Gaza: 25 000 tonnes de piles usagées posent un risque environnemental et sanitaire
L'enclave, qui dépend de l'usage de batteries pour ses besoins énergétiques, ne peut ni en disposer ni les exporter, ce qui crée un danger en raison de l'acide sulfurique libéré

Après des années de fréquentes coupures de courant, la grande majorité des foyers de Gaza, contrôlée par le groupe terroriste palestinien du Hamas, dépend de l’usage de piles pour leurs besoins énergétiques quotidiens.
Des routeurs internet aux chauffages en passant par les panneaux solaires, il n’y a pas une source d’énergie qui ne soit alimentée par les précieuses batteries. Mais, malgré leur grande utilité, elles posent un problème de taille : comment disposer en toute sécurité des masses de piles usagées qui s’accumulent sur le territoire ?
Ces piles entassées en plein air posent « un réel danger », principalement celui que « les batteries se brisent et suintent un liquide qui comprend de l’acide sulfurique et s’infiltre dans le sol, puis dans l’aquifère, » explique Mohammed Muslah, un responsable de l’autorité environnementale de Gaza à l’agence de presse Associated Press (AP).
L’Agence américaine de protection de l’environnement (EPA) avertit quant à elle des risques des piles usagées tant pour l’environnement que pour la santé des gazaouis en raison des métaux qu’elles contiennent et de leur inflammabilité.

Selon l’Autorité de l’environnement de Gaza, citée par AP, 25 000 tonnes de piles usagées seraient entassées à différents endroits de l’enclave surpeuplée. Mais celle-ci ne peut s’en débarrasser, en raison à la fois de l’absence d’installations de recyclage et des restrictions sécuritaires imposées par l’Egypte et Israël, empêchant leur expédition à l’étranger.
Le conflit et le manque de financements ont ravagé aussi bien le système de santé que les infrastructures de traitement de l’eau (en grande partie imbuvable en raison de hauts niveaux de salinité dus à la surextraction) dans l’enclave, où les mesures de protection de l’environnement sont quasi-inexistantes; autant de facteurs qui contribuent à accentuer le problème.
Après la guerre de 2006 (au cours de laquelle l’unique centrale électrique de Gaza a été bombardée par Israël) et la mise en place du blocus l’année suivante, la bande de Gaza a commencé à connaître des pannes de courant quotidiennes de huit heures, voire plus en cas de conflit ou d’intempéries. Résultat : une dépendance accrue et désormais quasi-totale à l’utilisation de batteries.
Bien que la municipalité de Gaza City ait mis en place une unité de traitement des déchets dangereux, la récupération de piles est principalement prise en charge par une petite industrie privée de collecteurs qui arpentent les rues, rachetant les piles usagées des gazaouis.

Khaled Ayyad, l’un de ces collecteurs, appelle à l’intervention du Hamas : « Nous demandons aux responsables de Gaza de parler à la partie égyptienne pour nous permettre de les exporter là-bas », a-t-il déclaré à AP.
Mais pour l’instant, les piles, en grande majorité stockées en plein air continuent de polluer Gaza, des résidus dangereux pénétrant directement le sol.
Bien qu’aucune étude n’ait été réalisée, des recherches effectuées en 2013 par un neurologue et expert environnemental gazaoui ont montré que les femmes et les enfants exposés au plomb des piles usagées présentaient des « degrés différents » d’empoisonnement.
En 2017, dans un effort pour répondre au problème, le Hamas a interdit l’importation de batteries de seconde main.

Le centre Mezan pour les droits de l’Homme, basé à Gaza, a quant à lui publié un avertissement en 2018, s’inquiétant de l’impact des batteries usagées sur les droits des gazaouis : « le droit à la santé, le droit à un environnement propre, et le droit à la vie ».