terme devrait se recentrer « sur la réduction de la dette publique et la reconstitution des réserves telles qu’elles étaient avant la pandémie ».
Le système fiscal israélien pourrait également être rendu plus progressif et l’assiette fiscale pourrait être élargie, notamment en réduisant les exonérations fiscales des retraites et les incitations fiscales pour les particuliers et les sociétés, selon le rapport.
Les politiques d’Israël « devraient rester agiles face à une forte croissance et à une incertitude encore importante », a déclaré le FMI.
Le ministre des Finances, Avigdor Liberman, a déclaré dans un communiqué que le rapport du FMI était une démonstration d’appréciation envers « la gestion d’une politique budgétaire prudente et responsable basée uniquement sur des considérations économiques et professionnelles, et indique la résilience et le dynamisme de l’économie israélienne par rapport à d’autres pays développés ».

Le gouverneur de la Banque d’Israël, le professeur Amir Yaron, a remercié le FMI pour le « travail approfondi et professionnel de ces dernières semaines ». Il a ajouté que la Banque centrale étudierait avec grande attention le rapport final du FMI.
Le mois dernier, le FMI a déclaré qu’il abaissait ses prévisions pour l’économie mondiale en 2022, citant la propagation du variant Omicron du COVID-19, la hausse des prix de l’énergie, une hausse de l’inflation et une détérioration des perspectives pour les deux plus grandes économies du monde – les États-Unis et la Chine.
L’institution financière prévoit maintenant que l’économie mondiale connaîtra une croissance de 4,4 % en 2022. C’est une baisse par rapport à une estimation de 5,9 % l’année dernière et par rapport aux 4,9 % prévus par le FMI pour 2022 en octobre.