Il y a bien eu des camps nazis au Royaume-Uni, affirment des chercheurs
Les estimations varient, mais les Allemands se sont emparés d'Aurigny pour y mener un ouvrage hautement secret ; Des milliers de juifs français périrent
LONDRES — Pour les Juifs français qui y ont vécu un calvaire et qui y sont morts, c’était « le rocher maudit ». Pour les autres, le lieu est devenu « l’île du diable », « le Buchenwald de l’ouest » ou encore « le petit Auschwitz.”
Aurigny est l’une des quatre îles qui composent un petit archipel qui comprend Jersey, Guernesey et Sark — qui se situe dans le channel, au large des côtes de Normandie. A moitié indépendantes, ces îles ont toutefois été la seule partie des îles britanniques à être occupées par les nazis.
L’île principale de l’Angleterre a donc pu échapper aux horreurs du nazisme mais le sol britannique a toutefois été témoin de la machinerie brutale de mort – travail forcé, tueries de masse, famine – qui a accompagné la domination allemande à travers toute l’Europe.
D’environ cinq kilomètres de long sur 800 mètres de large, presque la totalité de la modeste population civile d’Aurigny avait été évacuée après la chute de la France en juin 1940. A sa place, les Allemands devaient plus tard installer sur cette île reculée, balayée par les vents et frappée par les flots une main-d’oeuvre de milliers de personnes, la transformant en un camp de concentration géant. Le premier objectif des nazis était de fortifier Aurigny pour la transformer en l’un des avants-postes les plus lourdement défendus du Reich.
L’ampleur des horreurs qui ont été perpétrées sur l’île est vivement controversée. Des récits officiels après la guerre ont suggéré que moins de 400 travailleurs forcés parmi une main-d’oeuvre de 3 000 prisonniers – ne comptant seulement qu’une poignée de Juifs – étaient morts sur l’île.
Il y a soixante-dix ans, malgré tout, des historiens et des experts militaires avaient suggéré que le nombre de déportés tout comme celui des morts pourraient bien être très largement plus élevés – avec peut-être 40 000 personnes qui auraient perdu la vie. De plus, le nombre de Juifs à Aurigny pourrait ne pas s’élever seulement à quelques centaines mais atteindre le chiffre de dix mille morts environ, avec peu de rescapés.
Les plans des nazis étaient dirigés par Adolf Hitler lui-même. Comme la journaliste Madeline Bunting l’a raconté dans son livre en anglais The Model Occupation: The Channel Islands Under German Rule, le Führer était « immensément fier de ses conquêtes britanniques », se tracassant constamment de ce que Winston Churchill puisse remporter un coup de propagande en s’en ressaisissant, et les considérant comme un « laboratoire pour les futures relations anglo-allemandes ».
De manière moins étrange, Hitler avait également calculé qu’Aurigny avait une valeur stratégique importante. Dans le cadre des fortifications du mur de l’Atlantique, l’île viendrait aider à protéger les canaux maritimes autour de Cherbourg, offrir à la Luftwaffe une couverture anti-aérienne et enlever aux Alliés un poste d’organisation potentiellement utile pour l’ouverture d’un front occidental alors redouté.
Et donc, dès le début de l’année 1942, Aurigny est devenu le théâtre de constructions massives – tunnels et bunkers, emplacements d’armement et de batteries d’artillerie, routes ainsi qu’une voie ferrée – ce qui en aurait fait la plus fortifiée des îles anglo-allemandes.
Ces importantes constructions ont entraîné la nécessité d’une main-d’oeuvre à la hauteur. Et des camps de travail – qui ont été baptisés des noms des îles allemandes en mer du Nord – ont été montés à la hâte : Helgoland, Borkum, Norderney et Sylt, le plus tristement célèbre.
Une petite minorité des travailleurs déployés par l’administration Todt, le groupe multi-tentaculaire de génie civil et militaire du Reich, étaient des travailleurs bénévoles, souvent originaires d’Allemagne, des Pays-Bas, de France et de Belgique.
Néanmoins, la vaste majorité était constituée de travailleurs-esclaves, venus en majorité de Russie, de Pologne et d’Ukraine – même si des Nord-africains et des Indo-chinois (rassemblés par les Français pour remplir leurs quotas de travailleurs), des prisonniers politiques allemands et des Républicains espagnols ayant fui Franco pour seulement tomber entre les mains des Allemands après leur occupation de la France – se sont également retrouvés mis à disposition du Reich.
