Hervé Morin : Israël « rend service » au reste du monde en frappant l’Iran
"Ce que les Israéliens font, c'est ce que la communauté internationale aurait dû faire", a déclaré sur CNews l'ancien ministre de la Défense français

Invité du « Grand Rendez-vous » sur la chaîne CNews dimanche, Hervé Morin, président de la région Normandie et ancien ministre de la Défense français, a vivement approuvé les opérations militaires d’Israël contre l’Iran.
« Israël nous rend service », a-t-il affirmé, ajoutant qu’il n’allait « pas se faire que des amis en disant cela ». « L’Iran n’a jamais respecté ses engagements », a-t-il poursuivi.
« [Quand] j’étais ministre de la Défense, on avait déjà toute une série d’éléments démontrant la volonté de l’Iran d’aller vers un programme militaire. On a eu un accord en 2015. Cet accord n’a pas été respecté ; le traité de non-prolifération n’est pas respecté non plus par les Iraniens. Juste pour vous donner une idée : on estime aujourd’hui à environ 400 kg d’uranium enrichi à 60 %, ce qui veut dire qu’il faut quelques jours pour que l’Iran puisse atteindre des matières fissiles permettant de faire une bombe, c’est à dire à plus de 90 % [d’uranium enrichi]. Quand on a 400 kg d’uranium, c’est à peu près, quand on arrive à 90 % d’uranium enrichi, suffisamment pour une bombe nucléaire, c’est à peu près l’équivalent de dix armes. Alors bien sûr, ce n’est pas parce que vous avez la matière que pour autant vous avez encore la totalité de la capacité à projeter une arme nucléaire, ni le savoir-faire. Mais les Iraniens ont beaucoup travaillé sur la balistique, et sur les missiles, et malheureusement on le voit aujourd’hui [avec les bombardements vers Israël]. »
Avant de poursuivre : « Ils avaient des missiles à propulsion liquide qui ne marchaient pas. Ils sont passés à des missiles à propulsion solide et qui marchent, donc ils ont l’instrument de propulsion. Ils ont la matière fissile. Alors après, il y a toute une série de problématiques : il faut que le missile puisse tenir la route, etc. Mais il n’empêche que l’accord de 2015, il reposait sur l’idée qu’on ne permettait pas aux Iraniens de pouvoir aller jusqu’à la démarche ultime, parce qu’il y avait un délai d’au moins 18 mois. Ce délai là, il n’existe plus, ça ne tient plus. On sait [que l’Iran] mène toute une série de travaux sur des éléments liés à l’arme nucléaire comme la question de la détonique. Donc en quelque sorte, ce que les Israéliens font, c’est ce que la communauté internationale aurait dû faire. »
Hervé Morin sur la situation au Proche-Orient : «Israël nous rend service (…) Ce que les Israéliens font, c'est ce que la communauté internationale aurait dû faire», dans #LeGrandRDV pic.twitter.com/dkCutaJRQJ
— CNEWS (@CNEWS) June 15, 2025
Ces propos ont été tenus avant les frappes américaines contre les centrales nucléaires iraniennes, survenues dans la nuit du 21 au 22 juin. Peu après celles-ci, le président français Emmanuel Macron a lui soutenu qu’elles étaient légitimes mais illégales, tout en « partageant l’objectif » d’un Iran sans nucléaire.
Le chancelier allemand Friedrich Merz avait également ouvertement soutenu les frappes israéliennes sur l’Iran, et évoqué la possible fin d’un pouvoir iranien qui « a apporté la mort et la destruction dans le monde ».
« C’est le sale boulot qu’Israël fait pour nous tous », a déclaré en marge du sommet du G7 au Canada le dirigeant allemand à propos des attaques sans précédent menées avec l’objectif affiché d’empêcher l’Iran de se doter de la bombe atomique.
L’AFP a contribué à cet article.