Héroïnes ou anonymes, les résistantes françaises au cœur d’une exposition à Paris
Objectif : cerner le travail de ces femmes de l'ombre, dont la postérité ne retient qu'une poignée
La guitare d’Anna Marly, les dessins de France Hamelin, le sac à main à double paroi de Lise London : à Paris, une exposition retrace le parcours de résistantes françaises, héroïnes comme anonymes tombées dans l’oubli.
Comment rendre visible une activité qui s’est effectuée dans l’ombre et qui a laissé très peu de traces ? C’est le défi que s’est fixé le musée de l’Ordre de la libération avec l’exposition « Résistantes ! », qui s’ouvre jeudi à Paris.
80 ans après le Débarquement allié en Normandie et l’obtention du droit de vote pour les femmes, « on a voulu montrer la spécificité de l’engagement des femmes dans la résistance », déclare à l’AFP Vladimir Trouplin, conservateur du musée de l’Ordre de la libération et coresponsable de l’exposition avec Catherine Lacour-Astol.
Au total, 150 objets sont présentés au public, dont le corsage (équipé de poches) d’un agent féminin du BCRA (Bureau central de renseignement et d’action), le sac à main à double paroi que Lise London utilisait pour dissimuler tracts et microfilms, ou encore la guitare d’Anna Marly, la compositrice du « Chant des partisans ».
Objectif : cerner le travail de ces femmes de l’ombre, dont la postérité ne retient qu’une poignée, comme Germaine Tillon, Geneviève de Gaulle-Anthonioz (toutes deux panthéonisées) ou Lucie Aubrac.
« La résistance n’a pas supprimé les limites du genre », souligne M. Trouplin. Il rappelle que les femmes n’avaient pas leur place au maquis, or, « pendant très longtemps la résistance c’était le maquis ».
Le travail des résistantes, dont une grande partie étaient des anonymes qui n’ont jamais cherché à se faire connaître auprès des autorités après la guerre, n’en fut pas moins décisif.
Par la fabrication de faux-papiers, le transport de tracts et d’armes, l’hébergement d’officiers britanniques ou américains ainsi que des membres de la Résistance, « elles ont été un maillon fondamental de la chaîne », souligne le conservateur.
Combien étaient-elles ? « Impossible à dire », déplore-t-il. L’exposition met en avant 56 de ces femmes.
Toutes n’étaient pas politisées ou membre d’un mouvement politique de la Résistance. Pourtant, chacune a résisté à l’occupant nazi au péril de sa vie. Et ce, jusque dans les prisons où elles ont été internées, ainsi que dans le camp de concentration de Ravensbrück.
Pour France Hamelin, emprisonnée à la prison de La Petite-Roquette (Paris), ou Eliane Jeannin-Garreau, à Ravensbrück, cela passait par le dessin. Leurs croquis montrent la réalité des conditions très dures de détention.