Les Juifs, bien sûr, n’ont pas échappé à cette entreprise lugubre. Des détenus juifs ont été envoyés à Aurigny et à Sylt, passé sous le contrôle des SS en 1943 en tant que satellite du camp de concentration de Neuengamme. Dans les deux camps, les Juifs étaient conservés dans des baraquements séparés. Même parmi les untermenschen – les hommes inférieurs – une hiérarchie devait être respectée.
Même s’ils n’étaient pas explicitement des camps d’extermination, la majorité des travailleurs esclaves d’Aurigny y ont péri. Les travaux dangereux et épuisants qu’ils devaient accomplir entre 10 à 12 heures par jour, les rations de nourritures minimalistes (et parfois encore diminuées par la corruption et le vol des SS), les dysenteries endémiques et les tempêtes de l’Atlantique qui balayaient l’île rendaient la survie d’autant plus difficile.
Comme c’était le cas également du mépris total affiché par les Allemands envers ceux qu’ils considéraient comme des sous-hommes : Les rescapés ont ainsi évoqué plus tard les exécutions sommaires, les avalanches de coups vicieux et les sanctions sauvages appliquées à ceux qui étaient surpris en train de voler de la nourriture ou des cigarettes.
Il n’y avait que peu de répit pour ne pas dire aucun dans cet enfer sur terre : Il était presque impossible de s’échapper de l’île et, contrairement à Jersey ou Guernesey, il n’y avait pas de population locale susceptible de se laisser aller à un acte de pitié – comme le don d’un vêtement plus chaud ou d’un morceau de pain.
Pour ceux qui ont survécu et qui ont pu raconter ce qu’ils ont vécu, les souvenirs de brouillards lourds qui s’abattaient fréquemment sur Aurigny sont une métaphore de la chape de plomb qui s’est abattue sur ce qui s’était déroulé là-bas et qui commence seulement lentement à se soulever.
Comme l’a narré des décennies plus tard un travailleur esclave russe du nom de Georgi Kondakov : « Un grand nombre de fois, lorsque j’étais à Alderney, j’ai cru que la mort était proche. La majorité de mes pires souvenirs me reviennent dans mes cauchemars. Dans la journée, j’arrive à supprimer ces pensées au fond de mon inconscient, mais je suis impuissant à faire la même chose dans mon sommeil ».
Peut-être est-ce une bonne chose que ce soit le sort réservé à un site d’enfouissement massif – qui, redoute-t-on, aurait accueilli les nombreuses victimes des nazis – qui soit finalement l’élément qui permettra d’exposer au grand jour les sombres secrets d’Alderney.
L’Interconnexion France-Aurigny-Grande Bretagne (FAB)
L’année prochaine, commencera un projet énergétique majeur – l’Interconnexion France-Aurigny-Grande Bretagne (FAB) — qui reliera les réseaux énergétiques des deux pays via les îles anglo-saxonnes. Ce câble de 200 kilomètres traversera le lieu-dit de Longis Common, site principal qui a été utilisé par les Allemands pour disposer les cadavres de celles et ceux qui ont été assassinés ou qui sont morts au travail.
Le consortium responsable du FAB, dont fait partie le géant énergétique français EDF, a promis que le câble sous-marin et souterrain évitera les sites d’enfouissement connus et que le projet contiendra une zone de protection supplémentaire. Il a également affirmé que les tombes d’un grand nombre des victimes ont été exhumées au début des années 1960 et que les dépouilles ont été ré-enterrées en France, et il a fortement mis en doute des informations récentes parues dans les médias britanniques qui disaient que les fouilles préliminaires avaient endommagé le site principal d’enfouissement.
Toutefois, les opposants au projet restent profondément préoccupés. Une nouvelle étude préparée pour ces derniers a rendu publics des cartes et des diagrammes, avec une photographie aérienne de la zone en haute-définition datant de 1944, un cliché qui n’a pas encore été publié.
Consultée par le Times of Israel, l’étude affirme que l’exhumation de 316 corps du « cimetière russe » dans les années 1960 « a mené au mythe que tous les corps ont été enlevés ». En fait, suggère-t-elle, le site d’enfouissement de Longis Common est « bien plus élargi et compliqué » que ce qui a été supposé de prime abord, et pourrait contenir au moins cinq charniers importants et une fosse de crémation.
