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Inquiétudes sur le sort de l’Iranienne qui s’est dévêtue en public

La vidéo de la jeune femme en sous-vêtements est devenue virale au cours du week-end, et l'étudiante a rapidement été érigée en nouvelle figure symbolique de la lutte pour le droit des femmes en Iran

Une étudiante iranienne proteste contre le harcèlement en se déshabillant devant son université à Téhéran, le 2 novembre 2024 (Capture d'écran vidéo).
Une étudiante iranienne proteste contre le harcèlement en se déshabillant devant son université à Téhéran, le 2 novembre 2024 (Capture d'écran vidéo).

Les inquiétudes et interrogations s’accroissent concernant l’étudiante iranienne arrêtée après s’être dévêtue en public samedi devant l’université Azad de Téhéran, des militants s’inquiétant de son possible transfert dans un hôpital psychiatrique.

La vidéo de la jeune femme en sous-vêtements, d’abord assise puis marchant lentement devant l’université est devenue virale au cours du week-end, et l’étudiante a rapidement été érigée en nouvelle figure symbolique de la lutte pour le droit des femmes en Iran.

« Je salue le courage de cette jeune femme qui fait acte de résistance et s’est hissée au rang d’icône pour le combat des femmes en Iran, pour le combat des femmes partout où leurs droits sont menacés », a ainsi déclaré le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot sur la chaîne France 2, assurant que l’ambassade de France en Iran suivait « très attentivement » sa situation.

Selon les groupes militants qui ont révélé l’affaire samedi et posté la vidéo, la jeune femme s’est déshabillée en signe de protestation après avoir été harcelée par des agents de l’université estimant qu’elle ne respectait pas le strict code vestimentaire islamique obligatoire. Une autre vidéo la montre violemment embarquée dans une voiture par les forces de sécurité.

L’agence iranienne Fars a confirmé samedi l’incident, assurant que l’étudiante portait des vêtements « inappropriés » en classe et s’était « dévêtue » après avoir été mise en garde « calmement » par les agents de sécurité.

Dans un communiqué inhabituel, l’ambassade d’Iran en France a assuré que « cette étudiante souffrait de certains problèmes familiaux et de condition psychologique fragile » et affirmé que « des signes de comportements anormaux avaient déjà été observés par son entourage ».

Amnesty International a réagi le même jour sur X en réclamant la libération de la jeune femme et a évoqué des « allégations de coups et de violence sexuelle pendant son arrestation ».

Mais l’incertitude règne sur le sort de la jeune femme.

Hôpital psychiatrique

Selon le Centre pour les droits humains en Iran (CHRI, basé à New York), s’appuyant sur des déclarations du porte-parole de l’université Azad, la jeune femme a été « transférée de force dans un hôpital psychiatrique », sans plus d’informations.

Selon le porte-parole de l’université Azad cité par les médias conservateurs, l’étudiante a été remise à la police par les agents de sécurité en raison d’une conduite « immorale ».

« Elle était sous forte pression psychique et souffre de troubles mentaux », selon cette source, indiquant que la jeune femme était séparée de son époux et mère de deux enfants.

Le media IranWire, basé à l’étranger, a indiqué de son côté qu’elle était étudiante en langue française à l’université et n’avait jamais montré de signe de troubles psychiques.

« Les autorités iraniennes utilisent systématiquement l’hospitalisation psychiatrique sous contrainte comme un moyen de supprimer la dissidence et de saper la crédibilité des opposants », a déclaré le directeur exécutif du CHRI, Hadi Ghaemi, dans un communiqué.

L’organisation cite plusieurs cas, comme celui de l’actrice Afsaneh Bayegan et de deux autres actrices qui avaient été jugées « atteintes de maladie mentale » par un tribunal de Téhéran en juillet 2023 après avoir défié les lois islamiques sur le port du voile obligatoire.

Ou celui du rappeur kurde Saman Yasin, arrêté pendant les manifestations du mouvement « Femme Vie Liberté » et hospitalisé de force dans un établissement psychiatrique en juillet 2023.

Lors d’un rassemblement dans le centre de Rome, le samedi 29 octobre 2022, une femme dont le visage est scindé en deux : d’un côté du rouge sang qui dégouline et de l’autre le drapeau de l’Iran, en mémoire à la mort de Mahsa Amini, une femme décédée alors qu’elle était en garde à vue en Iran.(Crédit : AP Photo/Gregorio Borgia )

La prix Nobel de la Paix 2003, l’avocate iranienne Shirin Ebadi, a également affirmé que la jeune étudiante avait été transférée dans un hôpital psychiatrique. « Faire des opposants des gens malades est une méthode éprouvée de la répression », a-t-elle déclaré, assimilant cette stratégie à de la « torture ».

« L’étudiante qui a protesté a transformé son corps en symbole de dissidence », a réagi dans un message sur les réseaux une autre prix Nobel de la Paix iranienne (2023), l’opposante emprisonnée Narges Mohammadi. « Je lance un appel pour sa libération et la fin du harcèlement des femmes », a-t-elle ajouté.

La loi islamique en Iran impose un code vestimentaire très strict aux femmes, sommées de porter le foulard et des vêtements amples dissimulant leurs formes.

Les femmes iraniennes sont à l’origine d’un mouvement de révolte inédit dans le pays après la mort de la jeune Kurde Mahsa Amini en septembre 2022, arrêtée pour ne pas avoir respecté le code vestimentaire.

Le mouvement Femme Vie Liberté a été massivement réprimé par les autorités iraniennes, avec au moins 551 morts et des milliers de personnes arrêtées, selon des ONG.

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