Halevi présente ses excuses aux tazpitaniyot, abandonnées le 7 octobre et ignorées avant
Agam Berger, Liri Albag, Naama Levy, Karina Ariev ont raconté au chef d’état-major de Tsahal l'attaque du poste de Nahal Oz et leurs 15 mois de captivité ; il a conclu « Ce fut une erreur de ne pas prendre [vos avertissements] au sérieux »
Emanuel Fabian est le correspondant militaire du Times of Israël.

Lors d’une réunion, vendredi matin, le chef d’État-major de l’armée israélienne, le lieutenant-général Herzi Halevi, a présenté ses excuses à quatre soldates récemment libérées pour ne pas avoir pris au sérieux leurs avertissements avant l’attaque du Hamas, le 7 octobre 2023, et aussi pour la longue captivité qu’elles ont endurée.
Halevi, a rencontré Agam Berger, Liri Albag, Naama Levy et Karina Ariev, les tazpitaniyot – soldates de surveillance – récemment libérées des geôles du groupe terroriste palestinien du Hamas, a indiqué Tsahal.
La cinquième soldate de surveillance libérée de la captivité du Hamas, Daniella Gilboa, n’était pas présente à la réunion.
« Nous avons eu tort de ne pas vous prendre au sérieux. Vous avez été des soldates extraordinaires. Je vous présente mes excuses pour ce que vous avez vécu en captivité », a déclaré Halevi à quatre des cinq tazpitaniyot qui ont été détenues par le Hamas pendant plus de quinze mois, selon des propos qui ont fuité.
Plusieurs mois avant le pogrom perpétré par le Hamas, les tazpitaniyot avaient signalé une activité le long de la frontière agitée de Gaza, située à un kilomètre de leur position. Les officiers supérieurs ayant reçu ces rapports n’avaient pris aucune mesure et les responsables des agences de renseignement avaient ignoré ces informations, les jugeant sans importance.

Les femmes soldats de Tsahal, appelées en hébreu tatzpitaniyot, appartiennent au réseau de collecte de renseignements de combat du Corps de défense des frontières et opèrent le long des frontières du pays, ainsi que dans toute la Cisjordanie.
Les soldats de surveillance sont souvent appelés « les yeux de l’armée » car ils donnent des informations et renseignement en temps réel aux soldats sur le terrain, et ce, 24 heures sur 24, sept jours sur sept.

Des semaines avant l’attaque du Hamas du 7 octobre – jour où des milliers de terroristes ont franchi la frontière pour tuer 1 200 personnes, essentiellement des civils, et faire 251 otages – les soldates de surveillance avaient signalé des signes de forte activité le long de la frontière de Gaza. Selon elles, des membres du Hamas s’entraînaient plusieurs fois par jour, creusaient des trous et plaçaient des explosifs le long de la frontière.
Ces soldates estiment que leurs avertissements ont été ignorés par simple sexisme.
Lors de l’entrevue de ce vendredi, les quatre soldates ont raconté à Halevi ce qu’elles ont vécu en captivité, aux mains du Hamas, mais aussi ce qui s’est passé le jour de l’attaque, le 7 octobre, jour de leur enlèvement du poste militaire de Nahal Oz.
Halevi a dit aux quatre jeunes femmes qu’elles avaient fait un excellent travail d’observatrices en faisant remonter les informations sur ce qui était susceptible de se produire. Il a ajouté qu’elles étaient des soldates « incroyables et dignes de louanges ».
Le chef d’État-major leur a par ailleurs dit que l’armée mènerait l’enquête pour faire toute la lumière sur ce qui s’est passé le 7 octobre et qu’elles « seraient de précieuses contributrices à cette enquête » et que leurs témoignages étaient très attendus.

Les cinq soldates libérées il y a peu font partie des sept femmes soldats enlevées sur la base de Nahal Oz le jour du pogrom commis par le Hamas. Levy, Ariev, Albag et Gilboa ont été libérées le 25 janvier et Berger, cinq jours plus tard.
L’une des soldates de surveillance enlevées, Ori Megidish, a été secourue quelques semaines après l’attaque tandis que le corps de Noa Marciano, soldate de surveillance assassinée en captivité, a été retrouvé. Sur les 52 soldats tués à la base ce jour-là, quinze d’entre eux étaient des tazpitaniyot.

Vendredi toujours, Halevi s’est entretenu avec les proches d’un soldat tué en novembre aux côtés d’un archéologue amené dans le sud-Liban sans autorisation officielle. A cette occasion, le chef d’état-major de l’armée israélienne a endossé la responsabilité de l’incident qui a coûté la vie au sergent Gur Kehati.
Halevi démissionnera de ses fonctions au sein de l’armée le 5 mars prochain, conséquence de l’impuissance de Tsahal à empêcher l’attaque du Hamas du 7 octobre 2023.