« En raison de la taille probablement plus grande du site d’enfouissement que cela n’avait été évalué à l’origine, l’interconnexion proposée dans le projet FAB pourrait très bien avoir un impact spectaculaire dessus », avertit l’étude.
Marcus Roberts, directeur de l’organisation Anglo-Jewish Heritage Trail, partage les inquiétudes des opposants. Les sites d’enfouissement s’étendent « presque certainement » au-delà des limites officielles des cimetières que le FAB a déclaré éviter, dit-il. Ses propres recherches récentes semblent indiquer que les corps de presque 2 000 prisonniers – et potentiellement bien plus – pourraient se trouver encore à Longis Common.
Roberts, qui a mené des recherches étendues sur Aurigny en temps de guerre et qui a été sollicité pour transmettre les informations sur le projet FAB au grand rabbin, pense également qu’il pourrait y avoir encore de nombreux sites d’enfouissement avoisinants, sur la plage comme aux abords du mur anti-tank de triste mémoire, où le câble accostera avant de traverser Longis Common.
Installation en béton de 5 mètres de haut et s’étendant sur 800 mètres, le mur anti-tank est probablement le plus grand qui ait jamais été érigé par les nazis et il avait reçu le surnom de « mur de la mort certaine » de la part des prisonniers russes qui avaient travaillé à sa construction. Cette édification a coûté la vie à de nombreux Juifs, épuisés par le labeur.
Les corps de certains des prisonniers pourraient se trouver dans les fondations du mur, tandis que l’arrière du mur contient encore des trous faits par des balles, témoignage des exécutions des prisonniers. Et sur le mur subsistent, encore visibles, les noms et les numéros des forçats qui ont vécu et qui sont morts en construisant une fortification qui devait finalement ne jamais servir.
Sur la plage, devant le mur, il y aurait également des fosses d’enfouissement dans le sable, où auraient été jetés un nombre encore indéterminé de cadavres. L’un des survivants interrogé par Bunting s’est souvenu avec vivacité de camions transportant des corps à marée basse dans des fosses, creusées à 50 ou 100 mètres du rivage.
Chacune, pensait-il, contenait environ 12 corps. Ce témoignage n’est pas unique mais, en revanche, il n’y a aucune preuve que ces sites d’enfouissement aient été vérifiés ou qu’ils aient fait l’objet d’une enquête.
Roberts déplore, pour sa part, que l’installation du câble n’ait aucune latitude de déviation si un site d’enfouissement devait être trouvé et note que les contractants ont, jusqu’à présent, été dans l’incapacité de fournir un plan – qui avait été promis – déterminant la manière dont les travaux seraient supervisés et les restes humains protégés.
Roberts est également préoccupé par les travaux préliminaires réalisés pour le projet FAB.
« L’interconnexion FAB a d’ores et déjà mené des travaux de forage et de prospection sans avertissement préalable à proximité des cimetières juif et russe connus et des fouilles ont été faites sous le mur anti-tank, qui est très proche d’un site d’exécution. Des investigations géophysiques et archéologiques ont également été menées », explique-t-il.
Lors d’une visite sur le site faite peu après, il a découvert des fragments d’os, même s’il reconnaît ne pas pouvoir affirmer qu’il s’agisse d’ossements humains.
Des récits historiques bientôt détruits
« Le secteur de Longis est tout simplement absolument unique et il n’y a nulle part ailleurs en Europe un lieu qui contienne autant de preuves historiques de l’extermination par des programmes de travail forcé », dit le colonel Colonel Richard Kemp, ancien commandant britannique en Afghanistan qui s’est prêté à des recherches détaillées sur le règne de terreur instauré par les nazis sur l’île.
« Le pouvoir et l’importance historique de Longis Common sont immenses. Tous les travailleurs forcés portés disparus ont pu être enterrés ici et ils peuvent encore s’y trouver. Le secteur entier est donc sacré en leur nom à eux tous. Il leur appartient à tous, il appartient à leurs proches et aux communautés à travers toute l’Europe et au-delà auxquelles les victimes appartenaient. C’est leur ‘coin dans un champ étranger’. On doit le préserver et le protéger pour l’éternité en tant que site de commémoration international », estime Kemp.
