Forte hausse des attaques antisémites en Allemagne, selon la police
Les représentants de la communauté juive contestent les données en expliquant que la police a mal classé des crimes racistes commis par des extrémistes musulmans
Le nombre de crimes racistes antisémites en Allemagne a fortement augmenté pour la première moitié de 2018 à comparer à la même période l’année dernière, selon les données publiées mercredi par la police allemande.
La police allemande a déclaré que 401 crimes antisémites ont été rapportés à travers le pays dans la première moitié de l’année, une hausse de 10,7 % par rapport aux 362 crimes antisémites racistes rapportés lors des six premiers mois de 2017.
Les données ont également montré que la grande majorité des crimes (349) ont été perpétrés par des néo-nazis ou d’autres personnes d’extrême droite. La police a noté que parmi tous les crimes rapportés en 2018 jusqu’à présent, six étaient motivés par une « idéologie religieuse », qui comprendrait les attaques motivées par la haine anti-Israël.
Mais des représentants de la communauté juive ont contesté cette affirmation, déclarant que plus d’attaques ont été menées par des extrémistes musulmans que la police ne l’a enregistré.
Le plus grand nombre de crimes antisémites a été commis à Berlin (80), et le deuxième plus grand (43), a été perpétré dans la région allemande de Bavière, selon les chiffres de la police.
Les chiffres à Berlin correspondent à un cinquième des 401 incidents antisémites rapportés dans le pays.
Les données de la police ont été publiées en réponse à une loi sur la liberté d’information de la législatrice de gauche Petra Pau. De fait, on constate des préoccupations au sujet de la montée des incidents antisémites en Allemagne, dont certains disent qu’ils ont augmentés à cause de l’arrivée récente de plus d’un million de réfugiés majoritairement musulmans.
Les groupes juifs ont demandé aux autorités de combattre l’antisémitisme en Allemagne, particulièrement dans les écoles qui ont vu une forte poussée des incidents de harcèlement antisémite en 2018.
Sigmount Königsberg, un représentant des Juifs de Berlin, a déclaré mercredi au journal allemand Deutsche Welles qu’un pourcentage beaucoup plus important des incidents antisémites a été commis par des extrémistes musulmans par rapport à ce que les données de la police indiquaient. Il a également souligné que les harcèlements religieux dans les écoles jouaient un rôle important dans la montée de incidents antisémites.
« Je dirais qu’au moins cinq incidents ansitémites sur dix ont des origines musulmanes. Parfois même plus, par exemple dans les écoles, le chiffre serait plutôt à huit sur dix », a-t-il déclaré au journal.
Il a expliqué que la police allemande classait, de manière erronée, des attaques comme venant de « droite » à cause d’un système de classification dépassé. Königsberg a noté que la police avait classé une manifestation de salafistes de 2016 comme un « incident nazi d’extrême droite » parce que les participants avaient fait des saluts nazis.
Certaines attaques antisémites de ces derniers mois ont choqué l’Allemagne et ont attiré la condamnation de la chancellière allemande Angela Merkel.
En avril, un migrant syrien a frappé avec sa ceinture un homme arabe israélien qui marchait dans Berlin avec une kippa pour une expérience sociale. La vidéo de l’attaque, filmée par la victime avec son smartphone, a déclenché une très large condamnation publique et a entraîné des manifestations en solidarité avec les Juifs.
Un tribunal a ensuite condamné Knaan al-Sebai, le migran syrien de 19 ans et d’origine palestinienne, pour des faits d’agression. Il a été condamné à quatre semaines dans un centre de détention pour jeunes après l’attaque.
Le mois dernier, un homme portant une étoile de David en collier a été violemment attaqué par un groupe d’hommes dans un parc de Berlin. Les agresseurs – qui ont lancé des « insultes antisémites » contre l’homme et déchiré son collier pendant qu’ils le frappaient – ont tous été identifiés dans des journaux allemands comme de migrants syriens. La police de Berlin a arrêté 10 personnes en lien avec l’attaque quelques jours plus tard.
Après l’attaque du parc de Berlin, le gouvernement allemand a annoncé une augmentation du financement de l’état pour le Conseil Central des Juifs en Allemagne, pour la première fois depuis 2011.
Le Président du Conseil Central Josef Schuster a dit que les 3 millions d’euros d’augmentation des financements iraient principalement à des programmes d’école pour combattre contre l’antisémitisme.
Plus tôt cette année, la chancelière allemande Angela Merkel a déclaré à la tv israélienne qu’elle était « attristée » que son pays n’ait pas pu se débarrasser de l’antisémitisme une bonne fois pour toutes et, qu’encore aujourd’hui, les écoles, les crèches juives et les synagogues ont besoin d’une protection de la police.
« Nous avons des réfugiés maintenant, par exemple, ou des gens d’origine arabe, qui apportent une forme différente d’antisémitisme dans le pays, a-t-elle déclaré. Malheureusement, l’antisémitisme existait avant cela ».