Au coeur des craintes de ceux qui s’opposent à l’Interconnexion FAB à travers Longis Common, la certitude que le nombre de prisonniers sur l’île et le bilan final des victimes ont été largement sous-estimés.
Le responsable des renseignements militaires britanniques qui a enquêté après la guerre, le capitaine Theodore “Bunny” Pantcheff, avait suggéré qu’il n’y avait eu que 389 travailleurs forcés et prisonniers qui étaient morts durant l’occupation sur une main-d’oeuvre constituée de 3 000 personnes.
Ses conclusions se basaient sur le nombre de sépultures individuelles de travailleurs forcés à Longis Common et au cimetière de Sainte Anne, la ville principale d’Aurigny. Pantcheff, qui devait partir vivre sur l’île et qui a écrit un récit de l’occupation en 1981, a joué un rôle crucial dans la formation d’un récit officiel qu’il est dorénavant difficile de remettre en doute.
Les chiffres avancés par Pantcheff ne prenaient toutefois pas en compte les multiples témoins oculaires qui se rappelaient des Allemands en train de jeter des corps à la mer depuis les falaises ou de la digue, ou qui les enterraient sur les plages, les laissant parfois sur le sable en attendant que la mer les emmène au large.
Les mêmes témoins avaient fait état de corps jetés dans des sites d’enfouissement, comme dans des tranchées. Alors que la guerre était plus avancée, les Allemands devaient plus tard tenter de couvrir le nombre important de morts à Aurigny en nivelant le terrain à Longis Common.
Les preuves étudiées par le Times of Israel laissent penser que Pantcheff lui-même aurait admis en privé qu’il y avait eu bien plus de morts que ne le suggèrent les registres officiels. Et en effet, des rapports établis par les renseignements britanniques en 1944 ont indiqué que deux fois plus de Russes – 843 – étaient morts sur une période de douze mois que Pantcheff n’avait enregistré de décès sur l’île durant toute l’occupation.
Néanmoins, même les histoires de l’occupation qui ont été publiées au cours de la dernière décennie maintiennent que le nombre de travailleurs esclaves à Aurigny était probablement seulement légèrement supérieur aux dernières estimations de Pantcheff – 4 350 – tandis que le nombre de morts se serait élevé à environ 1 250.
Mais c’est l’ampleur des constructions entreprises par les nazis qui amène dorénavant certains à conclure que la main-d’oeuvre devait être largement plus importante que les chiffres annoncés.
Avec John Weigold, comme lui un ancien officier de l’armée, Kemp a suggéré cet été que « le volume pur et simple des fortifications, des murs et des tunnels dépasse tout ce qui a pu être fait ailleurs sous le troisième Reich hitlérien. Ces travaux énormes n’ont pas pu être réalisés par seulement 4 000 ouvriers ».
Weigold et Kemp estiment que Pantcheff a été « trompé » par les Allemands lorsqu’il a fait son enquête après la libération de l’île.
« Nous savons ce qu’est un interrogatoire et la manière dont des prisonniers vont mentir pour sauver leur peau », écrivent-ils. « Les Allemands qu’il a par ailleurs interrogés ont livré une version hautement édulcorée et préparée à l’avance de ce qui a eu lieu en réalité ».
Jusqu’à 40 000 travailleurs esclaves morts à Aurigny
Pour Kemp et Weigold, ce sont au moins 40 000 travailleurs esclaves qui ont perdu la vie à Aurigny durant la guerre. Leur estimation se base sur la preuve de l’importance de la main-d’oeuvre esclavagisée, la quantité de travaux de fortification réalisés sur l’île, le taux d’usure probable déterminé conformément aux témoignages des rescapés et par rapport aux récits de travaux de construction similaires entrepris en Europe.
L’initiative nazie à Aurigny, en particulier l’ouvrage hautement secret mené par les SS, s’explique, selon Kemp et Weigold, par le fait que les Allemands prévoyaient de placer sur l’île des roquettes V1 et des armes chimiques. Lancés sur la côte sud de l’Angleterre, les armes auraient eu pour objectif de perturber l’invasion Alliée sur l’Europe continentale.
Roberts reconnaît que « le bon sens seulement montre que 3 000 hommes n’auraient pas pu construire les centaines de structures en béton sur toute l’île ».
Il pense que la main-d’oeuvre humaine a dépassé les 30 000 prisonniers et que le nombre de camps sur l’île n’était pas de quatre, mais aurait bien pu atteindre le nombre de 13 (même si certains parmi eux ont pu être temporaires). Il rejette également le taux de mortalité – 13 % – « incroyablement faible » de Pantcheff. Des registres officiels français indiquent que le taux de mortalité dans les camps de la région du Nord-Pas de Calais, qui étaient liés à ceux d’Aurigny, s’élevait à 85 %.
Au niveau historique, la présence de Juifs sur l’île durant l’occupation a également été minimisée, estimée à seulement à quelques centaines.
Roberts pense toutefois que 9 000 pourrait être un chiffre plus réaliste. Et, suggèrent les rapports établis par les renseignements militaires britanniques, ils auraient bien pu constituer à un moment une majorité de la population de prisonniers.
Un grand nombre d’entre eux étaient des Juifs français qui avaient échappé à la déportation immédiate à l’est parce qu’ils avaient épousé des « Aryens » ou qu’ils étaient considérés comme des « mischling » – sang mêlé – par les nazis.
D’autres étaient des membres hautement éduqués de l’élite juive française, avec parmi eux un député parlementaire, des hauts-fonctionnaires, des avocats, des écrivains et des médecins. Ils étaient, établit un rapport datant de 1943 qui était destiné à la police française, « particulièrement harcelés par leurs gardiens ».
Seules huit tombes juives marquées avaient été découvertes à Longis Common à la fin de la guerre, ce qui avait mené un grand nombre de personnes à conclure, comme Bunting, que « seule une poignée de Juifs français ont péri ».
Une remarque qui, elle aussi, semble bien loin de la réalité. Au moins 150 Juifs, par exemple, auraient été tués par les nazis lors de deux séries d’exécutions commises en représailles contre des raids de bombardement alliés qui avaient pris pour cible des villes allemandes. Leurs dépouilles n’avaient jamais été décomptées.
Il est probable que la majorité des 9 000 Juifs travailleurs forcés à Aurigny n’ont pas survécu à l’épreuve
Et il est donc probable, affirme Roberts, que la majorité des 9 000 travailleurs esclaves Juifs n’ont pas survécu à leur calvaire. Comme il le souligne, « nous n’avons connaissance que de deux convois qui ont ramené des Juifs en France : L’un en mai 1944 qui transportait 650 prisonniers, dont certains ont été libérés par la résistance en Belgique plusieurs mois plus tard ».
Pas de justice pour les victimes d’Aurigny
La justice a peu fait en faveur des victimes d’Aurigny. L’enquête de Pantcheff avait conclu qu’en 1945, des « crimes abjects et sans pitié » avaient été commis sur l’île.
Il avait donné les noms de 15 Allemands soupçonnés de crimes de guerre qui se trouvaient incarcérés en Angleterre, et de 31 autres qui étaient dans les zones française, américaine ou britannique de l’Allemagne occupée.
Seuls qutre hommes – un kapo russe et trois Allemands – devaient plus tard être jugés en Union soviétique, en France et en Allemagne de l’est pour les crimes qu’ils avaient commis à Aurigny. Et ainsi, le commandant SS de Sylt, Maximilian List, son adjoint, Kurt Klebeck, et le commandant d’Aurigny, Carl Hoffman, devaient ne jamais rendre des comptes pour leurs crimes hideux.
Aucun des criminels de guerre d’Aurigny tombés entre les mains des Britanniques n’a jamais été traduit en justice. L’Angleterre a longtemps maintenu que, dans la mesure où de nombreuses victimes étaient russes, elle avait donné les preuves qu’elle avait pu réunir aux Soviétiques pour qu’ils puissent eux-mêmes passer à l’action, tout en démentant catégoriquement que les suspects se trouvaient encore sous sa garde.
Soixante-quinze ans après que les premiers travailleurs esclaves sont arrivés à Aurigny, ces mensonges ne peuvent dorénavant plus venir obscurcir une vérité simple.
Comme l’a suggéré plus tard l’un de ceux qui avait souffert entre les mains des nazis sur l’île : « Les Britanniques ne voulaient pas savoir qu’il y avait eu un camp de concentration sur le sol de l’Angleterre ».
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